Tunisie - Le Grand Tunis : les dynamiques d’une métropole de la rive sud de la Méditerranée

Situé dans une large baie ouverte sur le golfe de Tunis et la Méditerranée, bordé à l’est par la péninsule du Cap-Bon, le Grand Tunis compte plus de 2,7 millions d’habitants. Pôle politique, économique et culturel dominant du pays, le Grand Tunis est confronté à de profondes mutations. Ses dynamiques posent de nombreux défis d’avenir : étalement urbain et grignotage des riches terres agricoles par l’urbanisation et la périurbanisation, montée de fortes ségrégations socio-spatiales dans une société aux fortes inégalités, littoralisation accélérée des activités et enjeux environnementaux croissants (érosion des sols, fortes pollutions, habitat informel…). Ces défis en font un symbole et un laboratoire des enjeux multiformes auxquelles sont confrontées les métropoles de la rive méridionale de la Méditerranée et, plus largement, des Suds

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Légende de l’image

Cette image de la Tunis, capitale de la Tunisie, a été prise le 26 octobre 2018 par le satellite Sentinel 2A. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution à 10m.

Ci-contre, la même image satelitte présente quelques repères géographiques de la région.

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Présentation de l'image

Le Grand Tunis : premier pôle de commandement de la Tunisie, une agglomération macrocéphale aux multiples centralités

Le Grand Tunis : un site de baie remarquable

L’image présente trois espaces distincts. Au nord-est, la mer Méditerranée et le golfe de Tunis, qui porte le nom de la métropole située au fond de la baie du même nom. Le golfe de Tunis s'étend sur près de 150 kilomètres entre le cap Sidi Ali El Mekki et le cap Rass Adar, ou cap Bon, situé à la pointe nord-est de la péninsule du même nom.

A l’ouest et à l’est de l’image apparait un espace de reliefs de faibles altitudes mais assez bien marqués constitué de collines, coteaux et montagnes – avec le Djebel Ammar à l’ouest et le Bou Kornine au sud-est, c’est un espace agricole au boisement assez net.
Entre les deux ensembles enfin se trouve une plaine littorale qui correspond au fond de la baie de Tunis qui s'étale entre le cap Carthage (Sidi Bou Saïd) au nord et Korbous au sud et qui constitue la partie centrale du golfe de Tunis. Ce site bien protégé accueille le Grand Tunis, ainsi que de nombreuses terres agricoles.

A l’échelle de l’agglomération, l’image offre un contraste saisissant entre les trois zones humides - appelées sebkhas, et protégées par la convention internationale Ramsar - et l’espace urbanisé autour desquelles l’agglomération se développe. Ce sont trois plans d’eau notables, témoins de la porosité entre mer et littoral. Le lac de Tunis est une lagune d’eaux saumâtres derrière laquelle s’est protégé le site originel de la ville et où sont aujourd’hui implantés les équipements portuaires et aéroportuaires de la métropole tunisienne. Les deux autres zones humides protégées par la convention de Ramsar sont les sebkhas de l’Ariana au nord et Sejoumi à l’ouest.

L’image souligne l’importance du littoral en Tunisie, un littoral occupé par les agglomérations les plus importantes du pays et de vastes espaces agricoles. La partie du littoral présente sur cette image montre un espace aux terres agricoles fertiles, aux ressources en eau relativement abondantes, aux infrastructures de transport et de communication plus denses qu’ailleurs dans le pays et qui concentre les espaces économiques dynamiques. 29 % de la population tunisienne occupe cette partie du littoral dans l’espace urbanisé qu’est le Grand
Tunis, mais cette littoralisation des activités et des hommes entraîne un déséquilibre du territoire.

Situation et géohistoire du Grand Tunis : un site littoral défensif

Le littoral, notamment dans sa partie centrale, est constitué d'un long cordon dunaire alimenté au fil des siècles par les sédiments charriés par la Medjerda d'une part et l'oued Miliane d'autre part. Cette étroite bande de terre resserrée entre les vastes lagunes du lac de Tunis et de la sebkha Sejoumi est devenue le point de passage des routes antiques et la présence d’une ville y est attestée, au IXème siècle av. JC, en tant qu’étape ou relais (fondation de Carthage en - 814).

« Tunes » - ancien campement berbère, le terme en berbère indique le « lieu où l’on passe la nuit » - est évoqué par les historiens dès l’époque carthaginoise, lors des guerres puniques et pendant l’époque romaine. Toutefois, le destin de Tunis fut scellé lorsque Hassen Ibn Noômane, vainqueur des Byzantins, dédaigna l’antique site de Carthage - au nord de la baie, trop exposé aux attaques par la mer - pour fonder en 698 une modeste ville : Tunis. Celle-ci valorise un site initial défensif : une colline de 48 m de hauteur, protégée à l’est par une lagune de faible profondeur et à l’ouest par les falaises du Sejoumi.

Cinq siècles durant, c’est Kairouan puis Mahdia plus au sud (hors image) qui remplissent la fonction de capitale. C’est à partir du XIIe siècle que les Almohades font de Tunis la capitale. Elle fut ceinte de remparts dès cette époque et dotée d’un arsenal et d’un port, un canal la reliant à la mer à travers la lagune (Bhira : lac de Tunis actuel). Puis du XIIIe au XVe siècle, sous les Hafsides, la ville de Tunis connut un grand essor urbanistique : les remparts furent complétés par une Kasbah (citadelle).

L’expansion de la ville au-delà de l’enceinte s’amorça dès le XIe siècle, avec l’apparition des faubourgs nord et sud. De simples noyaux ruraux au départ, ces faubourgs prirent un caractère urbain au XIVe et furent alors rattachés à la médina par une enceinte extérieure.

La forte croissance urbaine des XIXe et XXe siècles : recomposition, nouvelle orientation maritime et ségrégations socio-spatiales

Du fait d’une sensible croissance économique et démographique, la ville s’est ensuite progressivement étalée vers le nord et vers l’ouest. Au cours des XIXe et XXe siècles, les Français s’installent prioritairement sur les côtes, occupent et exploitent les plaines littorales. La façade maritime est donc privilégiée, notamment avec la création d’un réseau de communication. En 1880, Tunis comptait près de 100.000 habitants.

Pendant le protectorat français, le centre historique de Tunis fut progressivement doublé par une ville européenne, organisée autour de l’avenue de la Marine, de part et d’autre de laquelle furent édifiées les grandes infrastructures (port, gare, poste, etc.). Cette expansion entraîna un glissement des principales fonctions urbaines de la médina vers la ville coloniale, provoquant une certaine marginalisation de celle-ci. Cette orientation de l’espace vers la mer se fit d’une façon remarquable et cet héritage historique perdure.

Avec la pression démographique liée à l’accroissement naturel et à l’exode rural, la ville poursuit ensuite son étalement en direction du nord faisant des sites les plus anciens, tels que Carthage ou Sidi-Bou-Saïd au nord-est, la banlieue de Tunis. Cette banlieue aisée abrite le palais présidentiel et les résidences de nombreuses ambassades ainsi qu’une partie importante de la population expatriée. Cette banlieue nord témoigne de la ségrégation socio-spatiale à l’œuvre dans le Grand Tunis.

La croissance urbaine se poursuit également vers l’ouest et le sud de l’agglomération, dans des espaces d’habitations populaires voire informelles, participant au mitage urbain des espaces agricoles et viticoles. Le Grand Tunis s’étend désormais de Raoued au nord à el Mourouj au sud, en passant par la Manouba à l’ouest et Radès, le port à conteneurs, à l’est.

Le Grand Tunis : le 1er pôle économique national profondes en mutations : attractivité migratoire, périurbanisation et ségrégation socio-spatiale

S’étendant sur seulement 2 % de la surface du pays et comptant plus de 2,7 millions d’habitants pour une population nationale de 11 millions d’habitants (25 % pop. totale), le Grand Tunis a une densité moyenne de 1.350 habitants/km2 répartis en quatre gouvernorats : Tunis, Ben Arous, Ariana et Manouba

La polarisation des fonctions politiques et de gestion et d’encadrement de l’économie nationale fait de Tunis la grande métropole du pays. Le Grand Tunis concentre 830.000 emplois, soit 25 % de l’effectif national et 62 % des emplois de la Région du Nord-Est. Les emplois de services (services publics, sièges sociaux des fonctions de gestion, services aux personnes…) y pèsent d’un poids considérable avec 65 % des emplois, contre 30 % dans l’industrie manufacturière et 5 % dans l’agriculture. Tunis polarise ainsi 33 % des emplois tunisiens des services et 72,5 % de ceux du Nord-Est.

A l’opposé, les mutations de l’économie métropolitaine, l’insertion croissante dans la mondialisation et l’accélération des transferts d’activités se traduisent par une sensible érosion du poids relatif des emplois industriel qui dans le Grand Tunis tombent de 54 % en 1975, à 40 % en 1979, puis 27 % en 1989.

Aux transformations de l’économie métropolitaine répondent des dynamiques urbaines spectaculaires caractérisées par trois grandes composantes : explosion des migrations, forte poussée de la périurbanisation et sensible renforcement des ségrégations socio-spatiales.

Alimentés par l’exode rural et l’affirmation croissante de Tunis au sommet de la hiérarchie urbaine nationale, les phénomènes migratoires ont toujours marqué l’agglomération du Grand Tunis qui subit les effets des déplacements massifs des populations à la recherche d’emplois et d’amélioration de leurs conditions de vie. Les gouvernorats du Grand Tunis - qui constituent une région à part entière - représentent actuellement plus de 20 % de la population totale, plus de 30 % de la population urbaine du pays et plus de 55 % des migrants de l’ensemble de la Tunisie. En fait, l’espace migratoire de cette région constitue le décalque de l’espace migratoire national et le principal pôle d’attraction.

Pour autant, loin d’être homogène, l’espace du Grand Tunis connaît selon ses territoires des trajectoires contrastés. En zone centrale, le gouvernorat de Tunis perd des habitants (- 27 200 mouvements) alors que les trois autres gouvernorats qui l’entourent totalisent 1,4 million d’habitants et sont en forte croissance démographique comme l’Ariana (+ 38.896), Ben Arous (+ 37.000) et Manouba (+ 10.000). Ce phénomène s’explique par un important processus d’étalement urbain lié aux mutations socio-économiques et urbaines du centre-ville et à la spécialisation de la côte nord principalement dédiée au tourisme.

Le gouvernorat de Tunis : un centre historique attractif malgré un relatif dépeuplement

Du lac de Tunis à l’est à la sebkha Sejoumi à l’ouest jusqu’aux sites antiques de la banlieue nord, se trouve l’espace urbain central qui constitue le noyau historique de l’agglomération. Il polarise un million d’habitants, soit 41 % de la population du Grand Tunis et 10 % de la population nationale. Mais il connaît aujourd’hui le taux de croissance annuelle le plus faible (+ 0,3 %/an). Cet espace métropolitain central constitue, en termes administratifs, le gouvernorat de Tunis.

La population du gouvernorat de Tunis augmente plus faiblement que celle des trois autres du gouvernorat composant le Grand Tunis. Elle a connu une décroissance de - 0,71 % durant la période 2004-2014, une rupture majeure d’avec les trois décennies précédentes durant laquelle la croissance était supérieure à 1 %.

Cette situation s’explique par le dépeuplement graduel du noyau central qui a perdu la moitié de sa population du fait du départ des populations du centre vers les périphéries. Deux phénomènes majeurs expliquent ces départs : la transformation des logements en bureaux d’un côté et la dégradation du bâti résidentiel peu ou mal entretenu de l’autre. La plupart des délégations du Gouvernorat de Tunis, ou quartiers, ont enregistré des soldes migratoires négatifs, c’est en particulier le cas de la Médina (- 28 000 hab.). La population préfère s’installer dans les nouveaux quartiers résidentiels de la périphérie, sur les gouvernorats de Manouba, Ben Arous et de l’Ariana.

Le centre de Tunis : symbole des questions et enjeux d’une ville durable

A elle seule, les transformations de la vieille médina cristallisent un certain nombre d’enjeux majeurs urbains, socio-économiques et environnementaux et posent la question de la durabilité d’un modèle de croissance fragile et déséquilibré.

Dans la médina de Tunis, plusieurs demeures et bâtiments d’intérêt architectural ou historiques au fort intérêt patrimonial sont en effet dans un état avancé de délabrement et de dégradation du fait de l’absence d’entretien régulier. A ceci s’ajoute l’explosion du trafic routier qui sature la zone centrale et le non-respect de certaines règles de voisinage qui augmente régulièrement la pollution sonore dans plusieurs endroits de la capitale et de ses environs. Enfin, la forte croissance des quantités de déchets produites dans une agglomération urbaine en développement mais dans laquelle les services afférents sont souvent déficients entraine la multiplication des dépôts d’ordures sauvages dans le tissu urbain.

Dans ce contexte, trois espaces privilégiés à fortes composantes naturelles sont soumis à de très fortes pressions : la Sebkha de Sejoumi, les forêts de Sidi Daoud et de Gammarth et littoral du golfe de Tunis. La Sebkha de Sejoumi a subi de sérieuses dégradations suite aux empiètements successifs sur ses berges et aux différentes extensions urbaines et industrielles alors qu’elle constitue également dans plusieurs endroits un réceptacle d’ordures de tout genre. De même, les espaces forestiers, assez limités donc très convoités, sont régulièrement menacés par l’expansion urbaine et le développement touristique : c’est le cas des forêts de Sidi Daoud et de Gammarth. Enfin, plusieurs tronçons du littoral du golfe de Tunis subissent de sérieuses formes de dégradation et d’érosion comme en témoignent les plages situées dans les banlieues balnéaires de la Goulette, Le Kram, Carthage, Sidi Bou Said.

Au sud, le gouvernorat de Ben Arous : les terres agricoles confrontées à la périurbanisation

Au sud du centre-ville, la disponibilité en réserves foncières a donné naissance à de nouveaux quartiers résidentiels. Ces quinze dernières années, le gouvernorat de Ben Arous a connu un bilan migratoire positif (+ 26.600 hab. entre 2009-2014). Pour autant, à l’échelle locale, de fortes différences de trajectoires apparaissent.

Ainsi, les plus anciens centres urbains de la banlieue résidentielle sud du Grand Tunis que sont Hammam-Lif, Mégrine et Ben Arous s’avèrent répulsifs comme en témoigne leur solde migratoire. Ceci est dû à la dégradation du bâti et de l’environnement comme le cas Hammam-Lif qui a perdu sa fonction balnéaire du fait de la disparition de sa plage.

A l’opposé, les quartiers d’El Mourouj, El Madina Jadida et Boumhel El Bassatine s’avèrent des espaces attractifs. La multiplication des opérations urbaines y favorise les migrations résidentielles de populations quittant le centre historique et la première couronne pour s’installer dans ces nouveaux quartiers périurbains. Ces espaces jouent un rôle important dans la dynamique des flux migratoires dans la périphérie méridionale du Grand Tunis.

Sur le plan environnemental le gouvernorat de Ben Arous présente une situation assez complexe. En effet, le rythme d’urbanisation y a été très rapide et dépasse les prévisions des planificateurs, ce qui engendre plusieurs dysfonctionnements.

Plusieurs zones urbaines construites dans des terrains inondables sont régulièrement menacées par les inondations suite à des apports importants d’eau en provenance des bassins versants limitrophes. Cette partie littorale du Golfe de Tunis est souvent fortement polluée par les rejets d’eaux de ruissellement, d’eaux traitées et d’eaux brutes souvent polluées. Plusieurs unités industrielles installées dans les zones industrielles adjacentes continuent à déverser des rejets polluants en pleine nature et dans l’un des principaux oueds de la région, l’Oued Meliane. Alors que les stations d’épuration de la région sont saturées, les eaux de la nappe profonde de la plaine de Mornag - qui constitue la principale zone agricole de la région et est un espace grignoté par la périurbanisation - sont largement surexploitées et menacées par l’infiltration des intrants chimiques et phytosanitaires utilisés par les agriculteurs.

Au nord, le gouvernorat de l’Ariana : un espace dynamique et attractif

Cet espace, qui s’étire du lac de Tunis jusqu’au-delà de la sebkha de l’Ariana, connaît le solde migratoire positif le plus élevé du Grand Tunis. La disponibilité d’importantes réserves foncières dans ces espaces périphériques a permis l’aménagement de plusieurs ensembles résidentiels par les promoteurs immobiliers publics et privés. Par ailleurs, l’urbanisation non réglementaire a donnée naissance à de nombreux quartiers d’habitat spontané, surtout autour de la Sebkha de l’Ariana.

Les espaces les plus attractifs sont situés autour de la Soukra, Raoued et Mnihla. Ces délégations connaissent des problèmes environnementaux liés en particulier à une extension urbaine excessive généralement réalisée aux dépens des terres agricoles dans une zone plane à la proximité de Sebkha et de la zone littorale de Raoued. C’est une zone propice à la propagation de l’urbanisation spontanée et illégale. Le coût élevé des terres urbaines aménagées a poussé les migrants à construire dans des zones menacées par les risques d’inondation.

La mise en place de la station d’épuration des eaux usées à Chotrana, dont le trop plein se déverse dans des canalisations ouvertes sur le littoral de Raoued ou dans la sebkha, a engendré des problèmes environnementaux. La déficience de la collecte des déchets solides dans les cités de l’habitat spontané à proximité de la sebkha se traduit par la multiplication de décharges anarchiques autour de la Sebkha qui contribuent à sa détérioration et aux déséquilibres de son écosystème.

Enfin, l’érosion menace sérieusement les terres agricoles du gouvernorat du fait des lessivages des sols lors des grands et violents épisodes pluvieux méditerranéens. Des travaux d’aménagement ont été réalisés sur les pentes afin de protéger les terres agricoles et les habitations situées en aval, mais ces derniers n’ont pas permis d’enrayer ce problème. L’érosion concerne également la partie littorale du gouvernorat. Les installations portuaires de Ghar El Meleh et de Kalâat El Andalous, situées au nord du golfe de Tunis (hors image), ont fortement perturbé le transit sédimentaire et donc l’alimentation régulière de la dune bordière en sable.

A l’ouest, le gouvernorat de la Manouba : une région agricole attractive malgré un faible solde migratoire

Le gouvernorat de la Manouba possède le plus faible solde migratoire du Grand Tunis. Ce nouveau gouvernorat, créé en 2000, est considéré comme étant la région agricole par excellence (viticulture, oliviers, primeurs…). Il connaît lui aussi une forte expansion de l’urbanisation réglementaire mais également de l’urbanisation anarchique aux dépens de terrains agricoles.

Sur le plan environnemental, l’arrivée massive de population au cours des deux dernières décennies, plus particulièrement dans sa partie orientale, a favorisé une expansion non réglementaire de l’urbanisation et l’apparition de quartiers anarchiques en particulier après le 14 janvier 2011 et la chute du régime de Z. Ben Ali.

Là encore, la surexploitation des terres agricoles et l’utilisation abusive des intrants chimiques et pesticides favorise les risques de pollution des sols et des eaux des nappes phréatiques et profondes. Les rejets solides et liquides ont engendré la prolifération de dépotoirs sauvages dans l’ensemble de cet espace.

Métropolisation et aménagement du Grand Tunis depuis les années 1990

Depuis les années 1990, la métropolisationne du Grand Tunis s’est accompagnée du lancement de grandes opérations d’aménagement qui reconfigurent les dynamiques spatiales de l’agglomération.

La création d’échangeurs et de voies de contournement du Grand Tunis et du pont de Radès, qui relie désormais les deux banlieues nord et sud de Tunis, ainsi que le renforcement des infrastructures portuaires, avec la création du complexe Radès-La Goulette, montrent que l’Etat a centré son intervention sur des équipements et des infrastructures nécessaires, non seulement aux mobilités, mais aussi aux flux permettant un rayonnement international. Afin de faire de Tunis un pôle international d’influence régionale et internationale, l’Etat mise sur l’amélioration de ses facteurs de compétitivité en équipant les agglomérations en infrastructures, en industries et en services de haut niveau.

Ainsi, des opérations urbaines à connotation prestigieuse – comme les berges du Lac-Nord de la SPLT (1.600 ha) et des berges du Lac-Sud de Sama Dubai (1.000 ha) et plus récemment la Sport City de Bukhatir - ont été programmées au nord du Grand Tunis grâce aux financements de Fonds des Emirats Arabes Unis. En effet, outre les investissements publics, l’État a cherché à attirer les investissements étrangers, en particulier ceux des pays du Golfe et ce, dès le début des années 1980. Ces projets représentent une véritable « vitrine métropolitaine » pour Tunis et ont induit une profonde reconfiguration de la centralité du Grand Tunis en orientant l’extension urbaine vers une périphérie littorale jusque-là occupée par des plans d’eau non-assainis, une agriculture maraîchère et des quartiers populaires d’habitat spontané.

L’ouverture économique de la Tunisie au début des années 1990 et le retour des logiques libérales ont induit la mise en place d’une politique de réformes et de restructuration de tous les secteurs, dont les politiques urbaines, afin qu’elles deviennent le support d’une nouvelle compétitivité économique. Le Schéma directeur d’aménagement du territoire national (SDATN) renforce alors le choix de l’État tunisien d’un développement sélectif et différencié, orienté vers le métropolisation des trois plus grandes villes tunisiennes, et tout particulièrement Tunis qui doit jouer le rôle de métropole internationale.

La métropolisationne du Grand Tunis se marque donc dans les dynamiques urbaines de la périphérie nord. A côté des banlieues aisées de Carthage et de La Marsa se développent un mitage anarchique dans lequel se multiplie les quartiers fermés réservés aux plus riches comme sur le bandeau littoral de Gammarth, témoignant de la forte ségrégation socio-spatiale de ces nouveaux espaces. Cette métropolisationne émergente est renforcée par un certain nombre de grands projets urbains, tel le centre tertiaire d’El Hsayène sur la plage éponyme, à proximité de Raoued. D’une superficie de plus de 500 ha., il accueille un centre financier, des activités commerciales, un pôle universitaire et son parc technologique, des ensembles résidentiels et touristiques (marina, port de plaisance, golf). Ce mégaprojet, parmi d’autres, illustre la volonté de faire du Grand Tunis une métropole internationale de plus en plus branchée sur une certaine mondialisation.


Zooms d'étude


La sebkha de l’Ariana, un espace marqué par l’étalement urbain et la ségrégation socio-spatiale


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Deux espaces qui ont vu un déséquilibre de leur écosystème du fait de l’étalement urbain et du mitage par des quartiers spontanés et un habitat non réglementaire : Ariana et Sejoumi.

Un espace naturel sous pression

La sebkha de l’Ariana est une zone humide littorale du fond du golfe de Tunis. Elle est située au nord de la ville de Tunis et au pied du cap Gammarth. Elle appartient à la plaine de Soukra-Choutrana. Depuis les années 1970, la sebkha de l’Ariana a commencé à subir les conséquences d’une forte urbanisation des sols qui la bordent. Ces changements ont influencé les dynamiques de la sebkha au point de rompre son équilibre naturel.
 
Le niveau de l’eau de la sebkha change selon les saisons et les années. En période estivale, suite à une forte évaporation et en l’absence d’un apport des oueds, le niveau d’eau de la sebkha diminue. En période hivernale, aux apports domestiques s’ajoutent les apports pluviaux des routes, des stations d’épurations limitrophes et des oueds. Pendant cette période, la sebkha de l’Ariana est aussi en partie alimentée par des apports marins.

Cependant, un intérêt particulier a été accordé à ce milieu et des études ont été conçues surtout après la création de l’APAL, l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral, en 1995. Des choix stratégiques qui visent à concilier protection du milieu naturel et valorisation de la zone ont été adoptés et une étude d’assainissement et d’aménagement de la sebkha a été réalisée depuis les années 2000. Mais ce mouvement d’assainissement, au moins jusqu’à présent, ne concerne qu’un nombre limité de quartiers de ses rives.

Extension urbaine et recul des terres agricoles sur les rives de la sebkha

L’Ariana, appelée souvent « Madinet Al Ward » ou « ville des roses », et sa plaine ont été depuis l’époque médiévale fortement appréciées par la population. Durant les XVIIIème  et XIXème siècles, la ville de l’Ariana a préservé sa vocation d’espace de plaisance et de villégiature de la population aisée (émirs et beys). Les familles et les visiteurs s’y rendaient lors de la saison printanière. Ainsi, jusqu’aux années 1970, les rives de la sebkha étaient essentiellement à vocation agricole et de loisirs et les plans d’aménagement urbains ont tous insisté sur la nature agricole de l’Ariana Nord.

L’essor de l’urbanisation anarchique informelle autour de la sebkha de l’Ariana s’est envolé durant la deuxième moitié des années 1970 aux dépens des terres agricoles basses et fragiles. Pendant cette période, l’Etat a choisi de construire des « cités de recasement » à la place des « gourbivilles », une politique urbaine en faveur des classes moyennes. Des lotissements ont été réalisés de manière légale par des entreprises immobilières privées ou coopératives. En fait, l’extension urbaine s’est faite aux dépens des zones agricoles et a laissé de nombreux espaces interstitiels. Ces espaces ont attiré les lotisseurs privés soucieux de profiter de l’infrastructure, même sommaire, créée par les pouvoirs publics. En conséquence, les classes les plus défavorisées étaient obligées de recourir à l’habitat spontané, car les logements produits étaient chers et donc inaccessibles aux classes les plus pauvres. L’inadéquation entre l’offre et la demande de logements et l’impossibilité d’accès aux terrains aménagés par le secteur organisé expliquent aussi l’extension de l’habitat spontané à l’Ariana Nord.

Sur les rivages du plan d’eau se développèrent les premiers noyaux de Borj Louzir et Aïn Zaghouan, autour de noyaux d’habitat de type rural. Puis, des lotisseurs clandestins ont vendu hâtivement et en dehors de tout cadre légal des lots de terrains dans les petits fonds d’oueds situés à l’Ariana Nord en direction de la plaine et de la sebkha et sur le versant est de Djebel Nahli ainsi que dans la zone inondable de Jâafar-Raoued. Le manque d’équipement, l’absence de raccordement au réseau électrique, à l’eau potable ou à l’assainissement contribuent à augmenter la précarité des habitations.

Aujourd’hui, l’image montre la progression d’un front urbain continu dans la plaine nord de l’Ariana sur les versants environnants et les fonds de vallées exposés à de fréquentes inondations. Un autre front se densifie au nord-est, au niveau de la côte nord, avec, à l’ouest les quartiers résidentiels et sur la côte la zone touristique de Gammarth-Raoued. Dans plusieurs endroits, les sections des oueds se trouvent envahies par les constructions qui jouent le rôle d’obstacles et empêchent l’écoulement naturel des cours d’eau vers la plaine et la sebkha.

Des années 1980 à 2010, la superficie du bâti qui a progressé de 250 % aux dépens des terres agricoles dont près de la moitié ont disparu durant la même période. Plusieurs parcelles maraîchères ont été transformées en des lots d’habitat marquant ainsi, malgré la loi de protection des terres agricoles situées en périmètre irrigué, la progression forte du mitage urbain.



la sebkha Sejoumi, entre urbanisation anarchique et protection


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Située à l’ouest du centre de Tunis, la sebkha Essijoumi est l’une des trois zones humides du Grand Tunis avec la sebkha de l’Ariana et le lac de Tunis. Elle est inscrite, à l’image des autres zones humides du Grand Tunis, sur la liste "Ramsar" relative aux zones humides d'importance internationale. Les rives de la sebkha sont devenues un espace attractif pour les populations et les activités industrielles. Le site de la sebkha - fragile et fragilisé - a souffert d’une croissance démographique soutenue accompagnée par une urbanisation le plus souvent non réglementée et anarchique. La pression anthropique sur cet espace a engendré là encore une forte dégradation de son environnement.
 
Historique de l’urbanisation des rives de la Sebkha

Pendant la période coloniale, dans les années 1920-1930, la zone de la sebkha était d’abord une région de visites de deux marabouts qui protègent le site, en l’occurrence Sidi Hassine Essijoumi et Saida Manoubia, ainsi que d’une zone d’habitat anarchique.
Cet espace a ensuite connu une urbanisation rapide qui s’explique par la crise économique qu’a subi l’agriculture tunisienne sous le protectorat français durant les années 1930 et qui a entraîné un important exode rural. Les nouveaux arrivants se sont alors installés sur les rives de la Sebkha sur des lieux non habitables, inondables et insalubres. Cette population d’émigrés a formé le noyau des occupants des premiers bidonvilles ou « gourbivilles » de la capitale qui n’ont cessé de s’étendre à l’instar des quartiers populaires de Mellassine et Saida Manoubia (75.000 personnes entre 1936 et 1956).

Le quartier de Sidi Hassine Essijoumi, situé sur la rive ouest de la sebkha, est un bon exemple de cette urbanisation anarchique. En effet, le toponyme de ce dernier dérive du nom du marabout de Sidi Hassine. Son noyau n’a commencé à se développer qu’à partir du milieu des années 1970. Il ne comptait que 2.500 habitants en 1975. Mais la population du quartier explose en passant de 50.000 à 110.000 habitants entre 1984 et 2014, soit un accroissement annuel d'environ 4 %. La croissance urbaine s’est réalisée depuis le début des années 1970 d’une manière spontanée et incontrôlée engendrant un gaspillage des terrains agricoles de haute fertilité et une détérioration de l’environnement.

Dégradation de l’environnement de la sebkha et mesures de protection

Cet espace naturel est aujourd’hui enserré dans un tissu urbain dense. Environ 510.000 habitants, soit 48 % de la population du gouvernorat de Tunis, résident sur les berges de la sebkha Sejoumi, dans des quartiers réputés être difficiles et marginalisés, comme autour de Sidi Hassine, Ezzouhour, El Ouardia, Kabaria et Fouchana.

Ce plan d’eau, qualifié officiellement de “catastrophe environnementale”, se trouve enclavé par des infrastructures routières importantes et un tissu urbain dense. Il est confronté à deux problèmes environnementaux majeurs : un dysfonctionnement du système hydrologique et l’existence sur ses rivages d’au moins 49 décharges de déchets anarchiques.

La pollution de la sebkha est provoquée principalement par l’action humaine : des dizaines de canalisations ont été installées de façon anarchique pour y rejeter les eaux usées d’origine domestique et industrielle parallèlement aux eaux de pluie qui sont déversées dans la sebkha par de nombreuses rivières de la région affectant ainsi son écosystème. Sans lien avec la mer et sans exutoire, la sebkha Sejoumi est devenue un déversoir et un plan d’eaux polluées favorisant la prolifération des moustiques et dégageant des odeurs nauséabondes, notamment en été.

Dans le cadre de l’aménagement du Grand Tunis, des objectifs ambitieux pour un cadre de vie durable ont depuis été fixés. Une étude de mise en valeur et d’aménagement de la sebkha réalisée par le Ministère de l’Equipement et de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire s’est fixée trois objectifs majeurs pour la valorisation de ce plan d’eau : protéger la zone contre les inondations, dépolluer la Sebkha et la réconcilier avec son environnement humain et naturel en en faisant un espace de mixité sociale.

Espace de biodiversité protégé, l’étude propose un programme spécial pour la sauvegarde des dizaines de milliers d’oiseaux, dont les grands flamands roses, qui y élisent domicile selon les saisons.

Lors d’un point de presse en juin 2019, le Ministre de l’Equipement a annoncé que les études sont avancées et qu’il bénéficiera dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) d’investissements étrangers, dont ceux de la Finlande, de la Turquie ainsi que du Japon à travers l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). L’investissement dans ce projet, d’un coût estimé à 330,3 MD, sera réalisé dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) pour qu’il soit plus rentable, à l’instar de celui de lac de Tunis qui a été aménagé dans le cadre d’un PPP, rappelant que le lac de Tunis était, au cours des années 1980 dans un état environnemental dégradé.



Le lac de Tunis : les aménagements d’une métropole internationale émergente


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Les aménagements réalisés autour du lac de Tunis témoignent de la volonté de faire de Tunis une métropole émergente de rang international. A l’opération urbaine des Berges du Lac répond la modernisation des ports de la Goulette et de Radès et de l’aéroport, des infrastructures de transport vitales vers l’international.

Des infrastructures de transport permettant l’insertion régionale et mondiale

Au nord du lac se trouve l’aéroport international de Tunis-Carthage. Il fait partie des neuf aéroports internationaux du pays qui, en 2014 ont accueilli plus de 11 millions de passagers (+ 4 % sur un an), dont 95 % sur les quatre premières plateformes : Tunis-Carthage, Enfidha, Djerba et Monastir. L’extension de l’aéroport de Tunis-Carthage est prévue et doit porter sa capacité de 5 à 10 millions de passagers en deux étapes : l'extension du terminal actuel et la construction d’un nouveau. Les négociations avec l’Union européenne sur l’Open Sky, décidées dès 2013, sont toujours en cours.

Le complexe Radès-La Goulette correspond à l’espace portuaire. La Goulette - située sur le cordon littoral nord séparant le lac de Tunis de la mer Méditerranée et gardant à l’origine l’accès au lac de Tunis - a joué un rôle historique militaire important puis est devenu un port de commerce, de pêche et de plaisance. Il est aujourd’hui exclusivement un port de pêche et de transport de voyageurs, en ayant perdu sa fonction commerciale au profit de Radès, un complexe situé à environ dix kilomètres au sud.

Radès est le 1er port de commerce et est doté d’une importante zone industrialo-portuaire située sur le cordon littoral sud du lac de Tunis. Il est spécialisé dans le trafic de conteneurs (300 000 EVP en 2018) et le transroulage. Comme dans beaucoup de pays émergents, le transport maritime concentre l’essentiel du commerce international de la Tunisie, ce qui donne aux ports, à celui de Radès en particulier, un rôle essentiel dans la structuration du territoire aux échelles nationales et locales. En particulier du fait de la concentration des réseaux terrestres tunisiens le long du littoral et autour des ports, concentration qui fait cependant de ces derniers des goulets d’étranglement. La faiblesse de la desserte des arrière-pays est un handicap et ne permet pas le développement du transport multimodal. Les flux alimentaires et de produits manufacturés à forte valeur ajoutée dominent dans le sens Nord-Sud et les vracs (ex: phosphates) dans le sens Sud-Nord.

Ainsi l’espace portuaire du Grand Tunis connaît une croissance du trafic et un élargissement son avant-pays maritime. Mais son dynamisme se heurte en Tunisie même à des réseaux de communication insuffisants avec l’arrière-pays débouchant sur une intégration territoriale régionale limitée. Dans ce contexte, le renforcement de cet espace portuaire suppose la réalisation de nombreux projets d'aménagement (zone d’activité́ logistique, création d’un terminal à conteneurs à Radès…). Mais ces projets semblent  insuffisants pour faire du port du Grand Tunis le  grand hub régional, ou sous-continental, voulu par la Tunisie qui a  ainsi prévu un mégaprojet du port en eaux profondes à Hergla dans la zone d’Enfidha au sud (hors image), projet pour l’instant à l’arrêt.

Les Berges du Lac, un nouveau quartier mondialisé sur le modèle des gated communities ?

Les rives du lac de Tunis sont occupées par des lotissements résidentiels et des quartiers aisés composés d’immeubles commerciaux et financiers internationaux, d’espaces de loisirs ainsi que de centres commerciaux modernes abritant des boutiques de marques internationales donnant ainsi le sentiment d’un certain luxe. Décidé dans les années 1980, l'aménagement du Lac de Tunis dans sa partie nord vit ainsi naître l’opération “Les Berges du Lac”, qui constitue une extension urbaine du centre de Tunis et se veut l’image du Tunis de demain.

On y assiste à la multiplication de quartiers résidentiels fermés, marqueurs du processus de ségrégation socio-spatiale en cours dans l’agglomération. Ainsi, depuis les années 1980, les Berges du Lac constituent un espace commercialisé convoité par les familles bourgeoises les plus riches. Le prix du foncier y est très élevé, il dépasse parfois les 1.000 DT/m2. Aujourd’hui le Lac est le nouvel endroit habité et fréquenté par la haute société tunisienne à l’image de la résidence ‘’Oasis’’, dans laquelle gardiens, barrières d’accès automatiques, clôtures et voies privées garantissent aux habitants la sécurité désirée, une structure urbaine qui rappelle la diffusion mondiale, en particulier dans les pays émergens, du modèle des gated communities des Etats-Unis.

Ce quartier abrite aussi des fonctions urbaines internationales. On y trouve dans les grands immeubles des fonctions urbaines variées : de nombreuses institutions de très haut niveau (ambassades, délégations internationales, Croix Rouge, représentation de l’Union Européenne), des sièges sociaux d’entreprises haut de gamme spécialisée dans les activités financières.

Cet espace est également un pôle commercial à rayonnement métropolitain, régional et même national notamment avec deux centres commerciaux d’envergure : le « Lac Palace » et la galerie commerciale de la résidence de luxe « Le Carré du Lac ». Ils polarisent autour d’eux une forte concentration de boutiques de luxe de marques étrangères, essentiellement européennes et américaines.

Le modèle spatial correspond donc au basculement du peuplement et des activités économiques sur le littoral, en lien avec l’extraversion de l’économie nationale en particulier en direction de l’Europe : plus de 60 % des échanges de la Tunisie se font avec l’Union européenne, d’où une situation de forte dépendance économique vis-à-vis de cette dernière. Cette insertion dans la mondialisation, qui s’accompagne d’une littoralisation accrue de l’économie grâce aux nombreuses ressources et opportunités des zones côtières, entraînent également une exposition accrue aux pollutions, nuisances et autres dégradations résultant du développement de multiples activités économiques et aux flux migratoires qu’elles génèrent.


Ressources complémentaires

Habid Dlala, « L’émergence métropolitaine de Tunis dans le tournant de la mondialisation », Méditerranée, 116 | 2011, 95-103.

Hamadi Tizaoui, « La métropolisation de l’industrie tunisienne et le décrochage industriel des régions intérieures  », Méditerranée, 124 | 2015, 73-84.

Olivier Legros & Hend Ben Othman, “Tunis”, Marges et Villes, entre exclusion et intégration, cas méditerranéens, 2011.

Ridha Lamine, « Croissance démographique et dynamiques migratoires récentes des grandes villes tunisiennes », Les Cahiers d’EMAM, 16 | 2008, 51-75.

Morched Chabbi, Hassen Abid, La mobilité urbaine dans le Grand Tunis, 2008.

Hervé Gazzl, Dominique Harre, François Moriconi-Ebrard ; L’urbanisation des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, 2011.

Amara, Mohamed, Mohamed Kriaa, et Makram Montacer. « Centralité des activités dans la région urbaine de Tunis (1994-2004) », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, vol. juin, no. 3, 2010, pp. 473-509.

Charlotte Jelidi, « Les médinas à l’époque contemporaine (XX-XXIe siècles) : oscillations entre patrimonialisation et marginalisation ? », Appel à communication : Métamorphoses des sociétés : « inégalité – inégalités », Alger, 13-14 février 2015.

Walid Chouari, « Occupation des sols et morphodynamique récente dans le bassin versant de la sebkha de l’Ariana (Tunisie Nord-orientale) », Confins, 24 | 2015.

Krimi Kemaies, « Aménagement urbain : de belles corniches à sebkha Sejoumi », Kapitalis, Tunis, 20/12/ 2018

Fatima Zohra Moahmed-Chérif, César Ducruet, « Les ports et la façade maritime du Maghreb, entre intégration régionale et mondiale », M@ppemonde, n°101, janvier 2015

Dounia Ben Mohamed, « Innovations, la montée en puissance de la Tunisie ? », Le Point Afrique, 7 octobre 2019, Tunis.

Franck André, « La Tunisie, malade de ses infrastructures », L’Antenne, les transports au quotidien, 25 avril 2016.

Office de la Marine marchande et des ports, « statistiques Import-Export 2019 ».
 

Contributeurs

Frédérique Guinet et Hedi Louati, Lycée Pierre Mendès France, Tunis

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