Mauritanie - La côte Nord et le Banc d’Arguin, entre préservation des milieux littoraux et exploitation des richesses du sous-sol

La côte septentrionale de Mauritanie se caractérise par deux phénomènes majeurs. Elle est longée par un courant froid, le courant des Canaries, qui lui vaut d’être dotée des caractéristiques climatiques qui sont celles des déserts côtiers – humidité de l’air mais très faible niveau de précipitations. Le désert mauritanien constitue la terminaison occidentale du Sahara, dont il ne se distingue pas sur le plan des paysages. Ce courant froid se traduit par une exceptionnelle richesse halieutique. Le littoral est essentiellement peuplé par des Imraguen, groupe de population appartenant à la société maure et qui est spécialisé dans la pêche. Ce riche espace maritime aux abondants stocks de poissons est menacé depuis une quinzaine d’années par l’exploitation du pétrole en mer et par l’importante mine d’or de Tasiast, au nord-est du Parc national du Banc d’Arguin. Sur la route goudronnée qui longe la bordure orientale du Parc, à mi-chemin entre Nouakchott et Nouadhibou, la ville nouvelle de Chami est aussi une ville de colons liée à l’exploitation artisanale de l’or.

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Légende de l’image

Cette image de la côte septentrionale de Mauritanie  a été prise le 18 novembre 2020 par le satellite Sentinel 2A. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution à 10m.


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Repères géographiques

Présentation de l’image globale

Un Sahara maritime paradoxalement humide et hyperaride

Le désert côtier mauritanien présente la particularité de constituer la terminaison occidentale du Sahara tout en présentant les caractères spécifiques des déserts littoraux. En effet, la côte de Mauritanie – comme aussi celle du Sahara Occidental vers le nord – est longée par un courant froid qui lui confère un climat à la fois humide, relativement frais et pourtant hyperaride sur une bande de quelques dizaines de kilomètres de largeur. Cette spécificité avait amené Robert Capot-Rey à noter dans Le Sahara français (1953) que « seule la province atlantique présente ce caractère original d’allier un état hygrométrique élevé à une pluviométrie très déficiente ». La présence de ce type de désert sur les côtes du Sahara Occidental et de la Mauritanie est moins spectaculaire qu’en Namibie ou au Chili car il ne se distingue pas du reste du Sahara sur le plan des paysages.

Ces derniers sont marqués par une faible altitude et l’absence de reliefs marquants ainsi que par l’omniprésence du sable. Deux grands massifs dunaires parallèles, l’Azafal et l’Akchar, d’orientation nord-est/sud-ouest, traversent toute la partie nord-ouest de la Mauritanie avant de venir mourir sur la côte de l’Océan atlantique. Ils se rattachent alors à un erg de moindre importance, l’Agneitir, et c’est ainsi un véritable mur de sable qui borde directement le littoral dans la partie sud du Parc national du Banc d’Arguin.

Pour comprendre les effets du courant froid - le courant des Canaries - sur l’espace côtier, il faut le replacer dans le contexte global de la circulation des masses d’air dans la zone intertropicale. Au niveau du Tropique Nord, l’air s’échappe à la partie inférieure de l’anticyclone sous forme d’un vent chaud et sec qui est connu sous le nom d’harmattan. Celui-ci constitue le début de l’alizé de l’hémisphère nord qui ramène l’air saharien vers l’équateur. Le long du littoral atlantique, ce vent de direction nord-est/sud-ouest repousse les eaux chaudes de surface vers le large, ce qui permet aux eaux froides de profondeur d’atteindre la surface, renforçant ainsi le courant des Canaries qui baigne ces côtes.

Celui-ci - comme le courant de Humboldt le long des côtes du Chili et du Pérou, celui de Benguela sur le littoral de la Namibie et - dans une moindre mesure - le courant de Californie en Amérique du Nord, est ainsi alimenté par une remontée d’eau froide profonde ou upwelling. Le mélange entre masses d’eau de température et de densité différentes est à l’origine d’une richesse biologique particulièrement remarquable par la prolifération du plancton qu’il permet.

La présence de ces courants froids le long des côtes occidentales de l’Afrique et de l’Amérique, dans chaque hémisphère, est par contre à l’origine de déserts côtiers. Leur forme étirée le long des littoraux suggère bien que leur existence est liée à ces courants froids, dont la présence permanente bloque le système climatique local, l’air refroidi des couches inférieures de l’atmosphère étant coiffé par un air plus chaud qui empêche toute ascendance (phénomène d’inversion de température).

Cet apport d’eau froide – la température des eaux de surface est comprise entre 17 et 20 ° en été – génère le long des côtes un climat particulier, avec un air plus humide qu’à l’intérieur des terres, une nébulosité souvent importante et pourtant de très faibles précipitations, avec par exemple une moyenne annuelle de 25 mm à Nouadhibou.

Le golfe d’Arguin : une exceptionnelle richesse halieutique

La côte septentrionale de la Mauritanie est bordée par le Golfe d’Arguin qui est bien visible sur l’image globale. Il constitue la partie marine du Parc national du Banc d’Arguin qui comprend aussi une bande continentale désertique d’une quarantaine de kilomètres de large.

Le Golfe d’Arguin est un vaste espace marin de faible profondeur (5 mètres en moyenne) et la masse d’eau qu’il contient, parcourue par l’onde de marée, est donc de volume finalement assez faible. Cette profondeur réduite explique le naufrage de la Méduse, le 2 juillet 1816, qui a été rendu célèbre par le tableau de Théodore Géricault exposé au Musée du Louvre à Paris.

Les hauts fonds du Golfe d’Arguin sont couverts de vasières à herbiers qui, en raison de la prolifération du plancton liée à la présence du courant froid, constituent un milieu particulièrement favorable pour le développement de la faune halieutique et tout particulièrement pour des espèces comme le mulet et la courbine. La richesse de l’écosystème marin, les faibles profondeurs et le jeu des marées ont pour corollaire l’importance de l’avifaune avec des densités de limicoles particulièrement remarquables. Pendant les mois d’hiver, le Banc d’Arguin accueille des populations d’oiseaux d’eau plus importantes que tous les autres sites sur la route migratoire qui longe la côte atlantique entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne.

En raison de son exceptionnelle richesse halieutique, le littoral de la partie nord de la Mauritanie est essentiellement peuplé par des Imraguen, groupe de population appartenant à la société maure spécialisé dans la pêche. Entre la capitale Nouakchott et la limite sud du parc, six villages imraguen ponctuent le littoral ; neuf autres villages, dont un actuellement inhabité, poursuivent cette rangée vers le nord, à l’intérieur des limites du parc national. Ils regroupent une population d’environ 1.200 habitants.

Les pasteurs nomades qui vivent dans la partie désertique du parc, et tout particulièrement à proximité de la route goudronnée qui en marque la limite orientale, sont liés eux aussi aux Imraguen, même s’ils ne pratiquent pas la pêche. Ces derniers pratiquent la pêche au filet de différentes espèces (mulets, courbines, poulpes, raies, requins) à l’aide de leurs lanches, voiliers en bois d’origine canarienne dont le nombre est strictement limité afin de tenter de maintenir un contrôle sur la quantité de poisson pêchée dans les eaux du Parc national. A cet effet, l’utilisation d’embarcations à moteur y est interdite.

Le littoral mauritanien, terre historique de passage

Jusqu’à une époque très récente, le littoral mauritanien a été une sorte d’« angle mort » du système monde, bien qu’il ait été parcouru depuis des siècles par des peuples conquérants venus du sud, comme les Almoravides au XIe siècle par exemple, ou du nord, comme les Arabes Béni Hassan au XVIIe siècle, et qu’il soit devenu une terre d’expansion européenne, colonie française au tout début du XXe siècle.

Dans le troisième quart du XVIIème siècle, une guerre a eu lieu en Mauritanie. Entre 1644 et 1675, la guerre de « Char Bubba » a opposé les Arabes Béni Hassan, venus du nord, et une alliance de tribus berbères implantées dans le sud du littoral mauritanien. Les Béni Hassan, vainqueurs, vont constituer les émirats du Trarza, de l’Adrar et du Brakna. Les tribus maraboutiques - religieuses et commerçantes - vont devoir alors verser un tribut aux Hassan. Après la guerre, l’une de ces tribus, les Ahl Barikallah, remontent vers le nord en suivant la côte et ils sont à l’origine du creusement de nombreux puits dans l’espace littoral mauritanien. Ainsi, la société maure actuelle est le résultat de nombreux mélanges de populations et, contrairement aux Touaregs qui sont demeurés des Berbères, les Maures peuvent être considérés comme des Berbères arabisés.

Le littoral mauritanien a été aussi une terre d’exploration, tout particulièrement entre les deux guerres mondiales. Théodore Monod y a effectué sa toute première méharée en 1923, entre Port-Etienne, l’actuel Nouadhibou, et Saint-Louis au Sénégal, à l’issue d’un séjour d’une année passée à Port-Etienne pour étudier la pêche pour le compte du Muséum d’histoire naturelle de Paris. Il a publié à la fin de sa vie le récit de cette première expérience saharienne sous le titre Maxence au désert ; ce nom de Maxence, qu’il se donne dans le récit, étant tiré du livre d’Ernest Psichari : Le voyage du centurion, publié en 1915. Monod a aussi effectué aussi en 1934-1935 une très longue exploration de 16 mois, à pied et à chameau, dans tout l’ouest saharien. Odette du Puigaudeau et Marion Senones s’embarquent à leur tour pour la Mauritanie en 1933. Parties de Douarnenez sur un bateau de pêche, elles débarquent à Port-Etienne puis traversent le golfe d’Arguin sur une lanche jusqu’à Mamghar. Pendant cette traversée, ponctuée de plusieurs haltes sur la côte du banc d’Arguin, elles font connaissance avec les Imraguen : « Ils forment une race à part, méprisée, impure. […] Seule, la nature leur est favorable, qui a mis tant de poissons dans les eaux africaines et, sur la côte, le titarek, sorte de genêt dont les fibres servent à tisser les filets. […] Outre la courbine, les mulets abondent, surtout en nouvelle lune, et leurs œufs, ou poutargues, sont vendues aux pêcheries de Port-Etienne » (Pieds nus à travers la Mauritanie, 1936).

La première route transsaharienne revêtue : un brutal changement de statut

Cette terre de nomades et d’explorateurs est pourtant restée dans une situation de marge jusqu’à l’ouverture à la circulation de la route goudronnée entre Nouakchott et Nouadhibou en 2004, dernier segment manquant de la première route transsaharienne revêtue de l’histoire.

Jusqu’à cette date, deux itinéraires existaient pour relier ces deux villes : l’un, pour les camions, longeait la bordure orientale du Parc national du Banc d’Arguin par une piste très difficile et l’autre, parcouru par les véhicules légers, empruntait la plage dans la partie sud du parc national avant de s’éloigner progressivement du rivage vers le nord à travers le désert. La mise en service de la route goudronnée a bien sûr considérablement facilité les relations entre les deux principales villes de Mauritanie.

A une échelle beaucoup plus large, elle a surtout permis le bouclage de la toute première route transsaharienne de l’histoire, ce qui rend désormais possible une circulation aisée et rapide par route revêtue entre l’Europe, le Maghreb et l’Afrique occidentale puisque seuls quelques kilomètres au passage de la frontière entre le Sahara Occidental et la Mauritanie ne sont pas goudronnés. De ce fait, le littoral mauritanien est passé brutalement d’une situation de relégation territoriale à celle de voie de passage intercontinentale par où transitent désormais tous les trafics, automobiles et autres !

Une région entre menace terroriste et tourisme international

Assez rapidement, cette route a été le cadre d’une opération terroriste organisée par un groupe lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Le 29 novembre 2009, trois humanitaires espagnols à bord du dernier véhicule d’un convoi de cinq voitures qui se dirigeait de Nouadhibou vers Nouakchott, furent enlevés directement sur la route par un commando armé. Cet enlèvement symbolisait finalement de manière tout à fait explicite l’insertion de ces confins jadis désolés dans le grand jeu de la mondialisation. Depuis, la route – comme d’ailleurs toute la partie occidentale de la Mauritanie – a été largement sécurisée.

Cette nouvelle infrastructure routière, en arrimant un territoire qui était jusque-là tout à fait périphérique à un réseau routier d’importance nationale et internationale, a aussi accéléré le processus de réflexion sur le développement touristique du parc national. Cette perspective, antérieure à la construction de la route goudronnée, a trouvé une nouvelle actualité lors de la mise en service de cette dernière et elle a imposé aux autorités de mettre en application la doctrine écotouristique qui avait été énoncée dans différents documents de cadrage afin d’éviter les débordements susceptibles d’être engendrés par l’existence de la route.

Avec cette doctrine, il s’agissait d’articuler les flux croissants de visiteurs qui étaient alors envisagés avec les nécessités de préservation d’un parc national réputé pour sa biodiversité (Lecoquierre, 2011).  La période d’insécurité liée à l’activité des groupes djihadistes entre 20O9 et la réouverture de la Mauritanie au tourisme en 2017, a cependant considérablement freiné les projets de développement touristique du Parc national du Banc d’Arguin.


Zooms d'étude

Zoom 1.  Le Parc national du Banc d’Arguin

Au nord de Nouakchott, la capitale mauritanienne, une partie du désert côtier, sur une longueur de 170 kilomètres et sur une largeur d’une quarantaine de kilomètres, est incluse dans le Parc national du Banc d’Arguin (PNBA). Celui-ci comporte aussi une bande maritime, de largeur équivalente, correspondant à une zone de hauts fonds, le Golfe d’Arguin, et à quelques îles. Le Banc d'Arguin est devenu parc national en 1976, à l’initiative de Théodore Monod. Il a été reconnu en 1982 comme zone humide d'importance internationale (convention de Ramsar) et a été classé en 1989 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

La portion du rivage visible sur l’image agrandie est celle de la partie méridionale du parc national : au sud, le cap Timiris, au bout duquel se trouve le village de Mamghar, marque la limite du Parc national du Banc d’Arguin. Mamghar était avant la construction de la route goudronnée un point de passage obligé pour la totalité des trafics alors que le village se trouve désormais à l’écart des flux de circulation. La comparaison entre les deux recensements de 2000 et de 2008 donne une bonne illustration des conséquences de l’ouverture de la route sur l’activité de ce village : la population y est passée de 944 habitants avant la mise en service de la route à 462 après celle-ci, soit un recul de moitié.

En face du cap Timiris, au nord-est, se trouve la Baie Saint-Jean dont l’échancrure est nettement visible sur l’image. Au bout de la péninsule qui fait face au cap Timiris, le village imraguen de R’Gueiba est doté d’un chantier naval où sont construites et réparées les lanches qui servent à la pêche. L’île de Tidra, la plus grande au milieu de l’image, est parfois considérée comme l’un des points de départ éventuels de la conquête almoravide au XIe siècle (Baba, 2011). Au nord de l’image, le village d’Iwik se trouve au bout de la petite péninsule qui fait face à la pointe nord de Tidra. Il s‘y trouve une base du Parc national et c’est à partir de ce village imraguen que sont organisées des sorties en lanche pour les quelques touristes qui fréquentent le parc national.


Repères géographiques

Zoom 2. L’exploitation récente des richesses du sous-sol : la mine d’or de Tasiast

Depuis une quinzaine d’années, le Parc national du Banc d’Arguin se trouve sous la menace de l’exploitation des richesses du sous-sol sur ses deux façades. A l’ouest, du côté de la mer, il s’agit de l’exploitation de champs d’hydrocarbures sous-marins. Le premier de ces champs, celui de Chinguetti - du nom de la ville du massif de l’Adrar - a été mis en exploitation en 2006 à 150 kilomètres environ de la limite marine du Parc national. Six autres champs ont été découverts et, même si la production reste en deçà des prévisions, elle fait peser un risque de marée noire qui serait catastrophique pour les eaux poissonneuses du golfe d’Arguin.

Sur le flanc oriental du Parc national, la mine d’or de Tasiast est exploitée depuis 2008, et depuis 2010 par la firme canadienne Kinross. La région est particulièrement aride avec 90 mm de précipitation par an, entre juillet et septembre alors que l’évapotranspiration prélève une lame d’eau évaluée 320 mm/mois. Pour ses ressources en eau, la mine exploite donc un champ de 47 puits pompant un aquifère d’eau saumâtre situé à 64 km à l’ouest de la mine, laquelle est ensuite transférée à la mine par l’intermédiaire d’un aqueduc.  

 Il s’agit d’une mine à ciel ouvert ; les cavités correspondant aux carrières sont bien visibles sur l’image, de couleur sombre. Cette extraction produit aussi de nombreux débris stériles accumulés en terrils, eux aussi bien visibles. La mine emploie près de 4.000 personnes et son personnel est en cours de « mauritanisation ». Située à 300 kilomètres au nord-est de Nouakchott, le site ne se trouve qu’à une soixantaine de kilomètres de la limite du Parc national.

L’or est obtenu par le procédé de lixiviation, c’est-à-dire d’utilisation de cyanure pour l’extraire de la roche qui le contient. Les déchets sont ensuite stockés dans de grands bassins de décantation que l’on distingue bien sur l’image. L’utilisation de produits hautement toxiques fait évidemment peser une menace sur le parc national en raison de sa proximité avec la mine. C’est cependant l’explosion de l’orpaillage artisanal dans la région, depuis 2016, qui représente le plus grave danger pour le Parc national du Banc d’Arguin.


Repères géographiques

Zoom 3. Chami : une « ville nouvelle » en plein désert

A partir de la route goudronnée, l’accès au Parc national du banc d’Arguin et à la côte, se fait prioritairement par le poste de Chami, à mi-distance entre Nouakchott et Nouadhibou. Chami est un ancien point d’eau où se rassemblaient les nomades de la région. Mais son rôle a notablement évolué lors du début des travaux de construction de la route, notamment parce qu’un forage y a été creusé pour les besoins du chantier, permettant d’avoir accès aux réserves en eau potable de la nappe phréatique située à une cinquantaine de mètres de profondeur.

Assez vite, des bâtiments en dur ont été construits et un petit centre d’activité, créé de toutes pièces, s’est constitué autour d’une station-service, avec un restaurant et une épicerie, sous le nom de « Gare du Nord », ou station Bouamatou. Pour des considérations politiques, c’est pourtant à une dizaine de kilomètres au nord de la Gare du Nord qu’a été décidée en 2011 par le président Aziz la création d’une « ville nouvelle » qui a commencé à sortir de terre en mars 2012. Erigée très rapidement en commune et en chef-lieu de département, la ville comptait 51 habitants en 2013.

A partir d’avril 2016, des orpailleurs ont commencé à affluer en grand nombre dans la région du Tasiast, à proximité de la mine d’or située à une cinquantaine de kilomètres de Chami qui avait été mise en exploitation en 2008. La ville est très rapidement devenue une ville de l’or et sa population était estimée à 10.000 personnes au début de 2018 (Gagnol, Magrin, Chevrillon-Guibert, 2020). Les activités de transformation du minerai, à l’aide de cyanure et de mercure, font peser de sérieuses menaces environnementales sur le Parc national du Banc d’Arguin, tant par les rejets d’eau polluée que par les émissions dans l’atmosphère, en raison des vents dominants de direction nord-est/sud-ouest (alizés).

Chami, ville nouvelle devenue ville de colons avec la ruée vers l’or, pourrait pourtant n’être plus qu’une ville fantôme en plein désert lorsque la fièvre de l’or retombera…

Images complémentaires


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Photo 1 : Littoral au sud du Banc d'Arguin (Mauritanie) - Source : Bruno Lecoquierre (2008)

Photo 2 : Lanches devant le village imraguen d'Iwik - Parc national du Banc d'Arguin (Mauritanie) - Source : Bruno Lecoquierre (2009)

Photo 3 : La station-service « Gare du Nord » (ou station Bouamatou), préfiguration de la ville nouvelle de Chami. Source : Bruno Lecoquierre (2008)

Photo 4 : La route goudronnée Nouadhibou-Nouakchott au sud du Parc national du Banc d'Arguin (Mauritanie) – Photo : Bruno Lecoquierre (2009)

Photo 5 : Puits dans l'Agneitir - Parc national du Banc d'Arguin (Mauritanie) - Source : Bruno Lecoquierre (2009)

Documents complémentaires

Sur le site Géoimage du CNES : dossiers du même auteur.

Bruno Lecoquierre : Algérie. Tamanrasset et le massif du Hoggar : un des grands massifs montagneux du Sahara.
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/algerie-tamanrasset-et-le-massif-du-hoggar

Bruno Lecoquierre : Algérie/Libye : le Tassili n’Ajjer et les deux oasis de Djanet et Ghat, entre patrimoine, tourisme international, frontières et djihadisme saharien.
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/algerielibye-le-tassili-najjer-et-les-deux-oasis-de-djanet-et-ghat-entre-patrimoine

Bruno Lecoquierre : Tchad – Le Tibesti, le plus haut des massifs montagneux sahariens en pays Toubou et à la frontière de la Libye.
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/tchad-le-tibesti-le-plus-haut-des-massifs-montagneux-sahariens-en-pays-toubou-et-ala

Bruno Lecoquierre : Mauritanie - Le Guelb er Richât et l’oasis de Ouadane dans le massif de l’Adrar .
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/mauritanie-le-guelb-er-richat-et-loasis-de-ouadane-dans-le-massif-de-ladrar

Bruno Lecoquierre : Mauritanie - Le massif de l’Adrar, Atar et Chinguetti : pays maure, nomadisme et tourisme saharien.
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/mauritanie-le-massif-de-ladrar-atar-et-chinguetti-pays-maure-nomadisme-et-tourisme-saharien


D’autres ressources


BABA (Ould) E., 2011, « Le Sahara atlantique médiéval – Particularités et particularisme de l’espace Gdala », in Boulay, Lecoquierre (dir.), Le littoral mauritanien à l’aube du XXIe siècle, Karthala.

BOULAY S., LECOQUIERRE B. (dir.), 2011, Le littoral mauritanien à l’aube du XXIe siècle, Karthala.

BOULAY S., 2013, Pêcheurs imraguen du Sahara atlantique, Karthala.

CAPOT-REY, R., 1953, Le Sahara français, Presses universitaires de France.

EIDA (Ould) A., 2011, « Enseignements d’un manuscrit du XIXe siècle sur les stratégies de peuplement du littoral par les Ahel Barikallah », in Boulay, Lecoquierre (dir.), Le littoral mauritanien à l’aube du XXIe siècle, Karthala.

GAGNOL L., MAGRIN G., CHEVRILLON-GUIBERT R., 2019, « Chami, ville nouvelle et ville de l’or. Une trajectoire urbaine insolite en Mauritanie », L’Espace Politique [En ligne], 38 | 2019-2, mis en ligne le 28 février 2020.
https://doi.org/10.4000/espacepolitique.6562

LECOQUIERRE B. 2011, « Enjeux et contraintes du développement touristique dans le Parc national du Banc d’Arguin », in Boulay, Lecoquierre (dir.), Le littoral mauritanien à l’aube du XXIe siècle, Karthala.

LECOQUIERRE B., 2015, Le Sahara, un désert mondialisé, La Documentation photographique n° 8106, juillet-août 2015, La Documentation française.

LECOQUIERRE B., 2020, Vent de crises sur le Sahara, Reliefs n°11, Reliefs Editions, 2ème trimestre 2020.

MONOD T., 1995, Maxence au désert, Actes Sud.

PUIGAUDEAU (Du) O., 1936, Pieds nus à travers la Mauritanie, Phébus, 1992.

Contributeurs

Bruno Lecoquierre, Professeur des Universités, Université du Havre – UMR IDEES (CNRS)

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