Etats-Unis. Orlando, du parc de loisirs de Walt Disney à la capitale mondiale de « l’entertainment »

Lorsque Walt Disney décide au début des années 1960 que le sud de la ville d’Orlando accueillera son nouveau parc à thèmes, le centre de la Floride, jusque-là en marge par rapport aux dynamiques littorales, devient un haut-lieu de l’influence culturelle américaine. Il s’agit d’une véritable ville dans la ville dont la superficie est équivalente à celle de San Francisco. Il accueille tous les ans plus de 60 millions de visiteurs, dont 20 millions pour le Magic Kingdom Park, ce qui en fait l’un des complexes de loisir le plus visité au monde. Au total, cette région du Comté d’Orange est devenue depuis un pôle mondial : celui de l’amusement, des parcs d’attraction et de la consommation induite par ces activités… Dans ces plaines marécageuses, c’est une image de l’American Way of Life et de sa diffusion globale par le biais de la mondialisation qui ont vu le jour : le parc à thèmes et le parc d’attractions, nouveaux lieux de la société des loisirs.

Légende de l’image


Cette image a été prise par un satellite Pléiades le 31/12/2016. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.

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Présentation de l’image globale


ORLANDO, CAPITALE MONDIALE DE « L’ENTERTANMENT »

La valorisation d’anciennes terres agricoles marginales : une création urbaine ex-nihilo centrée sur les loisirs

Le 22 novembre 1963, la président Kennedy était assassiner à Dallas. Le même jour, Walt Disney, sous un nom d’emprunt afin de garder le secret, survolait le centre de la Floride en quête d’un terrain qui pourrait accueillir le développement de ce qui allait devenir le plus grand centre de loisirs de la planète. Paradoxe de l’histoire lorsqu’une part du rêve américain - largement remise en cause depuis - se brisait sur Elm Street au cœur de Dallas, une autre était en train de voir le jour dans la péninsule de Floride.

Le centre de cet État du Sud-Est est une terre marécageuse au climat subtropical, comme en témoigne la présence de très nombreux lacs qui servent aussi à drainer ces terres qui reçoivent 1,3 mètre de précipitations par an. Difficile à mettre en valeur, ces terres ne pouvaient en termes de développement rivaliser avec les littoraux de l’Atlantique et du Golfe de Mexique ; malgré quelques productions agricoles dont les agrumes qui ont donné leur nom au Comté d’Orange.

L’image ci-contre n’est donc pas celle qu’a observée Walt Disney en 1963 : il fallait d’ailleurs une bonne dose d’imagination et d’ambition pour faire de la ville d’Orlando, au cœur du Comté d’Orange, la capitale mondiale du loisir lié aux parcs d’attraction. En 1960, la population du Comté d’Orange dépassait à peine les 250.000 habitants, elle est aujourd’hui de 1,3 million de personnes, dont 40 % de Blancs, 31 % d’Hispaniques et 22 % de Noirs. Il faut noter que le sud de l’image, au niveau de la communauté urbaine de Celebration, appartient au Comté d’Osceola qui jouxte celui d’Orange au sud.

Une fois décidé, Walt Disney se mit à acquérir plus de 10 000 hectares de zone marécageuse, peuplées d’alligators, que les propriétaires n’hésitaient pas à vendre en raison de l’opportunité exceptionnelle que représentait pour eux la cession de terrains inhospitaliers. Pour autant, W. Disney avait parfaitement perçu la position privilégiée d’Orlando à l’intersection entre les deux plus grandes voies autoroutières floridiennes : la Interstate 4, bien visible sur l’image, et la Florida’s Turnpike. Cette position centrale allait permettre de placer Orlando au cœur des réseaux de communication de la péninsule.

Une des premiers pôles touristiques mondiaux, la diffusion mondiale d’un produit touristique

Comme le montre l’image, ces terrains très plats et marécageux sont partagés en trois espaces bien différenciés organisés par deux axes autoroutiers, la grande Interstate 4 et la Western Belt Way 429.  A l’est de l’Interstate 4, l’espace est fortement urbanisé sur l’image. Par contre, à l’ouest au-delà la Western Belt Way, les espaces naturels ou agricoles sont encore nombreux, malgré le développement d’un front d’urbanisation, bien visible avec les terrains blancs dégagés. Au nord, autour du grand golf qui s’étend entre l’axe routier et le Lake Speer ; au sud, dans la région du Disney’s Animal Kingdom. Au centre de l’image, à la jonction des deux systèmes se déploie le Walt Disney World Resort. Il couvre une superficie de plus de 110 km².

Il accueille tous les ans environs 60 millions de visiteurs, dont 20 millions pour le seul Magic Kingdom Park, ce qui en fait l’un des complexes de loisir les plus visités au monde. Comme le montre l’image, son activité repose sur un système très intégré - jeux, visites, hôtellerie résidentielle, restauration…- afin de capter le maximum de dépenses de la part des familles. Et donc sur un complexe technique et territorial fondé à la fois sur la spécialisation fonctionnelle des lieux par pôles thématiques, leur proximité géographique et leur facile interconnexion.

Dans ce contexte, Orlando propose la 2ème capacité hôtelière du pays. Le développement d’Orlando est étroitement lié à Disney : 6 % des habitants de la ville ont un travail en lien avec la firme Disney et les taxes de séjour acquittés par les visiteurs de Disney procurent 200 millions de dollars par an aux collectivités. Tous les jours, on considère que tous les visiteurs à Orlando dépensent pour plus de 90 millions de dollars. Aujourd’hui, le Walt Disney World Resort est avec 74.200 salariés de très loin le premier employeur et le premier contribuable fiscal de la région, devant l’Universal Orlando qui emploie 25.000 salariés. Au total, ces deux géants emploient 100.000 salariés directs. A ceci s’ajoutent les emplois saisonniers, indirects (fournisseurs, sous-traitants, activités connexes...) et induits (transport, hôtellerie- restauration, commerces...).

Les chiffres de fréquentation des parcs d’attraction sont significatifs de la géographie des loisirs dans le monde et du processus de diffusion progressive d’un modèle et d’un produit innovant : économiquement sur les dix premiers pars visités, six sont gérés par la firme Disney (Orlando dont les 4 parcs sont présents dans le classement, Anaheim, Shanghai), six se trouvent aux États-Unis (cinq Disney et le Studio Universal d’Orlando) et quatre en Asie orientale (dont trois au Japon, dont un à Tokyo, et un en Chine avec le parc Disney de Shanghai).

L’organisation du Walt Disney World Resort : une très vaste opération d’aménagement

Sur l’image, les limites du Walt Disney World Resort sont bien visibles car l’ensemble est largement fermé et contrôlé pour des raisons financières et de sécurité. Le développement du WDWR s’est effectué progressivement par ajouts d’activités nouvelles au fur et à mesure du succès de la firme puis par leur renouvellement constant afin de garder toute son attractivité ludique. Comme le montre l’image, les limites initiales du parc ont largement été dépassées depuis par une série d’extensions successives.

Ce parc a en effet été inauguré en 1971 autour de la zone du Magic Kingdom Park, qui se trouve au nord ; il a constitué alors le second parc thématique Disney des États-Unis après celui d’Anaheim dans la banlieue de Los Angeles. Ce complexe est aujourd’hui composé de quatre parcs à thèmes. Le Magic Kingdom, dominé par le château de Cendrillon, est emblématique et constitue comme nous l’avons dit le parc originel inauguré en 1971. Puis, le parc d’Epcot au centre-est est créé en 1982, le Disney’s Hollywood Studios, juste au sud, en 1989 et le Disney Animal Kingdom, au sud-ouest, en 1998. Ces nouvelles installations viennent enrichir l’offre et donner à ce complexe Disney de Floride une place privilégiée. Le 29 août 2019 est inauguré un nouveau parc relatif à l’univers des films Star Wars : le site en construction sur cette image de décembre 2016 se trouve au sud du Disney’s Hollywood Studio.

Le WDWR : un effet majeur d’entrainement local et régional

Progressivement, du fait de son incontestable succès, le WDWR va avoir un effet majeur d’entrainement sur la constitution puis l’essor d’un pôle spécialisé d’envergure nationale et mondiale. A la suite des infrastructures liées à Disney d’autres complexes vont voir le jour : en 1973, le parc à thème Sea World et, en 1991, l’Universal Orlando Studio viennent compléter l’offre. Le City Walk - à proximité du studio Universal - ou les commerces situés le long de l’International Drive font d’Orlando un lieu construit sur la consommation et les loisirs.

Cette économie liée aux loisirs s’est diversifiée et les malls sont devenus des temples de la consommation : le Florida Mall et le Mall at Millenia situé au sud d’Orlando (hors image), dans lesquels les enseignes de luxe, s’alignent le long de l’International Drive, à l’est de l’image. De nombreux outlets - ou magasins d’usine - sont également présents et jouxtent les grands parcs d’attraction en ciblant les zones les plus touristiques.

On compte ensuite deux parcs aquatiques, 26 hôtels, des centres commerciaux dont le plus réputé est celui de Disney Spring, situé à l’est le long de l’Interstate 4, dont l’ouverture en 1972 fut synchrone avec celle du parc, des terrains de golf, eux aussi bien repérables, et un terrain de camping... Il s’agit au total d’une véritable ville dans la ville dont la superficie est équivalente à celle de San Francisco. A ce titre, le Walt Disney World Resort est emblématique des bouleversements des espaces naturels et des processus de production d’un espace urbain puis d’une ville induite par un tel projet économique, financier et culturel piloté par une grande firme transnationale.

Un enjeu majeur : attractivité, connectivité et circulations

Pour le WDWR, son attractivité régionale, nationale et mondiale repose sur la qualité des infrastructures de transport qui le desservent, et ce à toutes les échelles géographiques : Orlando International Airport… Comme le montre l’image, l’insertion de ce parc d’attraction dans la région urbaine d’Orlando, ville située 25 km au nord-est, est rendue possible par la connexion des axes routiers internes au parc à l’Interstate 4 qui traverse la Floride du Nord-Est au Sud-ouest, de Daytona Beach à Tampa.

Cette autoroute est connectée à la World Drive qui constitue l’épine dorsale de la circulation interne au parc : son nom traduit bien les ambitions de la firme Disney dans le domaine des loisirs à l’échelle de la planète. En interne, la circulation entre les différentes parties du parc est également assurée par un monorail, qui est bien visible sur l’image. Les parkings, nettement repérables eux aussi, offrent plus de 25.000 places de stationnement et témoignent de l’importance de la voiture dans les modes de circulation et de fréquentation de ce site. Un aérodrome privé avait même été construit sur le site, mais n’est plus utilisé.


Zooms d'étude

1 : le Magic Kingdom Parc : le site historique initial du complexe

Ce parc a été inauguré initialement en 1971 autour de la zone du Magic Kingdom Park, qui se trouve au centre de l’image zoom ; il a constitué alors le second parc thématique Disney des États-Unis après celui d’Anaheim dans la banlieue de Los Angeles. Constituant aujourd’hui un des quatre parcs à thème, le Magic Kingdom est dominé par la figure emblématiquement, car connue dans le monde entier, du château de Cendrillon.

L’image illustre le caractère systémique des grands aménagements opérés pour un tel complexe. Il est bordé par deux lacs, dont le Bay Lake à l’est où se trouvent les parkings et la station du monorail qui dessert celui-ci et le Seven Seas Lagoon au sud qui accueille deux complexes résidentiels hôteliers : le Disney’ Grand Floridian Resort and Spa et le Polynesian East Pool.

Ce vaste complexe est aussi encadré par la Disney University au nord, qui forme les cadres et les employés du groupe Disney, par le Disney Magnolia Golf Course et au sud-est par une zone de camping et de bungalows pour l’accueil des groupes de jeunes ou les familles. Enfin, l’image couvre aussi au nord-est une partie de la commune de Windermere et à l’ouest un espace en voie d’urbanisation.   


Magic Kingdom Parc


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2. Le Walt Disney World Resort : un des plus grands sites mondiaux

Nous sommes ici au cœur de réacteur que constitue l’immense WDWR, situé bien plus au sud du noyau historique que constitue le Magic Kingdom Parc. Les limites en rouge témoignent de l’importance du patrimoine foncier dont dispose la firme Disney pour son développement immobilier. Le parc d’Epcot est créé en 1982 puis les Disney’s Hollywood Studios, juste au sud, en 1989. Le 29 août 2019 est inauguré un nouveau parc relatif à l’univers des films Star Wars : le site en construction sur cette image de décembre 2016 se trouve au sud du Disney’s Hollywood Studio.

En termes d’aménagement et d’organisation de l’espace, cette image fournit plusieurs indications majeures. L’importance des emprises de parkings, qui témoignent du rôle essentiel de l’automobile dans les mobilités. La construction systématique en périphérie des pôles de loisir de vastes complexes résidentiels thématiques, dont l’offre est si vaste que chaque famille peut y trouve son compte, qui donnent à la fonction hôtelière un rôle majeur : Disney’s Port Orleans Resort, Disney’s Typhon Lagon Water Park, Disney’s Old Key West Resort... La présence de zones commerciales intégrées dans lesquelles les familles peuvent faire leurs courses (zone commerciale Disney). La présence de nombreux services techniques de support qui sont indispensables au fonctionnement du complexe mais qui sont localisés dans des interstices afin d’être masqués à la vue du grand public (services techniques)    

Enfin, l’image témoigne aussi au nord-ouest de la mobilisation de Mickey, une figure du « soft power » américain au service du « verdissement » de la firme. Dans un secteur où la communication est primordiale et dans lequel le rêve est un moteur de l’activité, la compagnie Disney met aujourd’hui en avant des efforts - réels - de pratiques respectueuses de l’environnement. Ainsi, Disney cherche à réduire son empreinte carbone en développant l’énergie solaire. Le long de la World Drive à l’ouest d’Epcot, on relève la présence d’une centrale solaire de 48.000 panneaux pouvant produire 5MW, soit la fourniture d’électricité de 1.000 foyers environ : vue de l’espace, elle offre un profil dont les formes ne laissent planer aucun doute, Mickey est à la manœuvre ! Cette production d’énergie « propre » fait partie d’un plan global de la firme. La compagnie Disney s’était en effet fixée pour objectif la réduction de 50 % de ses émissions mondiales entre 2012 et 2020 : une centrale solaire de 50MW avec un demi-million de panneaux solaires juste au nord de parc animalier.


Walt Disney World Resort


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Zoom 3. Celebration : la ville de Disney, du décor à la vie réelle

Cette image est centrée sur le sud-est de WDWR et la ville de Celebration, même si ce terme de ville est inapproprié au sens des statistiques américaines, qui compte quelques 11.000 habitants. Son territoire est à cheval sur l’Interstate 4, bien visible dans le quart nord-ouest de l’image. Sa limite nord est constituée par la Bronson Memorial Hwy et sa limite est définie par le Bonnet Creek qui draine la région. Sur l’image on repère bien au nord de la Central Florida GreeneWay l’AdvenHealth Celebration, un grand hôpital qui appartient au réseau AdventHealth Florida de huit hôpitaux qui est le second employeur de l’aire métropolitaine d’Orlando après le WDWR avec 29.000 salariés.   

C’est en 1994 qu’elle sort de terre. Cette entité territoriale appartenant au Comté d’Orange a été lors de sa création sous le feu des projecteurs. Il s’agit d’une ville voulue et conçue par le groupe Disney aux portes de son complexe Disney World. C’est d’ailleurs la filiale Walt Disney Imagineering, en charge de la conception et de l’aménagement des parcs de loisirs, qui a été en charge de la réflexion sur la ville.

Walt Disney avait acquis 30.000 acres de terrains dans cette zone et ce projet faisait partie de ses ambitions : un article du Guardian de décembre 2010 évoque le désir de l’entrepreneur « d’un contrôle total » sur la communauté et la ville : Disney pouvait y lever les impôts, gérer les routes et les aménagements de Celebration. Ainsi, en prenant exemple sur les architectures des villes du sud (Nouvelle-Orléans, Savannah, Charleston…), les planificateurs ont défini uniquement six styles de maisons et cinq couleurs principales. Il s’agissait pour eux de construire une ville dans lequel le fondateur de la firme mort en 1966 « aurait souhaité grandir ». Progressivement, la société Disney s’est désengagée et a revendu le projet à un Fonds d’investissements financiers en 2004.

Elle est née d’une utopie urbaine que les architectes américains qualifiaient de « New Urbanism ». Il s’agissait de rompre avec l’« urban sprawl » si caractéristique de la croissance urbaine du pays. Face au développement de banlieues en continuité les unes avec les autres et d’une artificialisation massive du paysage, les planificateurs ont cherché par ce projet à renouer avec ce qu’ils considéraient comme étant la forme urbaine originelle américaine : une ville de taille réduite, au centre-ville compact, disposant d’un réseau de voies piétonnes important et de multiples espaces verts publics. Pour les habitants, il fallait créer le sentiment d’appartenance à une communauté : un retour à la ville de l’avant-guerre en somme, « à celle d’avant la croissance urbaine, la métropolisationne et les extensions impersonnelles à perte de vue ». D’ailleurs le cours d’eau de la Bonnet Creek à droite de l’image délimité de manière très nette Celebration et opère une coupure avec les villes voisines. Cette délimitation illustre le projet initial de faire de Celebration une entité urbaine originale et singulière.

Le principe du déplacement à pied pour aller à son travail, faire les courses constituait une rupture majeure dans un pays où le règne de la voiture n’est plus à prouver. L’enjeu social était également fort puisque les pratiques foncières visaient à mixer davantage les populations selon des critères sociaux en offrant des résidences à prix variés proches les unes des autres, ceci devant éviter les phénomènes ségrégatifs. En 2001, sept ans après la création de la ville, le New-York Times concluait sur l’échec de cette recherche de mixité : environ 90 % de la population de Celebration étant blanche alors que dans le comté voisin cette proportion n’était de l’ordre que de 60 %.

La ville-modèle représente aujourd’hui le symbole d’un urbanisme artificiel et la crise financière et immobilière de 2008 n’a fait qu’aggraver cette dynamique puisque les saisies en raison d’emprunts impayés ont été conséquentes après la crise des subprimes (40 % des ventes de maison sur le premier semestre 2010 ont eu pour origine une saisie). En 2014, Celebration a connu son premier homicide, ce qui pour ses défenseurs est un chiffre très positif par rapport à la réalité américaine, mais qui symbolise pour ses détracteurs la fin d’une utopie urbaine.

Même si les opérations sont loin d’être comparables, l’aventure de Celebration peut être rapprochée de celle de la zone de Val d’Europe qui, à quelques kilomètres du parc Euro Disney de Marne-La-Vallée, illustre l’implication de la firme Disney dans des projets urbains.


Celebration


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4. L’Universal Orlando Resort du groupe de média Universal/Comcast

Dans le coin nord-est de l’image générale en allant vers Orlando se déploie l’Universal Orlando. Entouré au nord par les zones résidentielles des lacs Cane et Marsha, à l’ouest par le grand Orange Tree Golf Club et au sud-est de l’autre côté de l’autoroute A4 par des zones mixtes (hôtels, commerces, résidences...), ce vaste complexe de loisir de 160 hectares appartient au géant des médias et du cinéma Universal.  

Après avoir testé avec succès le système des parcs à thème avec l’Universel Studios Hollywood de Los Angeles en Californie ouvert en 1964, le groupe Universal décide au début des années 1980 de bénéficier de l’effet d’appel et du succès du Walt Disney World Resort en s’implantant à proximité. Ce parc d’attraction - est avec 25.000 salariés - le troisième employeur du Comté d’Orange.


Universal Orlando Resort


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5.  Le SeaWorld Orlando, spécialisé dans le monde marin

Dans l’est de l’image et au sud de l’Universal Orlando Resort se déploient trois ensembles. Au nord, l’usine de Lockheed Martin, un grand groupe étasunien de l’aéronautique et de l’armement, emploie sur ce site 9.000 salariés, dont 70 % d’ingénieurs et de techniciens, ce qui en fait le 8em employeur de la région.  Au centre se trouve un vaste complexe de congrès, bien visible avec ses grands toits blancs, et enfin, au sud le SeaWorld Orlando.  

Spécialisé dans le monde marin et célèbre pour ses orques et ses dauphins, le parc à thème SeaWorld Orlando couvre une emprise au sol de 81 hectares. Il appartient à la chaîne SeaWorld Parks and Entertainment, fondée en 1959 et dont le siège est à Orlando. Cette société possède ou gère quatre parcs sous la marque SeaWorld à San Diego en Californie, Orlando en Floride, San Antonio au Texas et à un projet à Abu Dhabi qui doit ouvrir en 2022 ; et deux parcs sous la marque Busch Gardens à Tampa en Floride et Williamsburg en Virginie.




SeaWorld Orlando


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ZOOM 6. Le front d’urbanisation dans la région du Lake Speer

Dans le nord-ouest de l’image se déploie un espace compris entre les lacs Speer, Hancok, Ingram et Needam. Nous sommes là sur le front d’urbanisation occidental comme en témoigne la présence d’exploitations agricoles (cultures, vergers...) à l’ouest. La Western Belt Way 429 sert ici pour l’instant de coupure majeure entre les espaces encore agricoles de l’ouest et les zones en voie d’urbanisation de l’est.

Nous sommes dans une toute petite partie de la commune de Winter Garden qui est peuplée de 45.000 habitants et couvre 46 km2 dans l’Orange County, dans des zones de très faibles altitudes de 20 m. à 70 m. qui explique parfois la stagnation des eaux. Entre 1950 et 2020, la commune est passée de 3.500 à 46.000 habitants. L’image est emblématique des modalités d’urbanisation de la région, fondées sur la construction de lotissements pavillonnaires par des grands acteurs des secteurs de l’immobilier. La présence de lacs et d’un grand golf témoignent du niveau assez élevé d’une population recherchée par les promoteurs car solvable. La présence d’école, d’un collège et d’un supermarché témoigne de la mise en place des services de base à la population.   



Lake Speer


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Zoom 7. Le Disney’s Animal Kingdom Theme Park et son front d’urbanisation  

L’image couvre la commune de Bay Lake, qui a la particularité d’être une des deux communes - avec Lake Buena Vista, peuplée de seulement 24 habitants - entièrement contrôlée par le groupe Disney. D’une superficie de 59 hectares, elle n’est peuplée que de 47 habitants. On y trouve une partie des activités du complexe Walt Disney World Resort.

Sur l’image se trouve en particulier le Disney’s Animal Kingdom Theme Park, qui est situé au sud-est de Walt Disney World et constitue le 4em et dernier parc du vaste complexe Walt Disney World. Ce parc zoologique est ouvert dans la commune de Bay Lake en 1998 afin de surfer sur la vague des parcs animaliers qui rencontre alors un grand succès en Floride (cf. SeaWorld Orlando...). D’une superficie de 230 hectares, c’est l’un des plus grands parcs à thème du monde. Tout en présentant des animaux vivants, il met à disposition du public de nombreuses attractions. Le parc est lui-même organisé en interne autour de « pays » comme Oasis, Discovery Island, Africa, Asia, DinoLand et Rafiki’s Planet Watch.

Le parc est complété à l’ouest par le Disney’s Animal Kingdom Lodge et au sud-est par le Disney All-Star Resort qui sont des complexe srésidentiels et de loisir permettant d’accueillir les familles venant passer un séjour dans les parcs à thème. Cette intégration économique et spatiale permet à la firme de proposer des séjours plus ou moins longs, de disposer d’une large offre hôtelière et donc de capter ainsi un maximum de revenus.

Ce modèle de resort - ou complexe résidentiel de loisir intégré - se retrouve par exemple au nord-ouest du parc, de chaque côté de la Western Belt Way, où l’Orange Lake Resort est composé de trois blocs spécialisés dans leurs offres (golfs et complexe aquatique), mais complémentaires. De même, de chaque côté du Raccoon Lake se déploie d’importants lotissements de locations touristiques, de qualités cependant bien différentes : l’Holiday Inn Club, un établissement d’une grande chaîne hôtelière internationale dans un cadre trés soigné, et le Vista del Lago, à l’occupation beaucoup plus dense et de bien moindre qualité.



Disney’s Animal Kingdom Theme Park


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Zoom 8. Windermere et le Lake Butler : une ville de luxe aux portes des parcs d’attraction

Sur les bords du Lake Butler et du Lake Tibet dans le Comté d’Orange s’étale la ville de Windermere. Fondée au début du XXème siècle, cette zone urbaine a une origine fortement ancrée dans l’histoire américaine. Les premières implantations ont été le fait d’une famille de Philadelphie, les Chase. Ils étaient citronniers et à l’issue de la Guerre de Sécession, ces propriétaires du Nord investissent des terrains agricoles du Sud vaincu. Cette famille possèdera les terres de Windermere jusqu’au milieu des années 1980 puis les revendra au golfeur de renommée mondiale Arnold Palmer qui mènera un projet immobilier basé sur l’activité du golf et le développement résidentiel pour les classes sociales les plus favorisées.

Cette communauté résidentielle connait aujourd’hui une croissance démographique importante fondée essentiellement sur des catégories sociales supérieures.  D’ailleurs, les zones résidentielles d’Isleworth (indiquée sur l’image) et de Butler Bay (seule la partie sud de cette zone est visible sur l’image) ont fait l’objet à la fin des années 2000 d’une lutte entre la municipalité de Windermere et le Comté d’Orange. En effet, ces deux quartiers extrêmement huppés, organisés autour des terrains de golf prestigieux bien visibles sur l’image en proche infra-rouge ci-contre, étaient placés directement sous la gestion du Comté d’Orange. La municipalité de Windermere a voulu en récupérer la gestion afin de profiter des retombées fiscales sur le revenu de ces populations (3,5 millions de dollars pour la seule résidence d’Isleworth). Seule la zone de Butler Bay est entrée sous la juridiction de Windermere et celle d’Isleworth a gardé son ancien statut.

Entre 1990 et 2016, la population de Windermere est passée de 1.300 habitants à plus de 3.300, soit une croissance de + 153 % de la population en 25 ans. Cette croissance importante se marque sur l’image ci-contre par une artificialisation majeure du territoire sous forme de quartiers résidentiels.

Cette forte poussée démographique est très ciblée, les statistiques témoignent d’une très forte homogénéité des populations de Windermere : l’âge moyen de la population est de 49 ans, contre 42 en Floride, les revenus sont de l’ordre de 132.000 dollars/an, contre 50.000 dollars en Floride, la valeur des résidences est de 640.000 dollars, contre en moyenne 197.000 dollars en Floride. Le caractère privilégié des populations installées à Windermere est indéniable et se traduit également par la composition par origine géographique des populations : 90 % de blancs, 5,1 % d’hispaniques et 1,3 % de noirs. Ces statistiques soulignent - et symbolisent - l’importance des processus de ségrégation urbaine, sociale et raciale dans la région.


Windermere et le Lake Butler


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Image complémentaire régionale

Orlando cadre régional : le complexe du parc de loisir de Walt Disney dans son cadre régional


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Image Sentinel-2A du 8 mai 2021

Contient des informations © COPERNICUS SENTINEL 2021, tous droits réservés.

 

Documents complémentaires

Christian Montes, Pasacale Nédélec (2021), Atlas des Etats-Unis, un colosse aux pieds d’argile, Atlas Autrement, Autrement, Paris

Raphaël Languillon-Aussel, « Tôkyô Disney Resort et Disneyland Resort Paris : deux modèles originaux d’aménagement touristique au Japon et en France », Géoconfluences, 2011.

Contributeur

Vincent DOUMERC, professeur agrégé de géographie, Lycées Saint-Sernin (Toulouse)