Etats-Unis - Norfolk/Portsmouth : le plus grand complexe militaire naval au monde sur l’océan Atlantique

Sur l’océan Atlantique, à l’entrée stratégique de la Baie de la Chesapeake qui donne accès à Washington, la base navale de Norfolk et ses nombreuses annexes constituent le plus grand complexe militaire naval au monde. Norfolk est à la fois le port d’attache de la moitié des porte-avions étasuniens et le centre mondial du commandement opérationnel de l’US Navy. A la limite de la Virginie et de la Caroline du Nord, l’aire métropolitaine de Portsmouth / Norfolk est ainsi l’un des territoires les plus militarisés du pays. Cette base joue donc un rôle majeur dans l’affirmation et la projection océanique de la puissance étasunienne et dans les équilibres géopolitiques et géostratégiques mondiaux entre puissances rivales. Loin d’être complètement éthérés, ces grands enjeux s’ancrent dans des territoires et des espaces bien réels d’un intérêt vital. Cette réalité vient aussi rappeler qu’aux États-Unis Sun Belt rime le plus souvent aussi avec Gun and Military Belt.
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Légende de l’image

Cette image a été prise par le satellite Sentinel-2 le 5 avril 2021. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.

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Repères géographiques

Présentation de l’image globale

Norfolk/Portsmouth : sur l’océan Atlantique,
le plus grand complexe militaire naval au monde

Un littoral atlantique largement amphibie : un système très spécifique

Nous sommes ici sur la côte Atlantique des États-Unis, aux limites entre la Virginie et la Caroline du Nord, et déjà dans le Vieux Sud avec Richmond à l’ouest (hors image). Pour bien comprendre l’intérêt de ce territoire et son rôle géostratégique, il convient de changer d’échelles géographiques d’analyse tout en les combinant.  

 Ce système de littoral d’accumulation sédimentaire - sous forme de longs cordons dunaires régularisés par les courant marins et entrecoupés par de vastes baies très profondes - s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres ; de Long Island et New York au nord à la Raleigh Bay et au Cap Hatteras ou au Sea Islands de Savannah pour finir par border toute la Floride.

Ce système d’imbrication entre terres et mers est à une telle échelle - quelques 2300 km - exceptionnel. Il participe et explique, pour partie, l’ancienneté et le dynamisme de la vie maritime, portuaire et urbaine de tout l’Est Atlantique étatsunien avec, en particulier, cette enfilade de grandes métropoles : Boston, New-York sur l’Hudson, Philadelphie sur la baie du Delaware, Baltimore au fond de la profonde baie de la Chesapeake, Washington sur le Potomac, Richmond sur la James River, Portsmouth/Norfolk sur l’image donc, puis plus au sud Charleston, Savannah, Jacksonville, Daytona Beach et Miami.   

Sur l’image même, ce littoral atlantique est constitué au nord par la terminaison méridionale de la très vaste Péninsule de Delmarva qui remonte au nord jusqu’à Philadelphie sur 274 km et fait ici une vingtaine de kilomètres de large. Ce littoral est constitué de trois ensembles bien identifiables :
     -    On trouve d’abord une série de cordons dunaires très fins, continus au sud, discontinus et découpés en une succession d’îles et de passes (inlet, sound ou entrance) au nord.
    -    Ces cordons isolent, ensuite, en arrière des zones de vastes marais et de lagunes littorales qui définissent un espace amphibie largement protégé par la création de nombreuses réserves naturelles. Prise à marée basse, l’image témoigne de la largeur occupée par l’estran, un terme qui définit la zone littorale alternativement couverte et découverte par le jeu des marées.  
     -    On trouve enfin une bande de terre ferme, étroite au nord, plus large au sud.

La forme très régularisée de ce littoral est due à la remobilisation et au dépôt par les courants marins qui longent la côte (cf. Gulf Stream) des matériaux sédimentaires en suspension. Ceux-ci sont apportés en particulier par les grands fleuves côtiers qui descendent de la chaîne des Appalaches et de son vaste piémont.

L’embouchure de la Baie de la Chesapeake, une Mer intérieure atlantique : une situation régionale exceptionnelle

Mais ce vaste cordon littoral est ici coupé et traversé par une trouée de 17 km de large entre le Cap Charles et le Cap Henry. C’est l’embouchure de la Baie de la Chesapeake. Celle-ci correspond, comme dans tout l’Est atlantique, à un estuaire ; c’est-à-dire à une ancienne vallée fluviale envahie par la mer lors de la forte remontée du niveau marin à la fin des grandes glaciations quaternaires. L’estuaire de la Chesapeake est toutefois spécifique : c’est le plus important des États-Unis

Isolée de l’océan Atlantique par l’immense Delmarva Peninsula, la Baie de la Chesapeake fonctionne comme une véritable Mer intérieure atlantique. De son embouchure sur l’image à Newark au nord, elle mesure 320 km de long et 48 km de large à son maximum. Elle couvre 11 600 km², soit - à titre de comparaison - presque la surface de l’Ile de France.  

La Chesapeake Bay draine un bassin fluvial de 166 000 km2 à cheval sur six États fédérés alimenté par 150 fleuves côtiers ou rivières majeures. En particulier, sa rive Ouest reçoit du sud au nord une succession de rivières ou de fleuves côtiers importants dont l’organisation ramifiée est spectaculaire et draine une très vaste région. Sur l’image, se trouvent la James River, qui donne accès à Richmond, et la York River, qui isolent l’importante péninsule de Newport News. Puis plus au nord se déploient le Rappahannock, le Potomac, et enfin le Patuxent. Soulignons qu’à lui seul le Potomac représente un embranchement fluvial de 240 km de long vers Washington.
 
L’embouchure de la Baie de la Chesapeake : un enjeu géostratégique majeur

La région représente donc d’importants enjeux maritimes et géostratégiques dès la colonisation, puis lors de la Guerre d’Indépendance face aux forces britanniques puis durant la Guerre de Sécession. Le contrôle militaire de cette embouchure est donc névralgique comme le rappellent trois batailles navales majeures qui s’y sont déroulées.

En septembre 1781, la Royale française commandée par l’Amiral de Grasse en appui des Insurgés étatsuniens remporte sur la British Navy une bataille navale décisive aboutissant à l’indépendance des États-Unis. Mais un autre évènement a profondément marqué les autorités politiques et militaires étasuniennes en révélant certaines fragilités : le blocus naval mis en place par la British Navy et ses raids côtiers aboutissent à l’incendie de Washington - dont la Maison Blanche et le Capitole, symboles du nouvel État - en août 1814 lors de la « Seconde Guerre d’indépendance » de juin 1812/février 1815. Dans ce contexte, le port maritime et la base navale de Portsmouth/Norfolk vont voir leurs systèmes défensifs sensiblement renforcés par la construction de Fort Monroe en 1819 et de Fort Wool en 1829 qui permettent de mieux verrouiller l’entrée de cette mer intérieure atlantique. Enfin, durant la Guerre de Sécession, le combat naval de mars 1862 dans l’Hampton Roads va pour sa part bouleverser l’art de la guerre navale en démontrant la nette supériorité des nouveaux cuirassés face aux navires en bois, enclenchant ainsi à l’échelle mondiale un nouveau type de course aux armements.

Les transformations les plus considérables interviennent cependant au XXème siècle et accompagnent bien sur l’entrée en guerre des États-Unis dans la 1er Guerre puis la Seconde Guerre mondiale. C’est durant ces deux conflits mondiaux - où les États-Unis rompent avec leur traditionnelle politique isolationniste et se transforment en « arsenal de la démocratie » - que la région va connaitre la forte croissance des activités et bases militaires, jusqu’à voir émerger aujourd’hui un complexe d’une taille et d’une qualité exceptionnelles.     

L’interconnexion des péninsules et métropoles : un défi considérable

Si par sa structure, cet espace présente un grand intérêt maritime est, vu de la terre il apparait organisé par quatre péninsules séparées par d’importants bras de mer.   L’interconnexion logistique assurant la continuité territoriale et une circulation efficiente entre les quatre péninsules présente donc des défis exceptionnels puisqu’il faut en même temps maintenir la libre-circulation de navires de haute mer de très gros tonnages.

C’est pourquoi on assiste à partir des années 1960 à la réalisation progressive de grands liens fixes constitués de ponts ou de ponts-tunnels qui vont remplacer les systèmes très contraignants de ferries. Ainsi, le James River Bridge de 7.400 m. de long est construit entre 1975 et 1982. Mais les réalisations les plus spectaculaires sont les trois ponts-tunnels, bien visibles sur l’image, qui s’appuient sur la création d’îles artificielles. Deux relient Norfolk à Newport News sous le passage maritime d’Hampton Roads.

Mais l’ouvrage le plus important relie la pointe méridionale de Delmarva Peninsula et le Cap Charles à la rive sud de l’estuaire sur la commune de Virginia Beach. Le pont-tunnel de Chesapeake Bay est un système à péage de ponts-tunnels de 37 km de long, dont 24 km entre les deux berges. Portant l’US Route 13 et reposant sur quatre îles artificielles, il entre en service en 1965 et est modernisé par deux fois en 1999 et en 2017/2023.

L’aire métropolitaine de Norfolk/Newport : une des régions les plus militarisées des États-Unis, un des maillons de la Military and Gun Belt

Au sud de la Chesapeake Bay se déploie dans un site exceptionnel, Hampton Roads, qui donne son nom à toute la région et qui accueille la conurbation créée par Portsmouth et Norfolk sur une rive et Newport News sur l’autre. L’aire métropolitaine de Norfolk/Newport a connu ces dernières décennies une croissance démographique et urbaine exceptionnelle comme en témoigne sur les images la croissance d’importantes banlieues.

Entre 1950 et aujourd’hui, elle passe de 445 000 à 1,770 million d’habitants (+ 1,3 million, X4). Les deux villes-centres regroupent 242 000 habitants pour Norfolk et 94 000 pour Portsmouth, celle-ci en déclin démographique, alors que Newport News a 180 000 habitants. On assiste surtout au boom de la partie est et sud-est de l’aire métropolitaine. La commune de Virginia Beach, sur l’Atlantique, passe de 8 000 à 450 000 habitants entre 1960 et aujourd’hui. Celle de Chesapeake au sud passe de 89 500 habitants en 1970 à 245 000 aujourd’hui. Polycentrisme, suburbanisation, héliotropisme, balnéotropisme et dynamiques militaires y multiplient ici leurs effets pour restructurer les équilibres internes à l’aire métropolitaine.  Celle-ci se caractérise par un bassin d’emplois de 832 000 actifs bien qualifiés, puisque 31 % de la population y dispose d’un diplôme du supérieur, et de 750 000 emplois globalement bien rémunérés.

Du fait de la présence des armées, Norfolk est la 4em économie métropolitaine la plus militarisée des États-Unis, c’est-à-dire celle dont l’économie est la plus dépendante des emplois, commandes et transferts financiers du Pentagone. La seule US Navy occupe en effet dans les Hampton Roads une surface de 14.500 ha comprenant 6700 bâtiments répartis dans une trentaine de sites majeurs. La région polarise au total 108 000 militaires de l’US Navy et du Corps des Marines, auxquels s’ajoutent 41 000 employés civils. On estime au total que par ses emplois directs et indirects les armées font travailler 318 000 actifs et injectent environ 11 milliards de dollars par an dans l’économie régionale.

Les activités militaires y représentent donc 14 % du PNB, contre 60 % à Jacksonville (base des SNLE de l’Atlantique, base aéronavale), 38 % à Fayetteville, 20 % à Colombus et 12 % à Honolulu/ Hawaï (12 %). Il convient en effet de rappeler que dans le Top 10 des Etats fédérés qui reçoivent le plus du Ministère de la Défense, l’État fédéré de Virginie arrive en 2em position, derrière la Californie, mais devant le Texas, le Maryland et la Floride. En Virginie, au pôle méridional naval de Norfolk répond en effet au nord de l’État toute la ceinture des installations polarisées par l’agglomération de Washington DC et ses annexes, de Fort Hill et Quantico MCB, Fort Belvoir, l’Arlington National Cemetery, sans compter le siège de la C.I.A.  Au total, on retrouve là le vieux processus structurel à l’œuvre depuis les années 1950/1960 qui dope les économies métropolitaines de la périphérie méridionale et du littoral Pacifique aux dépenses militaires.

Si de nombreux auteurs ont souvent parlé dans la littérature de l’essor de cette Sun Belt, ils ont souvent oublié qu’il correspondait aussi à celui d’une Gun Belt et/ou d’une Military Belt, y compris en Californie ou dans la Silicon Valley. En 2020, les dépenses militaires des États-Unis s’élèvent à 778 milliards de dollars, le pays se classant ainsi N°1 mondial, avec 39 % des dépenses militaires totales. Ces choix géopolitiques de puissance mondiale aboutissent à la construction à la fois du plus grand appareil militaire au monde et du plus important et innovant système industriel d’armement. Ces logiques ont donc un impact structurel majeur sur les dynamiques territoriales du pays et de ses régions.   


Zooms d’étude

Zoom 1. Norfolk/Portsmouth : la plus grande base navale au monde

Cette image couvre le cœur de l’aire métropolitaine de Norfolk/Portsmouth. Les deux villes bénéficient d’un site d’abri exceptionnel : l’accès maritime du Hampton Roads est étroit et fut verrouillé par le fort situé sur le Odl Point Comfort ; la Willoughy Bay constitue un vaste bassin bien protégé au nord par une large avancée : enfin, un vaste bassin intérieur nord/sud a été aménagé dans l’estuaire de la petite rivière Chesapeake et ses trois branches distinctes. Sur cette image, neufs principaux sites militaires sont facilement identifiables.

La base aéronavale : une fonction nationale, continentale et mondiale

Construite en juillet 1917 sur la Sewell’s Point dans le cadre de l’entrée en guerre des États-Unis dans la 1er Guerre mondiale, le pôle de Norfolk est devenu aujourd’hui le plus grand complexe naval au monde. Employant environ 60.000 personnels militaires et civils, il est composé de deux grandes fonctions géostratégiques. Elle sert à l’échelle continentale de siège au commandement de l’US Second Fleet, la IIem Flotte, qui a en responsabilité l’Atlantique Nord (limite sud : Caraïbes/Sud Maroc) et l’Arctique. Elle sert à l’échelle mondiale de siège à l’US Fleet Forces Command.

Premièrement, la base navale proprement dite - la Naval Station Norfolk - est la 1ère concentration mondiale de navires militaires. Elle est en effet le port d’attache de six des onze porte-avions de l’US Navy et de onze SNA, les sous-marins nucléaires d’attaque à propulsion nucléaire mais dotés d’armes conventionnelles et donc une partie est chargée de la protection du groupe aéronaval en opération. Ceci est d’autant plus considérable en effet que chaque porte-avion est en fait au cœur d’un groupe aéronaval regroupant de nombreuses unités assurant son ravitaillement et sa protection à la mer en opération. Comme le montre bien l’image, ses installations frappent par leur gigantisme. Elles s’étendent sur un front de 6,4 km et disposent de 14 quais principaux, s’étendant au total sur 18 km de linéaire qui peuvent accueillir 75 navires de guerre de gros tonnage. En arrière, l’aéroport militaire intégré à la base accueille plus de 100 000 vols par an, soit 275 vols par jour ou un toutes les six minutes, transportant plus de 150 000 passagers et 264 000 tonnes de frets divers.

Deuxièmement, on y trouve aussi le centre mondial du commandement opérationnel de l’US Navy, qui est la 1ére flotte de guerre par ses tonnages, son nombre de navires et ses capacités d’intervention et de projection. Il fonctionne en étroite liaison avec le Pentagone et tous les grands centres politiques et militaires, situé dans la région de Washington DC. Le Naval Support Activity Hampton Roads (NSAHR) est responsable de toute la zone du Mid-Atlantic. On y trouve surtout l’US Fleet Forces Command, l’US Force Marine Corps Command et le commandement des forces navales de la réserve. On y trouve aussi le commandement des forces navales, aéronavales et sous-marines de l’Atlantic avec le Quartier général de la IIème flotte de l’US Navy. C’est aussi bien sur un des principaux pôles de commandement des forces de l’OTAN.

Dans la ville, au sud, sur la Chesapeake se trouvent aussi deux pôles fonctionnels spécialisés : le Naval Medical Center puis le Norfolk Naval Shipyard - NNS. Situé sur la rive droite de l’Elisabeth River, le NNS assure la construction, la réparation et la maintenance des de navires de l’US Navy. Par contre, la Craney Island est un site militaire en voie de réaffectation autour de projets d’aménagement civils.   

Le pôle Nord, les forces amphibies à Little Creek et Fort Story

Ouverte en 1942, la base de Little Creek abrite la Joint Expeditionary Base Little Creek (JEB-LC) qui couvre 860 ha. C’est le principal site des forces amphibies de l’US Atlantic Fleet. A l’est, ouvert en 1914 comme point d’appui d’artillerie, Fort Story dépend aujourd’hui de la base de Little Creek. Du fait de ses qualités naturelles (vents, courants, plages, dunes...), il sert de base d’entrainement pour les opérations amphibies.

Le pôle Est atlantique sur la commune de Virginia Beach

Sur la commune de Virginia Beach se trouve, bien identifiable la Naval Air Station Oceana.  Construite en 1941, la NAS Oceana est une des grandes bases de l’aéronavale et le quartier général de la force aéronavale de l’Atlantique.  

Au sud-est de celle-ci, le FTC Dam Neck, sur la côte atlantique, est occupé par le TSCHPR - le Training Support Center Hampton Roads. Cet ancien site de l’US Coast Guard est acquis par l’US Navy durant le Seconde Guerre mondiale comme centre d’entrainement à la lutte anti-aérienne. Durant la Guerre froide, il est dédié - du fait du développement des missiles nucléaires (Polaris, Poseidon, Trident I) des sous-marins lanceurs d’engins, les SNLE - à la Naval Guided Missile School (NAVGMSCOL). C’est aujourd’hui le centre d’entrainement au combat de surface de la flotte de l’Atlantique. Il accueille aussi le Naval Special Warfare Development Group (NSWDG), le SEAL Team Six, les fameux Commandos Marines mobilisés dans de nombreuses opérations officielles ou clandestines à l’étranger.    

Enfin, au sud-ouest (hors image) se trouve le Naval Auxilary Landing Field Fentress, un aéroport militaire dédié à l’entrainement des avions de l’US Navy et du Corps des Marines.


Norfolk/Portsmouth


Repères géographiques

Zoom 2. La péninsule de Newport News : une annexe septentrionale

Comprise entre la James River au sud et la York River au nord, la longue péninsule de Newport News protège au nord l’entrée du chenal vers la base navale de Norfolk et est bien reliée au sud par un pont et deux ponts-tunnels. Du fait des emprises foncières disponible, elle a été dès la 1ére Guerre mondiale transformée en annexe septentrional du complexe militaro-stratégique régional. Au sud, sur l’Old Point Confort a été construit entre 1819 et 1834 le Fort Monroe sur un site de 220 ha. Il verrouillait l’entrée de la baie de la Chesapeake et contrôlait la navigation vers Washington et Baltimore. L’essentiel des fonctions de commandement qui s’y trouvaient ont été transférée à Fort Eustis lorsqu’il a été démilitarisé en 2011 pour être transformé en musée et site touristique en étant classé comme « monument national ». On y trouve aujourd’hui sur l’image quatre importants sites militaires.   

La Langley Air Force Base - AFB est située au nord-est de Newport News et entre en service en 1917. Elle est administrativement fusionnée avec Fort Eustis depuis 2010 tout en gardant une activité autonome. Elle accueille les missions supports et des unités spécialisées dans l’intelligence, la surveillance et la reconnaissance informatique et électronique (imagerie, cryptologie, signatures électroniques...).

Le TRACEN - Training Center Yorktown, plus au nord, est l’un des huit plus importants sites d’entrainement de l’US Coast Guard, les fameux garde-côtes rattachés au Department of Homeland Security. Le terrain est acheté en 1917 par l’US Navy pour y construire ses dépôts de carburant puis le site est transformé en École de la guerre des mines avant que l’US Coast Guard en prennent le contrôle en 1957.

La Naval Weapons Station de Yorktown se trouve à la limite de l’image zoom. La NWS est un complexe de 54 km² sur la York River qui s’étend entre Newport News et Williamsburg tout près du Camp Peary, qui se trouve juste au nord (hors image zoom). Ce dépôt, créé en 1918, stocke aujourd’hui les systèmes d’armes et les munitions pour la Flotte de l’Atlantique et le commandement des forces navales. Son rôle est donc considérable.

Fort Eustis, construit en 1918, se déploie à la fois sur la péninsule et sur la Mulberry Island qui longe vers le sud tout le littoral de la James River. IL accueille en particulier depuis 1973 l’United States Army Training and Doctrine Command (TRADOC) qui pilote l’entrainement de l’armée de terre. On y trouve aussi une brigade de transport.

Le Camp Perry, enfin, se trouve plus au nord, hors image zoom, sur la York River lui aussi. Ouvert en 1942, il est situé près de Williamsburg et couvre 37,5 km². C’est un site ultra-sensible et donc hyper-protégé. Il sert en effet de lieu d’entrainement pour la « direction des opérations » de la Central Intelligence Agency, la fameuse CIA, pour le service des opérations clandestines de la DIA, la Defense Intelligence Agency, bien moins connue du grand public, et pour l’US Navy.


Newport News


Repères géographiques

Zoom 3. L’entrée de la baie de la Chesapeake et le sud de la péninsule

Cette image du sud de la Delmarva Peninsula permet de bien identifier les trois grands systèmes organisant d’est en ouest celle-ci. L’importance des marais amphibies se déployant à l’arrière du cordon dunaire est considérable. De même, l’image permet de mieux visualiser le fameux pont-tunnel de la Chesapeake Bay de 37 km de long, dont 24 km entre les deux berges.


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Repères géographiques

Zoom 4. La région littorale méridionale

Cette image porter sur la région littorale méridionale. L’étroit cordon littoral est urbanisé jusqu’au parc naturel national. La relative solidité du cordon littoral isole d’immenses lagunes alimentées par l’arrivée des rivières telle la Pasquotank River, qui coule longtemps parallèle au rivage.


La région littorale méridionale


Repères géographiques

Image complémentaire

Norfolk : une situation et un site exceptionnels à l’entrée de la Chesapeake Bay

Norfolk


Une vue régionale de la Chesapeake Bay et de la morphologie littorale. Cette échelle d’analyse permet de souligner à la fois la grande spécificité de la Chesapeake Bay et la qualité exceptionnelle de la situation et du site de la base navale de Norfolk.


D’autres ressources

Ressources et bibliographie

Sur le site Géoimage : les grandes bases navales du Mainland étasunien

Etats-Unis - Californie. San Diego : une des plus grandes bases militaires navales sur l’Océan pacifique
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/californie-san-diego-une-des-plus-grandes-bases-militaires-navales-sur-locean-pacifique

Etats-Unis - Kitsap-Bangor : la plus grande base sous-marine nucléaire stratégique au monde
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/etats-unis-kitsap-bangor-la-plus-grande-base-sous-marine-nucleaire-strategique-au-monde

Etats-Unis - Kings Bay : la grande base sous-marine nucléaire stratégique de l’Atlantique
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/etats-unis-kings-bay-la-grande-base-sous-marine-nucleaire-strategique-de-latlantique


Le site propose par ailleurs un vaste panorama des grandes bases militaires dans le monde à l’adresse suivante :
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/geopolitique-geostrategie-points-chauds


Bibliographie

Laurent Carroué : Atlas de la mondialisation. Une seule terre, des mondes, collection Atlas, Autrement, Paris, 2020.  

Laurent Carroué : Géographie de la mondialisation. Crises et basculements du monde, collection U., Armand Colin, Paris, 2019.

Pierre Royer : Les Etats-Unis, maîtres des mers, Revue Hérodote, n°163, 4/2016.  

Laurent Carroué : « Géopolitique des mers et des océans » (chap. 9), in Philippe Deboudt (direct) :  Géographie des mers et des océans, Armand Colin, Paris, 2014.  

Contributeur

Laurent Carroué, Inspecteur générale de l’Éducation nationale, du Sport et de la Recherche, directeur de recherche à l’Institut Français de Géopolitique de Paris VIII. 

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