10 Septembre 2022

Pays-Bas - Le pays des polders aux défis des changements globaux, entre protection littorale et réformes du modèle agricole

Sur la Mer du Nord dans le delta du Rhin, les Pays-Bas (419 hab./km2) se sont construits face à la mer sur un territoire dont la moitié est submersible, car sous les cinq mètres d’altitudes. Au prix de travaux séculaires gigantesques, ils se sont dotés d’une des économies les plus avancées et les plus ouvertes au monde. Ils sont ainsi devenus le 2em exportateur agricole mondial, en s’orientant vers certaines spécialités (lait, viande, horticulture). Mais les effets du changement global soumettent le pays à des défis majeurs tels l’élévation prévisible du niveau marin, l’instabilité des apports en eaux fluviales liés aux sécheresse (cf. été 2022) ou la renégociation d’un modèle de croissance agricole parmi les plus intensifs au monde au prix de larges pollutions et de rejets massifs de Co2 qui accélèrent en retour le changement global. Dans tous les cas, l’État et la société sont aujourd’hui contraints de s’interroger sur les meilleures réponses à adopter afin de promouvoir un nouveau modèle de développement réellement durable.
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Légende de l’image

Cette image des Polders dans le nord des Pays-Bas a été prise par le satellite Sentinel-2A le 20 avril 2022. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.

Contient des informations © COPERNICUS SENTINEL 2022, tous droits réservés


Repères géographiques

Présentation de l’image globale

Les polders : un pays conquis sur la mer face aux enjeux multiformes du changement global

Nous sommes ici au nord des Pays-Bas. S’étendant sur 41.865 km2, soit 300 km Nord/Sud et 150/200 km Est/Ouest, ce petit pays occupe une situation privilégiée et stratégique : il est au débouché du système rhénan, qui constitue un axe continental majeur sur une des mers les plus fréquentées du monde, la Mer du Nord. Comme le montre bien l’image, cet espace a été depuis des siècles littéralement façonné par un combat entre l’eau - qu’elle soit d’origine marine, fluviale (débit du Rhin : 69 milliards m3/an) ou pluviale (750 mm/an) - et les hommes.

Largement conquis sur la mer au prix d’efforts et d’investissements colossaux pluriséculaires, les Pays-Bas - dont il convient de souligner les fortes densités démographiques (419 hab./km2) - doivent aujourd’hui faire face à des défis majeurs du fait du changement global : l’élévation prévisible du niveau marin et la modification du régime des précipitations et des apports en eaux (cf. sécheresse de l’été 2022 sur tout le bassin du Rhin) d’un côté, la renégociation d’un modèle de croissance agricole parmi les plus intensifs au monde au prix de larges pollutions et de rejets massifs de Co2 qui accélèrent en retour le changement global.    

Un milieu littoral amphibie construit par les hommes face à la mer

Un contact terre/mer fragile. Il s’effectue par un étroit cordon littoral qui constitue 75 % du liseré côtier. Ce système d’accumulation dunaire de sable est étroit et fragile face aux courants marins et aux tempêtes comme l’illustra dramatiquement la grande catastrophe de la Toussaint 1170 qui aboutit à une invasion maritime créant le Zuiderzee et de la mer des Wadden. De Rotterdam (hors image) au port militaire de Den Helder, les dunes de sable sont d'autant plus protégées que la pression récréative, touristique, démographique et urbaine est considérable. Du fait de l’absence de cordon naturel protecteur, les provinces de Frise et de Groningue au Nord bénéficient de la construction d'une très haute digue.

Un espace en creux largement conquis sur la mer. Les termes Pays Bas, ou Nederland (basses terres), et Hollande - ou Hol-Land (pays creux), symbolisent les contraintes du milieu d'un pays topographiquement coupé en deux. A l'Est (Limbourg, Campine, Overijssel, Drenthe) se trouvent les terres d'une altitude supérieure à 5 m. constituées de calcaires ou de sables, parfois dominées par des moraines (Veluwe). Ces hauteurs sont présentes sur l’image par un étroit liseré brun (couvert forestier, landes) dans le l’angle Sud-Est. A l’opposé, à l’Ouest et au Nord, se trouvent les basses terres qui couvrent l’essentiel de l’image. Dans la région d’Amsterdam, l’Alexanderpolder se trouve à - 6,7 m. Enfin, 18,5 % du pays est couvert d’eau.

Aujourd’hui, un quart du pays - accueillant 60 % de la population - se trouvent sous le niveau de la mer et 29 % est en position submersible. Au total, toute la moitié occidentale est menacée, car sous la cote des 5 m d'altitude (doc. 3.), alors qu’elle est la plus densément peuplée, la plus riche – en réalisant 2/3 de la richesse nationale - et la plus dynamique.


Doc.3 : cartes hauteurs et population sous le niveau de l'eau


Doc.4 :  carte des Polders 1957


Doc.5 : Type de culture

La question nouvelle de l’affaissement des sols. Une grande partie des zones basses du pays – en particulier les régions de Groningue et du Flevoland présentes sur l’image -  est déjà ou va être confrontée à un processus d’affaissement des sols d’ici 2050, une sérieuse menace pour le pays, du fait du tassement des sols, très meubles du fait de leur nature pédologique (argiles, sables, tourbe...) et de l’oxydation de la tourbe. Ceci s’explique soit par des décennies d’extraction gazière en Groningue, soit dans les autres régions par l’abaissement artificiel des nappes phréatiques au profit de l’agriculture qui déstabilise les sols tourbeux. 10 % du territoire est concerné, rural et urbain, avec parfois des affaissements de plus de 60 cm par endroit. Le prix du renforcement des immeubles, des entreprises, des infrastructures et des sols agricoles est évalué à 22 milliards d’euros.

Poldérisation et conquêtes territoriales. Sur l’image, les polders occupent une place considérable, les dates de création s’y étalant de 1603 à 1968 (zoom 3). Cette précoce et permanente maîtrise des eaux n'est possible que grâce à un travail acharné, des investissements considérables (17.500 km de digues), des progrès techniques et technologiques constants et un sens aigu des intérêts de la collectivité qui s'épanouit dans un cadre politique et administratif traditionnellement décentralisé.

C'est surtout au XVIIe siècle que débute réellement l'assèchement des premiers grands lacs, dont le Haarlemmermeer situé au sud-ouest d'Amsterdam. On utilise alors l'énergie éolienne – d’où ces paysages célèbres de moulins à vent - qui sera remplacée par les pompes à vapeur au charbon au XIXem siècle. Grâce à la mobilisation d’importants capitaux, d’une vraie stratégie politique et de l’évolution des technologies disponibles, la superficie de l’espace poldérisé passe de 350 km² au XIIe siècle, à 500 km² au XVIIIe siècle, puis 1.170 km² au XIXe siècle pour atteindre 7.150 km² aujourd’hui, soit 17 % de la surface du pays. Le savoir-faire acquis par les Hollandais est tel qu'ils sont appelés dans toute l'Europe, en particulier par la France de Louis XIV pour aménager son littoral Atlantique.

Dans ce processus, l’État néerlandais joue un pôle majeur avec, par exemple la création du Rijkswaterstaat en 1798, l’extension de la propriété́ publique aux zones inondables en 1806 ou le Programme national d’aménagement des rivières en 1850. On le retrouve à l’initiative des grands polders du Flevoland ou du Plan Delta qui réaménage complètement l'estuaire commun à l'Escaut, la Meuse et au Rhin à la suite de la grande catastrophe de 1953. Aujourd’hui, la Loi sur l’Eau de 2009 a unifié – et donc clarifié au plan législatif, politique et administratif – les neuf lois sectorielles préexistantes en insistant sur une gestion systémique intégrée de l’eau et sur la répartition des compétences principales entre l’État et les Régies d’un côté, secondaires entre les Provinces et les municipalités (cf. collecte et évacuation des eaux pluviales et souterraines) de l’autre.   

L’exemple de la Zuiderzeeland Regional Water Authority. Dans ce contexte, le pays s’est doté d’autorités spécifiques organisant la gestion des aménagements et de l’eau à un niveau d’échelle administrative et politique supérieure afin de garantir la cohérence des stratégies publiques.  Au-delà des collectivités territoriales comme les provinces et les municipalités, la ZRWA est par exemple une autorité administrative, ou régie régionale, assurant la gestion des eaux à l’échelle régionale de l’image : niveau d’eau, digue, protection contre les inondations, sécheresse, traitement des eaux usées.... Elle couvre les trois polders du Flevoland oriental et méridional et du polder du Nord-Est, dont le point le plus bas se trouve à – 5 m., soit 150.000 ha. et 365.000 habitants.

Les défis à relever face au changement climatique et à la montée des eaux marines

Un nouveau rapport à l’espace et aux territoires. Après des siècles d’hégémonie d’une culture technicienne, le pays connait à partir des décennies 1970/1980 une montée des préoccupations environnementales comme en témoigne la nouvelle doctrine de gestion intégrée de l’eau adoptée par le Rijkswaterstaat. Ce processus va changer pas mal de chose : protestations contre la construction du barrage anti-tempête sur l’Escaut occidental, revalorisation des zones humides, projets de déversoirs pour amortir les crues fluviales, restauration des lits fluviaux...

Dans cet espace rare objet de vives concurrences entre affectations fonctionnelles, une attention plus grande est faite aux réserves naturelles et aux espaces récréatifs au détriment souvent des espaces purement agricoles. Puis dans les années 1980, la poldérisation du pays est remise en cause, puis arrêtée : le projet du Markerwaard est réduit de 60.000 à 41.000 hectares puis abandonné, tout comme celui du Waddenzee (100.000 ha. prévus). En effet ces travaux modifient les équilibres des terrains avec la disparition de la masse d'eau qui les recouvrait et les équilibres environnementaux. De plus économiquement, ces conquêtes très couteuses de terres nouvelles ne sont viables que grâce à une agriculture hautement intensive ou à la création d'espaces urbains. Avec la surproduction agricole et la Politique Agricole Commune de l'Union Européenne, un plan de remise en eaux de 10 % des polders sera même en négociation en 1993.

Le changement climatique : de nouveaux enjeux d’aménagement. Du fait de la spécificité du pays, les autorités politiques et l’opinion publique sont de plus en plus sensibles aux enjeux posés par le changement climatique, en particulier par l’élévation du niveau des eaux marines. Alors que les eaux de surface océanes se sont réchauffées de + 0,85°C entre 1880 et 2012, certains scénarii estiment possible une élévation de + 20 cm d’ici 2060 du niveau marin, du fait de la dilatation thermique des océans et de la fonte des glaciers et inlandsis.

Certains chercheurs de l’Université d’Utrecht évaluent dans leur scénario une possible montée de 1,50 à 1,80 m. du niveau marin d’ici la fin du XXIem siècle. On s’attend aussi à une augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité des évènements extrême. On s’attend enfin avec l’élévation du niveau marin à des dynamiques de pressions différentielles entre milieux qui aboutiront à des infiltrations croissantes d’eaux salines dans les régions littorales des provinces de Zélande, de Frise et de Groningen en particulier, et dans les polders dans les provinces d’Hollande du Nord et du Sud et dans le Flevoland.      
 
Dans ces conditions et face à ces défis majeurs, le pays se lance dans de nouveaux projets. En novembre 2016 s’achève un vaste programme de travaux s’étalant sur huit ans visant à consolider sur sept sites 89 points de possibles fractures des digues maritimes ou fluviales. On assiste aussi au renforcement ou au rehaussement de la grande digue protectrice de l'Afsluitdijk (zoom 2). Le développement d’une meilleure défense littorale se traduit aussi par la construction entre 2011 et 2021 vers La Haye de Sand Motor, une île littorale artificielle de 128 ha. chargée d’engraisser le trait de côte de manière naturelle en captant les charges sédimentaires transportées par les courants marins littoraux.

Une agriculture intensive et extravertie au défi d’un modèle plus durable

Un espace intensivement mis en valeur : un territoire-mosaïque

Comme le montre l’image, le territoire néerlandais se caractérise par une surface agricole utile limitée en surface (1,82 million ha.), du fait de la petite taille du pays, de l’importance des surfaces en eaux (mer, lacs, étangs, fleuves, canaux...) et des espaces urbanisés. Comme le montre bien la couleur verte, les pâturages constituent 54 % de la surface agricole utile (SAU), loin devant les terres arables (29 %), les plantes fourragères (11 %) et l’horticulture et le maraichage (6 %).

Cette carte établie par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) à partir du traitement numérique des 800.000 parcelles agricoles du pays témoigne des logiques territoriales de spécialisation. Ainsi dans l’élevage, la filière bovine-lait est essentiellement localisée sur l’image dans le Nord, alors que la filière porcine hors-sol se trouve dans le Sud et la filière avicole dans le Sud-Est (Brabant du Nord, Gueldre). Les cultures arables se concentrent sur l’image en Groningue et Flevoland, puis dans le Drenthe à l’Est et la Zélande au Sud. A côté des céréales (blé, orge), de la betterave sucrière, et des légumes de plein, la pomme de terre, principalement destinée à l’exportation, est importante avec un tiers des terres arables.

L’ensemble est piloté par un complexe agro-industriel puissant et influent, techniquement et géographiquement très intégré. Ainsi, créé en Frise en 1871, le groupe FrieslandCampina est la principale coopérative laitière du pays et le 7em groupe laitier mondial. Il mobilise en particulier 10.500 exploitations aux Pays-Bas et 5.200 en Belgique et en Allemagne. Le groupe est au total présent dans 32 pays avec 23.000 salariés, dont 13.000 en Europe. Comme en témoigne l’image (doc. 9), FrieslandCampina quadrille très régulièrement les différents bassins herbagers et laitiers grâce à cinq usines de ramassage et de transformation. Sous la pression de FrieslandCampina à la recherche permanente de nouveaux marchés mondiaux (cf. Chine...), la production nationale de lait passe de 11.155 à 14.943 milliers de tonnes ces dix dernières années.

Un petit pays devenu un géant agricole mondial fortement exportateur

Malgré des sols médiocres, les Pays Bas sont devenus le 2em exportateur mondial de produits agricoles et agro-alimentaires derrière des Etats-Unis. 72 % des exportations ressortent à des biens agricoles produits dans le pays et 28 % à des biens agricoles réexportés en provenance d'autres pays du fait du rôle continental du port de Rotterdam comme place d’import/export. Ce rang s’explique par de longues traditions marchandes (invention des marchés au cadran...), un secteur bien structuré (coopératives dès 1886), une très forte intégration (sphère publique/sphère privée, gouvernement/ acteurs agroalimentaire ou recherche/ monde universitaire, agriculture/agro-alimentaire) et une culture très libérale d’ouverture et de concurrence au profit des lois du marché comme en témoignent les positions de La Haye dans l’Union européenne sur la Politique agricole commune.


Types de culture


Friesland Campina Nord bays Bas

Si le nombre d’actifs et d’exploitations dans l’agriculture ne cesse de baisser, les unités restantes ne cessent de s’agrandir et de se renforcer. Du fait de sa forte intégration verticale, les industries agro-alimentaires réalisent 24 % de la production industrielle avec 660.000 salariés, ce qui est exceptionnel. Ce modèle intensif (engrais, serres, élevages hors-sols...) est particulièrement gourmand en technologies (recherche, innovations, start-up issues des laboratoires...) et en capitaux. On doit en particulier souligner le prix du foncier agricole qui atteint en moyenne 60.000 euros/ha., dix fois les prix français.

La valeur de la production agricole est dominée par les productions végétales (50 %), devant les productions animales (38 %) et les services et activités annexes (12 %). Les principales filières productives sont l'horticulture, la viande, les produits laitiers et les fruits et légumes (cf. tomates, concombres sous serres chauffées au gaz naturel), complétées par les exportations de biens (serres, machines) et de services du complexe agro-industriel. Alors que le pays est le plus grand exportateur de viande de l’UE, le cheptel animal est particulièrement important avec près de quatre millions de bovins, dont 1,6 million de vaches laitières, 12 millions de porcs et 100 millions de poulets. Pour autant, une bonne partie de l’alimentation animale doit être importée, en particulier les tourteaux et farines de soja et l’huile de palme brute respectivement du Brésil et d’Indonésie /Malaisie, deux produits et trois pays en pointe dans la déforestation de la zone intertropicale – et le maïs d’Ukraine ou le blé de France.    

Plan gouvernemental de réduction des émissions d’azote : accompagnement vers une transition du modèle agricole et crise de l’élevage

Mais ce modèle particulièrement intensif est de plus en plus dénoncé pour ses impacts environnementaux. En effet, si la moyenne de pesticide à l’hectare tombe de 12 kg à 8,8 kg entre 2000 et 2019, elle demeure particulièrement élevée (All. : 3,8 kg, France : 4,46 kg), tout comme celle des fertilisants inorganiques (nitrogène, phosphore, potassium) qui tombent de 361 kg à 250 kg/hectare. En 2021, Statistics Netherlands (CBS) évalue la quantité totale d'azote rejeté par le bétail néerlandais à 471.000 tonnes et celle de phosphate à 148.000 tonnes. Le pays est ainsi l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre européen, en particulier d'oxyde d’azote. Le secteur agricole est responsable de 15 % des émissions de gaz à effet de serre et de 46 % des dépôts d’azote à l’échelle nationale, en particulier via les engrais et le lisier. Il suffit de rouler dans les campagnes lors des périodes d’épandage dans les champs pour se rendre compte des contraintes subies en permanence par les habitants des zones rurales.  

C’est dans ce contexte que par deux fois – juin 2015 puis octobre 2018 - la justice néerlandaise a ordonné au gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) sur son territoire. Il faut attendre la nouvelle coalition politique arrivée au pouvoir pour que le Parlement adopte une réduction des émissions de gaz à effet de serre de - 49 % d’ici à 2030, par rapport à 1990, et de - 95 % d’ici à 2050 par rapport à 1990. Au-delà de la fermeture des centrales à charbon, l’agriculture est l’un des principaux secteurs visés aux côtés de l’aviation, des transports, de la construction de routes et du logement.

Le gouvernement veut en particulier réduire les rejets d'oxyde d’azote (NOx) jusqu'à - 70 % dans les 130 zones-clés les plus proches en particulier des réserves naturelles et des terres protégées Natura 2000. Pour les agriculteurs concernés, une baisse des émissions de - 40 % suppose la réduction d’un tiers du bétail, du fait de la dédensification du nombre de bêtes à l’hectare. La Haye se lance donc dans un vaste projet d’accompagnement vers une transition du modèle agricole néerlandais. La chose n’est pas nouvelle. Il y a une quinzaine d’années, le gouvernement avait déjà mis en place de vastes programmes de rachats lors la « crise des nitrates », le nombre d’exploitations se réduisant environ de moitié. Depuis 2017, le lent recul de la quantité d'azote excrété par le cheptel national est directement lié à la réduction des troupeaux de vaches, de broutards et de veaux.

Alors qu’au printemps 2022, les grands espaces herbagés et laitiers de la Frise couverts par l’image s’enflamment sous les effets de nombreuses manifestations d’agriculteurs opposés à ces plans, le « programme national pour les zones rurales » prévoit un fond de transition » de 25 milliards jusqu’en 2035 : extensification, reconversion, innovation, réserve foncière pour les jeunes, protection intégrée des cultures, relocalisation, bien-être animal, santé publique... Dans l’horticulture, les exploitants sont soumis depuis 2020 à un objectif de neutralité carbone pour leurs nouvelles serres et se voient appliqués des plafonds d’émissions de CO2.

Zooms d’étude

1. La Mer des Wadden et le cordon littoral : un héritage cataclysmique aujourd’hui largement valorisé

Les iles Frisonnes et la mer des Wadden : un système maritime protégé et valorisé

Face à un littoral bas s’étend au ras des eaux une série d’îles à une distance de 10 à 20 km de la côte : Texel, Vlieland, Terschelling, Amelad. Toutes semblables par leurs formes allongées et étroites, leurs structures dissymétriques opposant un cordon dunaire maritime à un littoral intérieur amphibie (...), ce sont les îles Frisonnes occidentales. Ce type de côte littorale se déploie sur 450 km puisqu’on le retrouve aussi en Allemagne (Basse-Saxe puis Schleswig-Holstein) puis au Danemark avec successivement les iles Frisonnes orientales puis les iles Frisonnes septentrionales.

Cette structure régionale est un héritage morphologique lié à un évènement cataclysmique : la rupture lors de la Toussaint 1170 du cordon dunaire de la Mer du Nord par une immense tempête qui conduisit à l’invasion marine de la région au prix de milliers de victimes et de la création d’une immense mer intérieure d’eau salée, le Zuiderzee. Les îles de la Frise sont donc des îles qui telles des reliques témoignent de la position du tracé de l’ancien littoral médiéval. Entre elles et le littoral contemporain de la Frise se déploie aujourd’hui le Waddenzee, ou Mer des Wadden, qui couvre au total 10.000 km2 sur les trois pays (Wattenmeer, puis Vadehavet).  

Comme le montre l’image, la Mer des Wadden est un vaste milieu amphibie largement marqué par le jeu des marées et des courants marins en lien avec un très vaste estran. Les volumes d’eau brassés sont colossaux, tout comme les courants qui utilisent les passes entre chaque île. Dans ce système mouvant, les lagunes, vasières, barres sableuses et dépôts insulaires sont toujours remaniées. Du fait de la richesse de son écosystème, la Mer des Wadden est reconnue comme réserve de biosphère par l’UNESCO depuis 1990. Du fait de son caractère singulier, cet espace insulaire est survalorisé par les activités balnéaires et touristiques grâce à une série de ferries partant de Den Helder (hors image, au sud) ou Hartlingen.

La Frise : deux systèmes agricoles juxtaposés, labours et herbages

La Frise présente de toutes autres caractéristiques. Dominée par l’agglomération de Leeuwarden, la capitale régionale de 100.000 habitants, cette région densément peuplée (100 h./km2) est largement consacrée à l’agriculture comme en témoigne bien l’image.  Deux systèmes bien différenciés s’y déploient.

A l’ouest, une bande littorale apparait en clair, plus ou moins large. Elle est consacrée aux labours sur les sols les plus récents gagnés sur la mer et protégée par une immense digue qui rend difficile l’accès au rivage. On peut rouler des dizaines de kilomètres le long du littoral frison sans jamais voir la mer située juste derrière une immense digue de protection.

En arrière dans l’intérieur, les basses terres, systématiquement drainées, sont largement consacrées à l’herbage, d’où cette couleur verte sur l’image. L’élevage bovin et à la production laitière y sont prédominants, même si le troupeau recule de 700.000 à 525.000 têtes entre 1980 et 2020. Dans cette région, la résistance au projet gouvernemental de réduction des émissions d’azote est particulièrement forte.  Nous sommes là aussi dans un des bastions productifs du groupe coopératif FrieslandCampina qui y possède quatre usines (doc 6.).


Iles Frisonnes et mer des Wadden


Repères géographiques


Mer des Wadden systeme régional

2. Hollande du Nord, Den Helder et la grande digue de l'Afsluitdij : consolider les défenses face à l’élévation du niveau marin

Les trajectoires rurales et agricoles de la Hollande du Nord : mosaïque de terroirs et fines spécialisations productives.

Au sud des iles Frisonnes, l’île de Texel ferme le principal accès au Waddenzee par le Marsdiep précédé de la petite île du Noordderhakks. Ce site occupe une place géostratégique majeure avec la présence de Den Helder, ville de 60.000 habitants qui accueille surtout le grand port militaire néerlandais, les Pays-Bas appartenant à l’OTAN.

Cette image témoigne de la manière dont l’espace rural s’est construit dans toute la Hollande du Nord sur un long et ancien processus de poldérisation débutant à l’est d’Alkmaar, pôle urbain de 100.000 habitants qui sert de capitale régionale, entre 1603 et 1635 (cf. Beemster en 1612, Schermer en 1635...).  Son célèbre marché au fromage hebdomadaire, au-delà de son actuelle fonction touristique, vient rappeler dès le Moyen-Âge l’importance économique de la production et de l’exportation de fromage - sous forme de pâtes pressées facilement transportable - pour le marché d’Europe occidentale qui fit la richesse de la ville et de son bassin agricole. L’espace agricole productif de ce bassin laitier régional dominé par le groupe FrieslandCampina (doc. 6), qui apparait bien en vert à l’est de la ville, est cependant grignoter par de nouvelles activités plus lucratives.   

Au nord-ouest, la région de Den Helder – seul port militaire du pays – forme un triangle bien individualisé conquis sur la mer par quatre polders entre 1599 et 1847. Ces terres littorales légères et sableuses constituent la terminaison septentrionale de la grande bande de cultures florales – une activité particulièrement intensive – qui couvre tout le littoral de la Hollande.  

Enfin au nord-est, le polder de Wieringermeer est bien identifiable par sa forme et sa structure. Lancé en 1927, il est achevé à l’été 1930. Par sa taille, il fut alors l’un des grands chantiers du Royaume grâce en particulier à l’électricité et au diesel qui décuplèrent les moyens techniques mobilisés. Il couvre 200 km2, consacré à 87 % à l’agriculture. Bien visibles sur l’image, le découpage hiérarchisé du parcellaire, la localisation des villages et des exploitations rangées régulièrement le long des axes et l’importance des canaux de drainage sont emblématiques de ces grandes opérations d’aménagement. Comme le montre bien l’image, il est largement destiné aux labours, avec cependant au sud-est un important espaces de serres qui apparait en gris.  

Les exploitations horticoles de la Hollande du Nord.

Traditionnelle depuis 1594, les exploitations horticoles – dans lesquelles on classe légumes (laitues, concombres, tomates...), fruits, bulbes et fleurs - sont majoritairement concentrées sur la côte ouest hollandaise, avec d’un côté une horticulture en plein air, ou en pleins champs, et de l’autre une horticulture sous serre.

Le secteur joue un rôle important dans la valeur totale des productions agricoles néerlandaises. La production de fleurs (oignons et fleurs coupées : jacinthes, dahlias, lis, glaïeuls, crocus) et l'horticulture ornementale (produits des pépinière) sont emblématiques des Pays-Bas qui produisent 70 % de la production mondiale de bulbes à fleurs et de plantes d'ornement, réservée à 91% à l'exportation. Aux Pays-Bas, 4,5 % de toutes les dépenses de R&D sont consacrées à la filière horticole ; cela s'élevait à 0,8 milliard d'euros en 2017. Par exemple, les innovations dans les domaines des serres et autres technologies horticoles ainsi que la sélection et la propagation des semences et des plants

Cette réussite tient à la fois de traditions anciennes, d'une mobilisation de capitaux et d'acteurs exceptionnels et d'une capacité à organiser les réseaux commerciaux de collecte, traitement et exportation. Les premiers marchés au cadran, mis en place à la fin du XIX siècle et largement concentrés, ont un monopole des ventes sur une production organisée en trois grands marchés (Centre, Nord, Sud Est). Cette activité explique aussi le rôle des Pays-Bas et de l’aéroport de Schiphol dans le commerce mondial des fleurs (cf. roses de Tanzanie ou d’Éthiopie importées et reexportées).  

La grande digue de l'Afsluitdijk : du Zuiderzee à l’Ijsselmeer.

La création du polder du Wieringermeer en 1927/1930 s’inscrit dans un énorme projet de conquête et de poldérisation du Zuiderzee, cette vaste mer intérieure Il faut pour cela l’isoler grâce à la construction d’une immense digue : l'Afsluitdijk. Lancée en janvier 1927, elle est achevée en mai 1932 au bout de cinq ans de travaux harassants. Longue de 32 km, elle sépare dorénavant la Mer des Wadden d'un vaste ensemble intérieur qui devient l'Ijsselmeer, une nouvelle mer intérieure d'eau douce de 1.262 km2. A chaque extrémité se trouvent deux systèmes d’écluses - Den Oever et de Kornwerderzand - permettant la navigation.

L'Afsluitdijk joue un rôle essentiel dans la protection du territoire des Pays-Bas de la mer comme le rappel les grandes inondations de 1916 dans toute la région du Zuiderzee qui avaient provoquées d’énormes dégâts et de nombreuses victimes. Mais elle date aujourd’hui de huit décennies et le Rijkswaterstaat, l’organisme public en responsabilité des grands équipements de protection, estime que sa structure actuelle ne répond plus aux enjeux posés par les changements globaux, en particulier la hausse du niveau marin et la multiplication possible des évènements météorologiques extrêmes combinant par exemple une puissante marée montante à fort coefficient et une tempête extrême du nord-ouest balayant la mer du Nord.

L'Afsluitdijk : consolider les défenses face au changement global et à l’élévation du niveau marin.

Les travaux de rénovation coutent 500 millions d’euros. Le corps de la digue va être élargi et surtout surélevé de + 2 m et la couverture de protection changée. Techniquement, les anciens blocs de béton vont être remplacé par des blocs de basalte dans la partie inférieure de 6.500 kg chacun afin de mieux absorber l’effets des vagues.

De même, les écluses de navigation de Den Oever et de Kornwerderzand vont être renforcées. En particulier, le versant sur la mer de Wadden va être équipé de barrières anti-tempête qui seront fermées lors des évènements météorologiques extrêmes. Enfin, des écluses supplémentaires et une nouvelle station de pompage vont être installées à Den Oever afin d’augmenter les volumes d’eau rejetés de l'IJsselmeer dans la mer des Wadden.


Den Helder et la grande digue


Den Helder

3. Le Flevoland : la création d’une nouvelle région des polders

La conquête de nouveaux espaces sur la mer : poldérisation et nouveaux territoires

Cette image couvre la partie orientale de l’Ijsselmeer et les trois derniers grands polders du pays : le polder du Nord-Est (480 km², entre 1927 et 1942), le polder de l’Est ou Flevoland Oriental (540 km², entre 1950 et 1957) – le plus grand du pays - et le polder du Sud ou Flevoland Méridional (430 km², entre 1957 et 1968). Durant les Trente Glorieuses, ces gigantesques travaux bénéficièrent de capitaux publics importants et de nouveaux outils techniques plus puissants : dans le Flevoland oriental, 1,4 milliard m3 d'eau furent pompés en huit mois.
   
Comme le montre l’image, ces grandes opérations de travaux publics et d’aménagement produisent un nouveau territoire spécifique. Ces basses terres situées sous le niveau de la mer sont protégées par de puissants systèmes de digues emboitées de 250 km de long. Afin d’évacuer les eaux, un vaste système de drainage bien hiérarchisé, des watergangs aux chenaux principaux de 69 km, est installé qui débouche sur 7 stations de pompage ; il est complété par cinq stations d’épuration.

La construction de ces polders permet en 1986 la création d'une douzième province : le Flevoland. Peuplée de 423.000 habitants, soit 299 hab./km², elle a pour capitale la ville nouvelle de Lelystad (60.000 hab.). On doit signaler depuis leur création d’importants débats sur leurs fonctions et l’affectation du foncier. Si au nord la fonction agricole domine très largement, la fonction résidentielle et urbaine est plus marquée dans le polder de l’Est avec Dronten (- 2 m.) et Lelystad et, surtout, dans le Polder du Sud avec Almere (80.000 hab.) qui se développe en devenant une banlieue résidentielle de la Randstad Holland dans l’aire directe d’influence d’Amsterdam avec laquelle elle est bien reliée par les transports. La succession de bulles immobilières spéculatives, portées par un endettement privé considérable, explique que les polders du Flevoland sont de plus en plus prisés comme nouveaux espaces de résidence face aux prix de plus en plus inaccessibles de la Hollande du Sud.

Une agriculture très intensive en débat

La mise en valeur agricole de ces terres nécessita une phase transitoire de création de nouveaux sols en cultivant les premières années les roseaux, puis la luzerne et le colza avant que se développent blé et betterave grâce à d'importants apports d'engrais.

Historiquement, les exploitations de ce front pionnier pouvaient couvrir 17 à 20 ha., avant qu’un vaste processus de concentration économique et technique débouche aujourd’hui sur des exploitations pouvant atteindre 200 ha., associant une partie en faire-valoir direct et l’autre en fermage. La pression sur le foncier y explique aujourd’hui le prix élevé des terres qui peut atteindre les 120.000 €/ha. à l’achat et 1500 à 2000 €/ha./an à la location.  

Dans cette agriculture hautement capitalistique et intensive, les exploitations visent souvent une forte rentabilité obtenue en associant des cultures de base, comme les céréales, aux cultures plus spéculatives (bulbes à fleur) ou complémentaires (fourrage) pour le marché ou la vente directe (oignons, pommes de terre). A ceci peut s’ajouter des revenus complémentaires comme la location de sites d’implantation des éoliennes (50.000 €/an). Comme dans tous les Pays-Bas, le modèle agricole néerlandais associe en effet libéralisme, marché, forte intervention étatique et technologies dans un complexe agro-industriel intégré et innovant.


Flevoland


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Floevoland parcelles agricoles

4. Le Polder du Nord-Est

Couvrant 480 km², le Polder du Nord-Est – ou Noordoostpolder - est de la même génération des années 1930/1940 puisqu’il est achevé en 1942 en pleine occupation nazie du pays durant la Seconde Guerre mondiale. Couvant 480 km² et tombant à – 3m., il est consacré pour l’essentiel à l’activité agricole. Passant 28.500 à 46.500 habitants entre 1960 et aujourd’hui, ses densités sont élevées avec 102 hab./km².

L’image témoigne du décalage dans la trame et l’organisation foncière introduit par la création de ce polder par rapport à l’espace frison voisin plus traditionnel, dans lequel les parcelles sont de fines lanières juxtaposées. Ce caractère géométrique permet une mécanisation et une motorisation poussées du travail agricole et donc une productivité par actif agricole élevée. Au plan administratif, en dehors de la petite commune d’Ulk, tout le polder est dans la municipalité d’Emmellord. L’image fait bien apparaitre le quadrillage régulier de l’espace par les canaux et les chemins d’un côté, l’organisation de l’habitat et de l’urbanisation – de la ferme au hameau puis à la ville - de l’autre.  

Image prise par un satellite Spot 5


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5. Almere et le Polder du Sud : une nouvelle réserve foncière dans l’aire d’influence d’Amsterdam ?

Dans le Flevoland, le Polder du Sud – achevé en mai 1968 après neuf années de travaux – est donc le dernier-né des polders néerlandais. Il se caractérise par l’importance de ses espaces soustraits aux activités agricoles : espaces urbanisés, espaces naturels ou récréatifs, zones industrielles... Nous sommes en effet directement au sud-ouest dans l’aire d’influence de la métropole d’Amsterdam bien reliée à la région par l’autoroute A6 et les trains de banlieue. La population y passe de 17.500 habitants en 1971 lors de son lancement pionnier à 258.000 en 2000 pour atteindre 350.000 aujourd’hui.

Comme on peut le constater sur l’image, les périphéries d’Almere sous en pleine croissance urbaine vers Almere Poort ou les nouveaux quartiers en construction vers le Markermeer. Si les prix immobiliers et fonciers sont élevés, les Pays-Bas ayant connu ces dernières décennies une succession de grands cycles spéculatifs et des bulles d’endettement privé, ils sont toujours moins chers que dans l’agglomération d’Amsterdam. Dans ce contexte tendu où l’espace demeure contraint et donc rare, la possession d’une résidence secondaire est interdite ou très difficile. Face aux nécessaires mutations du système agricole et aux nouveaux enjeux environnementaux, la transformation du Polder du Sud en réserve foncière dans l’aide d’influence d’Amsterdam est un enjeu majeur d’aménagement et d’organisation du territoire.

Almere et Polder Sud- image Seentinel2B du 15 mai 2022


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6. Le Markermeer : l’arrêt puis l’abandon de la poldérisation au profit d’une nouvelle approche plus environnementaliste

Le projet d’un cinquième grand polder abandonné

L’image couvre la partie méridionale de ce vaste système de mer intérieure d’eau douce que constitue l’Ijsselmer. Longue de 28 km entre Lelystad et Enkhuizen et dotée de deux complexes d'écluses à chaque extrémité, la grande digue d’Houtribdijk - ou Markerwaarddijk – a été construite entre 1963 et 1975. Elle sépare alors le Markermeer (700 km2) de l’Ijsselmeer (1.250 km2), protège mieux la région Amsterdam et connecte la Holland du Nord au Flevoland par la route qui passe sur la digue. Le Markermeer devait devenir après assèchement le 5em grand polder, le Markerwaard (cf. doc 4). Mais après de multiples rebondissements et de longs débats publics, le projet est abandonné - en fait officiellement reporté, donc enterré – en septembre 1986.

Alors que la soif de nouvelles terres agricoles a en effet disparu avec l’adoption d’un modèle agricole de plus en plus intensif dans un cadre communautaire européen puis mondial nouveau, le coût des énormes travaux à engager a mis sur la table la question de la rentabilité économique réelle des polders. De plus, de nouvelles attentes sociétales se sont fait jour, insistant par exemple sur la valeur environnementale et récréative du Markermeer.

Marker Wadden : la création de nouvelles îles, un tournant environnemental  

Dans la décennie 2010, le tournant environnemental s’accélère avec l’apparition du projet de Marker Wadden, un groupe d'îles artificielles créées grâce à l’extraction des sables, des argiles et des boues du Markermeer. L’objectif est de rétablir des écosystèmes dans des réserves naturelles situées dans le nord du Markermeer, et qui seraient accessibles aux touristes mais sans présence humaine permanente.

Comme en témoigne l’image satellite, ces créations insulaires ont abouti à plusieurs réalisations bien visibles avec l’inauguration de la première île en septembre 2016. Ces choix s’accompagnent de la création du programme de connaissance et d'innovation Marker Wadden (KIMA) qui vise à conforter les Pays-Bas comme expert mondial dans le domaine de l'écologie, de l'ingénierie hydraulique et de la gouvernance de l'eau.



Markermeer - image Seentinel2B du 15 mai 2022


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D’autres ressources

Le site Géoimage et les Pays-Bas

Laurent Carroué : La Randstad Holland, un territoire littoral, agricole et urbain très aménagé
https://geoimage.cnes.fr/fr/la-randstad-holland-un-territoire-littoral-a...
 

Articles

Lydie Goeldner-Gianella : « Les représentations sociales des zones humides : quel lien avec l'action ? Analyse historique et cas de la dépoldérisation », Revue Sciences Eaux et territoires, n°24, 2017/3.
https://www.cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2017-3-page-10...

Lydie Goeldner-Gianella, « Changement climatique et dépoldérisation : le rôle des acteurs et le poids des représentations sociales sur les côtes d’Europe atlantique », Quaderni, 71 | 2010, 41-60.
https://journals.openedition.org/quaderni/527

Servane Gueben-Venière : « De l’équipement à la gestion du littoral, ou comment vivre avec les aléas météo-marins aux Pays-Bas ? », Site Géoconfluences, ENS de Lyon, 14 dec. 2015.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-th...

A.K. Constandse : L’aménagement d’un polder aux Pays-Bas : problèmes scoaiux et démographiques, Revue Population, 1957/12-3. https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1957_num_12_3_4852


Sites web

Zuiderzeeland Regional Water Authority : https://flevoland.archiefweb.eu/#archive

Site du Ministère des Infrastructures/  Rijkswatersstaat
https://www.rijkswaterstaat.nl/

Esa. Analyse agricole du Flevoland
https://www.esa.int/Applications/Observing_the_Earth/Copernicus/Sentinel...

https://www.esa.int/ESA_Multimedia/Images/2022/02/Crop_type_for_all_agri...

Contributeur

Proposition : Laurent Carroué, Inspecteur général de l’Éducation nationale, du sport et de la recherche, directeur de recherche à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII)

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