Turquie - Arménie - Azerbaïdjan - Iran. Le Mont Ararat : un noeud frontalier quadruple sous haute surveillance

Au centre de la région, qui se situe tout à fait dans le sud de la puissance chaîne du Caucase, se dresse le massif volcanique de l’Ararat au-dessus de la verdoyante vallée de l’Araxe. Hérissé de deux cônes, dont le plus élevé culmine à 5137 mètres et le second (dit « Petit Ararat ») à 3896 m, l’ensemble frappe par l’énergie du relief. Il s’agit aussi d’une zone aujourd’hui partagée entre quatre pays différents - Turquie, Arménie, Iran et Azerbaïdjan - où les tracés frontaliers ont enregistré de très nombreuses fluctuations et redéfinitions au cours des siècles. Cette image très composite associe des périphéries de l’Iran et de la Turquie, ainsi que de l’Azerbaïdjan, au cœur vital de l’Etat arménien avec sa capitale, Erevan, et les provinces peuplées d’Ararat et d’Armavir. Du fait des fortes tensions régionales, ces frontières sont soit fermées (Turquie/Arménie), soit équipées d’un haut mur difficilement franchissable (Turquie/Iran).

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Légende de l’image

Cette image de la région du mont Ararat,  a été prise le 18 septembre 2020 par le satellite Sentinel-2-B.  Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.

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Repères géographiques

Présentation de l’image globale


Une région frontalière sous haute tension et surveillance

Des frontières dans un contexte lancinant de tensions et de méfiances inter-étatiques

Marquée à partir du XVIème siècle par le contact entre les Empires persan et ottoman cette zone à la fois montagneuse et semi-aride a vu, à partir du XIXème siècle, s’ajouter l’ombre d’un troisième empire, l’Empire russe… Ces marges impériales furent donc très disputées et les frontières y furent singulièrement fluctuantes.  

La dernière renégociation des frontières date de 1932, quand, après une révolte kurde violemment réprimée, l’Iran a cédé à la Turquie le « Petit Ararat », contre une bourgade (Qotur), pour permettre à la Turquie de mieux contrôler les infiltrations sur son territoire par le col de Serdarbulak ouvert entre les deux Ararat. Aujourd’hui, les frontières opposent et clivent toujours, dans un contexte lancinant de tensions et de méfiances inter-étatiques. Et ce, dans un environnement fortement exposé aux risques sismiques, à la convergence (par subduction) entre plaque arabique et eurasienne.

Une mosaïque de sous-ensembles bien individualisés et complémentaires

Outre le central massif de l’Ararat au sommet encore – mais pour combien d’années ? - ponctué et souligné par un petit glacier, l’image donne à voir des sous-ensembles paysagers très contrastés, qu’il s’agisse de la morphologie, de la couverture végétale, des formes de mise en valeur agricole, de la densité de population ou de celle des infrastructures de transport. Pour autant, la région est marquée par un climat par un climat continental très sec (200 à 250 mm par an), aux étés chauds mais aux hivers très froids. Dans cet espace de hautes terres désertiques ou occupées par une steppe rase, l’arbre est rare, voire largement absent, et l’axe central de l’Araxe faut figure d’oasis.  

Au nord immédiat du massif désert, prenant l’ensemble en écharpe selon une orientation Nord-Ouest/Sud-Est, se dessine une zone très végétalisée, de relatives basses altitudes et de relatives fortes densités de population et d’implantation. C’est l’axe fertile de la rivière Araxe.

Plus au nord, le long de la rivière Hrazdan, affluente de l’Araxe, se devine bien une agglomération, en l’occurrence Erevan, la capitale de l’Arménie, frangée sur son flanc sud des deux provinces d’Ararat et d’Armavir.

Au nord-est, on a un ensemble beaucoup moins dense et plus élevé, striées de petites vallées nord-est/sud-ouest qui dévalent sur l’Araxe (rivière affluente de rive droite du fleuve Kura, qui se jette, en Azerbaïdjan dans la mer Caspienne !).

Au sud-ouest, de dessine une petite agglomération sur le piémont du massif de l’Ararat, qui commande un territoire accidenté, faiblement peuplé et mis en valeur.

Enfin au sud-est, les faibles densités dominent dans une ambiance très minérale, n’était-ce des liserés de verdure d’orientation ouest-est, ainsi que l’axe routier qui pénètre en Iran (région de l’Azerbaïdjan occidental / آذربایجان غربی) à partir du poste-frontière dont l’emprise est bien repérable.

Le Mont Ararat : un très haut volcan en position frontalière sous fortes tensions

Stratovolcan composite en sommeil depuis 1840, l’Ararat s’étend sur une superficie d’environ 1.200 km2, avec ses débris et ses épanchements de laves basaltiques, rhyolitiques et dacitiques (ou andésitiques), ses zones d’effondrement, ses spectaculaires formes d’éboulement (morphologie gravitaire).

L’Ararat – dont le glacier sommital se rétrécit rapidement : sa superficie est désormais inférieure à 10 km2 - est une montagne imposante, mythique et « contestée ». Pour les Iraniens, c’est la « Montagne de Noé/Khû-e Nûh », dont l’arche est encore recherchée et objet d’interminables polémiques. Pour l’Arménie, le mont Ararat - dénommé Masis ou Masik - est une montagne sacrée, dont l’Arménie actuelle est privée. Si d’Erevan, la capitale arménienne, et d’Echmiadzin, le grand centre religieux, on voit la montagne, cette omniprésence visuelle est douloureusement vécue.

Chaque pays a développé sa propre mythologie (nationaliste) de l’Ararat - que seuls les Occidentaux désignent ainsi ! - faisant violence à la valeur universelle de ce patrimoine à partager. Si la première ascension connue et passée à l’histoire remonte à 1829, le massif n’a jamais été vraiment ouvert au tourisme compte tenu de sa situation géopolitique sensible. En effet, jusque-dans les années 2000 il a été le théâtre d’affrontements armés entre guérillas kurdes et forces de sécurité turques ou iraniennes.

L’axe de la vallée de l’Araxe : un bassin intra-montagnard, un marqueur frontalier et un axe régional majeur

L’axe surbaissé - on est à 850 m au plus bas ! - de la vallée de l’Aras/Araxe se déploie au nord et à l’est de l’Ararat en traversant toute l’image. Se lisant très nettement, ce fossé d’effondrement, ou graben, est étiré sur une digitation, ou diramation, orientale de la grande Faille Est Anatolienne.

D’orientation globalement ouest/est, mais sur l’image nord-ouest/sud-est, et long de 1072 km, l’Araxe prend sa source près d’Erzurum en Turquie et rejoint en rive droite la Koura pour se jeter dans la Mer Caspienne. Sur l’image, le cours principal de l’Araxe sert de support pour définir la frontière entre l’Arménie au nord et la Turquie au sud puis entre l’Azerbaïdjan à l’est et l’Iran à l’ouest. Ce choix de l’hydrographie comme support frontalier aboutit localement à une curiosité géopolitique : sur 23 km de long se déploie un doigt de gant sous souveraineté turque limité à l’est par l’Araxe et à l’ouest par le Karasu Çayı, un tout petit affluent de rive droite de l’Araxe. Malgré sa petite taille, celui-ci aboutit cependant à des effets géopolitiques majeurs : l’Arménie n’a ici aucun contact terrestre avec l’Iran, pourtant très proche, alors que la Turquie dispose d’un accès direct à l’Azerbaïdjan.  

La gouttière intramontagnarde de l’Araxe est utilisée par un axe routier « international », labellisé E99, dont l’importance est appelée à s’accroître avec les évolutions des rapports de forces géopolitiques régionaux. Car l’effet « cul-de-sac » de l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan – comme l’illustre bien l’image, collée à l’ouest à l’Iran, mais isolée au sud-ouest par l’Arménie (hors image) - est désormais levé avec la réappropriation d’une grande partie du Nagorny-Karabağ - ou Haut Karabakh - par l’Azerbaïdjan à l’issue de la guerre contre l’Arménie achevée le 10 novembre 2020.

Enfin, les fortes tensions géopolitiques entre la Turquie et l’Arménie expliquent l’absence d’une gestion concertée turco-arménienne de la rivière. Comme le montrent très bien sur l’image les divagations des eaux entre lit mineur et lit majeur, celle-ci n’a pas été aménagée ou corsetée par des ouvrages régularisant le cours. Elle offre donc un paysage encore étonnamment sauvage, avec ses zones d’étalement et de divagation saisonniers, qui en font aussi un paradis pour les oiseaux migrateurs.

Des dynamiques frontalières très tendues et conflictuelles

Au total, les rivalités géopolitiques et géostratégiques entre les États de la région aboutissent à des structures et dynamiques frontalières très tendues et conflictuelles.

Turquie/Arménie. Ainsi, le seul poste-frontière terrestre entre la Turquie et l’Arménie, qui a fonctionné sur un mode ultra-militarisé entre 1953 et avril 1993, est abandonné depuis maintenant près de trente ans. Alors qu’en 2012 la route d’accès avait été refaite du côté turc, dans le contexte d’une reprise des négociations, l’intransigeance du partenaire azerbaïdjanais a obligé la Turquie à renoncer à toute forme de normalisation de ses relations avec l’Arménie.

L’ancienne frontière de la Guerre froide - entre 1945 et 1991 avec l’appartenance de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan à l’URSS d’un côté, et l’appartenance de la Turquie à l’OTAN de l’autre - est aujourd’hui transformée en une frontière de deux États-nation dressé l’un contre l’autre. Plus aucun passage n’existe depuis avril 1993, date de la rupture des relations diplomatiques entre la Turquie et l’Arménie. Loin d’unifier les deux rives, comme le Rhin entre la France et l’Allemagne par exemple, la vallée de l’Araxe renvoie dos à dos de manière hermétique deux ensembles voisins.

La frontière entre la Turquie et l’Arménie oppose une zone densément peuplée côté arménien, au nord en rive gauche, à des confins peu mis en valeur du côté turc en rive droite. Seule la petite préfecture d’Iğdır - localisée à la lisière du piémont nord du massif de l’Ararat - introduit quelque densité.  Le tracé capricieux de la frontière se confond au sud avec le cours actuel de la rivière Aras/Araxe, puis s’en détache légèrement, pour se coller sur la limite sud du lit majeur.
 
Turquie/ Azerbaïdjan. La petite frontière avec l’Azerbaïdjan, longue de seulement 11 km), via la « République autonome » du Nakhitchevan (5500 km²), a une grande importance géostratégique pour l’axe Turquie/Azerbaïdjan.

Le poste-frontière de Dilucu - le nom est très évocateur : le « bout de la langue », en tant qu’il renvoie à ce bec de canard turc étiré entre l’Iran et l’Arménie - a été ouvert en 1992, soit juste après la proclamation de l’indépendance de l’Azerbaïdjan. Il permet à la Turquie d’avoir une frontière terrestre directe avec un partenaire de plus en plus déterminant de son jeu régional. La dernière guerre au Nagorny-Karabağ, achevée en janvier 2021, s’est soldée par une reprise en main musclée par l’Azerbaïdjan de territoires perdus au profit de l’Arménie lors de la première guerre au début des années 1990. Bakou a alors bénéficié à la fois de l’argent du pétrole de la Caspienne pour moderniser son armée et renforcé ses armements et du soutien militaire direct de la Turquie. L’existence de cet étroit corridor ouvre la possibilité d’une intensification, via Dilucu, des échanges terrestres entre les deux alliés, que de nombreux et ambitieux projets d’infrastructures de transport semblent laisser présager.  

Dans ce contexte général, la petite préfecture d’Iğdır - que l’on devine bien sur l’image avec ses 200 000 habitants dans l’arrondissement central en 2020 - fait figure de ville des confins, gardienne de la frontière, bloquée entre le massif de l’Ararat et la vallée de l’Araxe.

L’Araxe et Erevan : le cœur de l’Arménie contemporaine

Le faisceau de fortes densités, déployées de façon perpendiculaire à l’axe de la vallée de l’Araxe, constitue le cœur de l’Arménie contemporaine, au pied de l’Ararat inaccessible. Perchée à 1000 m. d’altitude, la capitale Erevan, dont l’anneau de boulevards centraux est même aisément lisible, représente une concentration urbaine, avec un million d’habitants pour la ville à proprement parler et deux millions pour la région urbaine - et une concentration économique d’importance cruciale à l’échelle du pays.

Associée aux deux provinces annexes qui jouxtent au sud la frontière avec la Turquie, cet ensemble urbain représente plus du tiers de la population entière du pays et contraste fortement avec les déserts humains qui le côtoient au sud et à l’est. C’est à la base côté ouest de cet axe vital que se situe la vieille centrale nucléaire soviétique, remontant aux années 1970, de Metzamor qui n’a de cesse d’inquiéter le voisin turc. C’est aussi là que se trouve depuis 1441 le centre névralgique de l’Eglise apostolique d’Arménie, à Etchmiadzin, dans la grande banlieue sud de la capitale.

Zooms d’étude

1. Le coin nord-est : de hautes terres désertiques

Tout le coin nord-est de l’image, en territoire arménien, est caractérisé par un nombre restreint d’implantations permanentes et par de faibles traces de mise en valeur. C’est la retombée occidentale d’une puissance chaine de hauts plateaux d’origine volcaniques dominée par l’Ajdahak (3.597 m). Celui-ci est le point culminant du vaste massif du Gegham, qui appartient à la chaîne du Petit Caucase, séparée de la chaîne du Grand Caucase, qui culmine au Mt Elbrouz (5.542 m), et s’étend de l’autre côté de la vaste dépression séparant les deux chaînes et reliant la mer Noire à la mer Caspienne.  

Échancré de quelques vallées qui ressortent bien sur l’image, ce vaste no man’s land ingrat, est une sorte d’isthme volcanique étiré entre la région-capitale d’Erevan et, à l’est, le lac de Sevan qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est (hors  image). Cette image donne une bonne idée des fortes contraintes naturelle auxquelles est soumise l’Arménie contemporaine, petite République enclavée, marquée par la prééminence de l’altitude (90% du territoire national est situé au-dessus de 1000 m. d’altitude).

Code image : Ararat-S2B_20200918-Z01.jpg


Repères géographiques

2. Erevan et son agglomération,
la capitale de l’Arménie

Nous sommes ici sur la retombée sud-orientale du massif de l’Ajdahak sur la vallée de l’Araxe qui occupe l’extrême sud-est de l’image. Ce vaste piémont en position d’abri et drainé par une série de rivières (cf. Hrazdan) accueille Erevan, la capitale de l’Arménie, dont l’agglomération s’étend sur une surface considérable. Comme nous l’avons vu, nous sommes là dans la région la plus riche, la plus peuplée et la mieux équipée du pays.

L’image - prise à la mi-septembre - montre bien le rôle déterminant de la maîtrise de l’eau dans l’organisation et la hiérarchie des espaces agricoles et dans l’organisation locale du parcellaire très lanièré des périmètres irrigués de l’ouest de l’image. L’opposition entre cultures sèches et cultures irrigués apparait très clairement.    


Repères géographiques

3. La vallée de l’Araxe : un ensemble exceptionnel coupé par une frontière hermétique

Dans ce milieu de hautes montagnes très contraint par l’altitude et le climat, la vallée de l’Araxe - du fait de sa position d’abri, de ses bonnes terres agricoles et de l’eau disponible pour l’agriculture - fait figure d’oasis. A la lecture de l’image, on est cependant très vite frappé par les différences considérables qui apparaissent entre la rive droite, appartenant à la Turquie, et la rive gauche, appartenant à l’Arménie.

Face à un espace largement polarisé par Iğdır, mais qui constitue en retour le seul grand établissement humain côté turc, les campagnes arméniennes apparaissent porter des densités beaucoup plus élevées, avec en particulier une trame urbaine très dense. On relève en effet la présence sur des distances très courtes de nombreux villages (Nalbandvan, Arevik, Gai…) et des villes importantes (Armavir, Etchmiadzin). Alors que le milieu est le même, la géohistoire et la géopolitique expliquent des mises en valeur très différentes de part et d’autre de la frontière. Rappelons enfin comme nous l’avons vu, que cette frontière interétatique est fermée du fait des fortes tensions entre les deux États.


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4. Le Mont Ararat et la frontière Turquie/ Iran : un nouveau mur construit à partir de 2017

Cette image zoom est centrée sur le Mont Ararat, dont la forme et la taille exceptionnelles dominent le paysage de toute la région. Comme on l’a vu, en cette mi-septembre, la calotte de glace sommitale n’occupe plus que la partie intérieure du cratère tant elle s’est rétractée ces dernières décennies sous les effets du changement climatique.

Le plus spectaculaire réside cependant sur le versant Est du massif dans le mur frontalier édifié sur le tracé de la frontière entre l’Iran et la Turquie. Celui-ci représente sur l’image un ouvrage considérable et continu sur des dizaines de kilomètres. Son tracé est en ligne droite au cordeau, de la vallée de l’Araxe jusqu’au pied de Petit Ararat, puis il suit une courbe de niveau en dessinant ainsi une vaste courbe.

Érigé très récemment, à partir de 2017, ce mur hautement sécurisé est doublé dans chaque pays par des routes parallèles afin de faciliter la circulation des convois militaires et la surveillance de la frontière. Il est ponctué de nombreux postes fixes de surveillance.

Il est destiné à mettre un terme aux infiltrations en Turquie de combattants kurdes à partir du territoire iranien et, dans une moindre mesure, à la contrebande transfrontalière qui constitue depuis des siècles pourtant une source de revenus précieuse pour les habitants du cru de tous les pays.


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5. Turquie : la plaine de Doğubeyazıt, sur un vieil axe de circulation

Au sud-ouest du massif de l’Ararat s’étend la plaine de Doğubeyazıt à 1.600m d’altitude en moyenne. Plus élevée, moins verte, moins plane et étendue que celle de l’Araxe, elle est peu mise en valeur. Le drainage des eaux y est partout contrarié par les amas de lave surimposés à la topo-hydrographie.

Doğubeyazıt - dont l’arrondissement compte environ 120 000 habitants en 2021 - est situé sur une très ancienne route reliant les ports de la mer Noire à l’Iran, en l’occurrence Tabriz. Elle reste aujourd’hui en partie une ville-garnison. Située à 35 km du poste-frontière de Gürbulak/Bazargan, Doğubeyazıt est la première bourgade - ayant rang de sous-préfecture - rencontrée par le voyageur qui pénètre d’Iran en Turquie.


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6. La frontière Turquie - Iran : le poste frontalier de Gürbulak/Bazargan

Au sud de l’image, la frontière entre la Turquie et l’Iran est historiquement fixée depuis le XVIIème siècle, puisque renégociée dans les années 1930. Elle est bien repérable sur l’image du fait en particulier de tout le système de contrôle frontalier construit autour du mur. Au total, sur une distance à vol d’oiseau de 130 km entre le sud-ouest et le nord-est de l’image, il n’existe que deux postes frontaliers. Cet état de fait souligne les logiques de fermeture, de cloisonnement, et pour l’Arménie d’enfermement, portées par ces réalités frontalières.  

Dans ce contexte, le poste-frontière de Gürbulak/ Bazargan - ouvert en 1937 sur une antique « Route de la Soie »… - occupe une emprise considérable (avec ses entrepôts et zones de garage pour les camions). On devine bien sur l’image les nouvelles installations, puisqu’il a été réaménagé et sa gestion privatisée en 2003.


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7. Au sud-est, le contact entre l’Iran et l’Azerbaïdjan


Au Sud-Est, la vallée de l’Araxe sert de frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. On se trouve ici côté azerbaïdjanais dans l’enclave du Nakhitchevan (« république autonome » d’un peu plus de 5 000 km² rattachée à l’Azerbaïdjan) qui occupe la rive gauche et est totalement entourée par l’Arménie. Localement, face à un espace iranien largement désertique en dehors de la petite ville de Poldasht, la rive azerbaïdjanaise bénéficie des apports en eaux de l’Arpa, un affluent de l’Araxe. Son vaste piémont, organisé par la petite ville de Sharur, est couvert d’une agriculture irriguée.  


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Documents complémentaires

1. Carte ottomane de 1913 de Doğubeyazıt de l’état-major ottoman (échelle originelle : 1/200 000°). (intitulée comme pièce jointe Map Agrida…)

2. Croquis de situation du territoire couvert par l’image à partir d’une carte de l’ouvrage de Robert Curzon (1854) (Source : Armenia: a year at Erzeroom, and on the frontiers of Russia, Turkey, and Persia, New York, Harper & Brothers, 1854).

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3. Croquis touristique à l’intention des montagnards intéressés par l’ascension du mont Ararat, extrait de la brochure Trek Travel « Carte du mont Agri (Ararat) Turquie » (s.d.).







D’autres ressources

Bibliographie

Roberto Sergio Azzoni, Andrea Zerboni, Manuela Pelfini, Carlo Alberto Garzonio, Raffaello Cioni, Eraldo Meraldi, Claudio Smiraglia & Guglielmina Adele Diolaiuti (2017) Geomorphology of Mount Ararat/Ağri Daği (Ağri Daği Milli Parki, Eastern Anatolia, Turkey), Journal of Maps, 13:2, 182-190, DOI: 10.1080/17445647.2017.1279084

Vicken Cheterian (2017) The Last Closed Border of the Cold War: Turkey–Armenia, Journal of Borderlands Studies, 32:1, 71-90, DOI: 10.1080/08865655.2016.1226927

Taline Ter Minassian, Erevan, la construction d'une capitale à l'époque soviétique, Préface de Jean- Yves Andrieux, Presses universitaires de Rennes, Collection « Art et Société », 2007, 269 pages.

Dr Friedrich Parrot, A Journey to Ararat, Translation, 1859, New York : Happer & Brothers (https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=nyp.33433081584611&view=1up&seq=18 )

Carte ottomane (1913) au 1/200 000° (Source : Atelier cartographique de l’IFEA/USR 31 31).  On note l’ancien tracé frontalier (en rouge) passant par les sommets et le col de Serdarbulak.

Contributeurs

Jean-Francois Pérouse, enseignant-chercheur, Université Toulouse Jean-Jaurès

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