Irlande / Royaume-Uni : le Donegal, une marge nord-occidentale isolée par une frontiÚre confrontée aux incertitudes du Brexit

Le Donegal est un vaste comtĂ© situĂ© dans la marge nord-occidentale de l’üle d’Irlande. Il est isolĂ© du reste de la RĂ©publique d’Irlande auquel il appartient pourtant, par une trĂšs longue frontiĂšre avec l’Irlande du Nord, sauf au sud. Celle-ci Ă©tait devenue quasi-invisible depuis les accords du Vendredi Saint de 1998, qui ont mis fin aux Troubles en Irlande du Nord. ComtĂ© rural et peu peuplĂ© malgrĂ© d’indĂ©niables atouts touristiques, le Donegal voit sa vitalitĂ© Ă©conomique largement dĂ©pendre de ses Ă©changes avec l’Irlande du Nord. La perspective du retour d’une frontiĂšre dure suite au Brexit s’est pour le moment Ă©loignĂ©e avec le dĂ©placement d’un sas frontiĂšre en mer d’Irlande. Toutefois, cette disposition n’est que transitoire et n’en interdit pas le retour. Ce qui serait un frein majeur au dĂ©veloppement Ă©conomique du comtĂ© et un obstacle de taille dans le quotidien de ses habitants. Une Ă©pĂ©e de DamoclĂšs qui tĂ©moigne des enjeux gĂ©opolitiques et gĂ©oĂ©conomiques posĂ©s par le Brexit dans les Iles britanniques et du statut des frontiĂšres entre Etats membres ou extĂ©rieurs.

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LĂ©gende de l’image

Cette image du comtĂ© de Donegal, le comtĂ© irlandais le plus septentrional de l'Ăźle, a Ă©tĂ© prise le 20 avril 2020 par le satellite Sentinel 2B. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de rĂ©solution Ă  10m.

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RĂ©publique d’Irlande / Irlande du Nord : une frontiĂšre douloureuse
puis apaisée aux risques de nouvelles incertitudes post-Brexit

Le Nord-Ouest de l’üle d’Irlande : une marge atlantique, rurale et dĂ©peuplĂ©e

Cette image satellite correspond Ă  la pointe nord-ouest de l’üle d’Irlande, oĂč mers et terres sont profondĂ©ment imbriquĂ©es dans ce FinistĂšre insulaire occidental de l’Europe. On distingue clairement au nord de l’image une trĂšs vaste presqu’üle de forme presque triangulaire : c’est la pĂ©ninsule d’Inishowen. À l’ouest, elle est limitĂ©e par le Lough Swilly, qui est un vaste estuaire, trĂšs profond et de plus en plus Ă©troit, au fond duquel se trouve la ville de Letterkenny. Le Lough Swilly s’étire sur une trentaine de kilomĂštres. À l’est, elle est limitĂ©e par une autre vaste baie – le Lough Foyle – de forme presque ovale qui rejoint la mer par un Ă©troit goulet dominĂ© au nord par l’avancĂ©e d’Inishowen Head. Tout au fond de cette vaste baie, sur un important estuaire, se trouve Londonderry, qui est traversĂ©e par la Foyle. Letterkenny et Londonderry sont toutes deux situĂ©es dans des abris naturels. Les deux villes sont ainsi protĂ©gĂ©es des vents et courants de l’ocĂ©an atlantique. À l’ouest de Lough Swilly se trouve la pĂ©ninsule de Fanad, sĂ©parĂ©e du reste du Donegal par le trĂšs Ă©troit Drongawn Lough. Par contre toute la partie occidentale du Donegal est ourlĂ©e de cĂŽtes alternant falaises dĂ©chiquetĂ©es et petites baies sablonneuses directement frappĂ©es par les grandes dĂ©pressions atlantiques qui trouvent ici dans leur route vers l’est  leurs premiers obstacles.   

On voit immĂ©diatement que le Nord-Ouest de l’üle d’Irlande est avant tout un espace extrĂȘmement rural, et potentiellement assez inhospitalier Ă  certains endroits. L’image met clairement en Ă©vidence une sensible opposition Ouest/Est. A l’Ouest, les hautes terres – peu Ă©levĂ©es toutefois – littorales ou intĂ©rieures sont couvertes de landes, apparaissent bien en brun sur l’image. L’Est, moins Ă©levĂ© et mieux abritĂ© est plus accueillant comme en tĂ©moigne son organisation agricole avec son parcellaire bien identifiable. On remarque que toutes les surfaces agricoles utiles sont exploitĂ©es. Seules les landes rocailleuses des pĂ©ninsules d’Inishowen et de Fanad et les reliefs montagneux de l’Ouest du Donegal ne sont pas cultivĂ©s. Partout ailleurs, y compris aux extrĂ©mitĂ©s septentrionales des deux pĂ©ninsules principales, on observe un systĂšme agraire composĂ© d’une myriade d’espaces cultivĂ©s et consacrĂ©s Ă  l’élevage, en particulier dans la vallĂ©e de la Foyle et de ses affluents.

Le Donegal est une rĂ©gion Ă  la fois peu peuplĂ©e, avec une population de seulement 159.200 habitants et une densitĂ© d’environ 33 habitants/ kmÂČ, et trĂšs rurale avec seulement 28 % d’urbains. Les pĂŽles de peuplement se situent essentiellement dans les parties septentrionale et orientale du comtĂ©, ainsi qu’autour de la baie de Donegal. Entre 2006 et 2016, la population augmente de 8 % du fait d’une certaine attractivitĂ© liĂ©e au retour Ă  la campagne d’urbains attirĂ©s par la qualitĂ© de vie dans les campagnes irlandaises quand ils peuvent y trouver un emploi. 57 % de la population est active, 7% travaille dans le secteur agricole et 9 % travaille dans l’industrie. Les services emploient donc l’essentiel de la population active du comtĂ©.

La frontiĂšre entre la RĂ©publique d’Irlande et l’Irlande du Nord : une nette cĂ©sure confessionnelle et gĂ©opolitique

Bien que l’on ne puisse en distinguer immĂ©diatement de signes apparents, cette partie de l’üle est traversĂ©e et structurĂ©e par une longue frontiĂšre entre l’Irlande du Nord et la RĂ©publique d’Irlande. Cette limite correspond en effet Ă  une nette cĂ©sure multidimensionnelle : Ă©tatique bien sur, monĂ©taire aussi par exemple, mais surtout confessionnelle et gĂ©opolitique.
 
Comme le montre son tracĂ© sur l’image, la frontiĂšre a bouleversĂ© le rĂ©seau urbain et la hiĂ©rarchie urbaine rĂ©gionale. La pĂ©ninsule d’Inishowen se situe dans le Donegal en RĂ©publique d’Irlande alors que Londonderry et Strabane, la petite ville situĂ©e en amont de la Foyle au sud de Londonderry, sont deux villes britanniques puisqu’elles se trouvent en Irlande du Nord, l’une des quatre nations constituant le Royaume-Uni. De mĂȘme, Letterkenny est en RĂ©publique d’Irlande, alors qu’elle n’est pourtant distante de Londonderry que d’une trentaine de kilomĂštres. Si Londonderry est une ville de taille moyenne, avec 110 000 habitants, c’est de loin la plus grande ville de la rĂ©gion.Quant Ă  Letterkenny et Strabane, ce sont des petites villes, avec respectivement 19 000 et 13 000 habitants, dans des agglomĂ©rations de 42 000 et 40 300 habitants..

SurimposĂ©e sur un milieu relativement uniforme, cette frontiĂšre entre Irlande du Nord et RĂ©publique d’Irlande est une crĂ©ation Ă©minemment gĂ©opolitique, terme qui selon Yves Lacoste dĂ©finit les rivalitĂ©s de pouvoirs sur un territoire. Elle a en effet Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par Londres grĂące Ă  un vĂ©ritable exercice de gerrymandering – dĂ©coupage Ă  des fins politiques – basĂ© sur la gĂ©ographie confessionnelle de l’üle.

Il s’agissait en effet de crĂ©er de toutes piĂšces un territoire – l’Irlande du Nord – oĂč l’unionisme pouvait conserver le contrĂŽle politique et Ă©conomique grĂące Ă  la prĂ©sence d’une population majoritairement protestante. Jusqu’à la partition de l’Irlande en 1921, le Donegal appartenait en effet Ă  l’Ulster, l’une des quatre provinces historiques irlandaises - avec le Connacht, le Leinster et le Munster - et constituait l’un des 32 comtĂ©s de l’üle. Lors de la partition, le comtĂ© du Donegal, largement catholique, a Ă©tĂ© rattachĂ© Ă  l’Irlande du Sud alors que les comtĂ©s voisins de Foyle et Londonderry Ă  majoritĂ© protestante firent partie des six comtĂ©s d’Ulster qui ont formĂ© l’Irlande du Nord.

Cette frontiĂšre est la consĂ©quence directe de deux hĂ©ritages historiques s’inscrivant dans des Ă©chelles temporelles bien diffĂ©renciĂ©es. PrĂ©s de nous, la guerre d'indĂ©pendance irlandaise menĂ©e par les RĂ©publicains irlandais contre le gouvernement britannique. Plus lointains, les hĂ©ritages du processus de « Plantation d’Ulster » – ou colonisation – dĂ©cidĂ© par le monarque anglais Jacques 1er, qui Ă©tait Ă©galement Jacques VI d’Écosse et en mĂȘme temps roi d’Irlande – planifiĂ© trois siĂšcles plus tĂŽt, dĂšs 1608, et effectivement mis en Ɠuvre en 1610.

Une frontiĂšre nĂ©e d’une longue guerre d’indĂ©pendance anticoloniale au XXeme siĂšcle

Cette guerre Ă©clate le 21 janvier 1919 lorsque des membres des Irish Volunteers tuent deux membres de la gendarmerie royale irlandaise dans une embuscade prĂšs de la ville de Tipperary. Le mĂȘme jour, le premier DĂĄil – une assemblĂ©e de 27 dĂ©putĂ©s du Sinn FĂ©in, parti politique rĂ©publicain, Ă©lus lors des Ă©lections de 1918 mais qui refusent de siĂ©ger Ă  Westminster – publie une dĂ©claration d'indĂ©pendance et proclame la RĂ©publique d’Irlande.

Il s’ensuit une guĂ©rilla des forces irlandaises rĂ©publicaines contre l’armĂ©e britannique qui mĂšne au Government of Ireland Act, adoptĂ© le 23 dĂ©cembre 1920. Cette loi partage l'Irlande en deux territoires autonomes : l’Irlande du Sud et l’Irlande du Nord. L'Irlande du Sud est constituĂ©e de 26 des 32 comtĂ©s irlandais, Ă  l'exception d'Antrim, Armagh, Down, Fermanagh, Londonderry et Tyrone, et des circonscriptions urbaines de Belfast et Londonderry qui composent alors l'Irlande du Nord. L'Irlande du Nord est donc arbitrairement inventĂ©e par Londres pour rassembler six des neuf comtĂ©s de la province traditionnelle d'Ulster – Ă  l'exclusion de Donegal, Cavan et Monaghan – dans lesquels les unionistes, protestants et loyaux Ă  la Couronne britannique sont assurĂ©s d’avoir une majoritĂ© sĂ»re.

La guerre d’indĂ©pendance se poursuit jusqu’à une trĂȘve du 11 juillet 1921. Des nĂ©gociations dĂ©bouchent sur le traitĂ© anglo-irlandais, signĂ© Ă  Londres le 6 dĂ©cembre 1921 et ratifiĂ© par le deuxiĂšme DĂĄil en janvier 1922. Le 6 dĂ©cembre 1922, l’üle entiĂšre d’Irlande devient un Dominion de l’Empire britannique, appelĂ© l'État libre d’Irlande - Irish Free State – et partageant le mĂȘme monarque avec le Royaume-Uni et les autres Dominions du Commonwealth britannique.

En vertu de la Constitution de l'État libre d'Irlande, le Parlement d'Irlande du Nord, ouvert par le roi George V le 22 juin 1921 Ă  l'hĂŽtel de ville de Belfast, a la possibilitĂ© de quitter l'État libre d’Irlande dans le mois qui suit sa crĂ©ation et de rejoindre le Royaume-Uni. Il ne faut que deux jours au Parlement d'Irlande du Nord pour prendre cette dĂ©cision. Le 8 dĂ©cembre 1922, l'Irlande du Nord se retire de l'État libre d’Irlande, dont le territoire devient celui de l’Irlande du Sud dĂ©fini par le Government of Ireland Act de 1920. Pour autant, au sud, l’État libre d’Irlande reste sous domination britannique jusqu’en 1937, lorsque sa constitution est remplacĂ©e par la Constitution irlandaise dĂ©clarant l’Irlande État dĂ©mocratique et indĂ©pendant. L'Irlande ne devient officiellement une rĂ©publique qu’en 1949.

De la fabrication d’une frontiĂšre dans les annĂ©es 1920 au retour des vieux fantĂŽmes oubliĂ©s lors du Brexit en 2020

La frontiĂšre actuelle entre la RĂ©publique d’Irlande et l’Irlande du Nord remonte donc Ă  la loi de 1920 sur le Gouvernement de l’Irlande. Elle fut d’abord une frontiĂšre provisoire. Son existence juridique comme frontiĂšre internationale intervint le 8 dĂ©cembre 1922 lorsque le parlement d’Irlande du Nord dĂ©cida d’exercer son droit de retrait de l’État libre d’Irlande. Dans ce contexte, la loi de 1920 prĂ©voyait la crĂ©ation d'une commission chargĂ©e de dĂ©terminer la dĂ©limitation gĂ©ographique prĂ©cise de la frontiĂšre, au cas oĂč l'Irlande du Nord choisirait de se retirer de l'État libre d’Irlande.

La commission – dont le travail fut trĂšs controversĂ© et dont le rapport ne fut rendu public qu’en 1969 – fut installĂ©e en 1924. Elle se rĂ©unit en 1925 et confirma la frontiĂšre existante Ă  la fin de l’annĂ©e 1925. L'accord final entre les trois parties - l'État libre d'Irlande, l'Irlande du Nord et le Royaume-Uni - fut signĂ© le 3 dĂ©cembre 1925 puis ratifiĂ© par les parlements respectifs. La frontiĂšre est donc restĂ©e provisoire pendant cinq annĂ©es, de la fin de l’annĂ©e 1920 Ă  la fin de l’annĂ©e 1925. L'accord fut ensuite officiellement enregistrĂ© par la SociĂ©tĂ© des Nations - SDN le 8 fĂ©vrier 1926.

La commission a validĂ© une frontiĂšre dont le tracĂ© avait Ă©tĂ© anticipĂ© dĂšs 1914 par le gouvernement britannique. Trois propositions avaient alors Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es par des hauts fonctionnaires irlandais. C’est celle de Sir James B. Dougherty qui fut finalement retenue. Pour des raisons de commoditĂ© de gestion administrative – il semblait en effet compliquĂ© de s’affranchir des limites administratives existantes –, il proposa que la frontiĂšre suive les limites des comtĂ©s.

Il apparaĂźt que la carte administrative prĂ©existante, Ă  partir de laquelle le tracĂ© de la frontiĂšre a Ă©tĂ© validĂ©, est fondĂ©e pour partie sur des limites naturelles, pour partie sur les marges des aires d’influence des bourgs et des villes comme Londonderry, Ballyshannon et Strabane. Ces limites ne sont toutefois pas toujours cohĂ©rentes avec les donnĂ©es naturelles – topographiques et hydrographiques – en scindant par exemple en deux une vallĂ©e ou en ne s’appuyant pas sur les obstacles naturels. Elles suivent parfois les limites naturelles que sont les cours d’eau ; puis s’en Ă©loignent sans raison Ă©vidente apparente, si ce n’est peut-ĂȘtre les enjeux fonciers locaux et particuliers.

Le cas de Londonderry est Ă  cet Ă©gard Ă©clairant. Logiquement, la frontiĂšre commence par suivre le cours de la Foyle, mais s’en dĂ©tourne pour contourner Londonderry, plutĂŽt que de couper la ville en deux. Londonderry se trouve donc en Irlande du Nord. Mais il est intĂ©ressant de noter que les propositions initiales des trois hauts fonctionnaires irlandais n’incluaient pas Londonderry en Irlande du Nord, en raison d’une population majoritairement catholique. Comment expliquer un tel choix qui aura par la suite des implications dramatiques ? Londonderry est en fait un haut lieu emblĂ©matique des Plantations anglaises sur le front de colonisation intĂ©rieur occidental. Et tout autant le bastion d’une minoritĂ© protestante influente qui contrĂŽlait les leviers politiques et Ă©conomiques. Il n’était donc pas envisageable politiquement d’en faire la capitale rĂ©gionale d’un comtĂ© catholique dans un Ă©tat catholique.

La frontiĂšre ne respecte pas plus les donnĂ©es humaines, puisqu’elle coupe de trĂšs nombreuses routes, des exploitations agricoles et mĂȘme des villages. Multipliant ainsi les situations absurdes, qui ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence lors des dĂ©bats sur son Ă©ventuel retour durant la pĂ©riode de nĂ©gociation du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union europĂ©enne. Car dans la rĂ©gion, le Brexit a fait resurgir de vieux fantĂŽmes que l’on pensait disparus.

Le Brexit : de l’union Ă  la dĂ©sunion, un nouvel enjeu complexe

Cette frontiĂšre vivante est un enjeu politique, Ă©conomique, social et gĂ©opolitique Ă  l’échelle locale, rĂ©gionale (Irlande/Irlande du Nord/Royaume-Uni) et internationale, pour l'Union europĂ©enne. Elle alterne phases d’apaisement, de vives tensions et de crises. Entre 1968 et 1998, lors des trente annĂ©es de conflit nord-irlandais, les « Troubles » qui ont fait plus de 3.600 morts, cette frontiĂšre Ă©tait presque complĂštement fermĂ©e et surveillĂ©e par les miradors de l’armĂ©e britannique. Puis l’accord du Vendredi Saint de 1998 qui mit un terme aux Troubles et l’appartenance conjointe de la RĂ©publique d’Irlande et du Royaume-Uni Ă  l’Union europĂ©enne depuis 1973 apaisent les tensions et rendent la frontiĂšre presque complĂštement invisible (cf. libre circulation des hommes et des marchandises, intĂ©gration Ă©conomique
).

Mais en cristallisant Ă  nouveau la situation, le Brexit a rĂ©veillĂ© les perspectives de conflits et les tensions, qui n’ont pas manquĂ© de se transformer en crise(s) politique(s) majeure(s). Incontestablement, le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union europĂ©enne assombrit l’avenir Ă  nouveau. Au Royaume-Uni et dans les nĂ©gociations avec l’Union europĂ©enne, la frontiĂšre irlandaise a constituĂ© une telle pomme de discorde qu’elle a longtemps empĂȘchĂ© le divorce entre les deux parties. Longue de 500 km avec plus de 200 points de passage soit en moyenne un tous les 2,5 km, cette frontiĂšre constitue la seule frontiĂšre terrestre entre le Royaume-Uni et l’Union europĂ©enne. Son autre particularitĂ© est qu’elle est devenue presque invisible et que l’Accord du Vendredi Saint interdit formellement le retour d’une frontiĂšre physique, avec postes de douanes et contrĂŽles.

Les Ă©lections parlementaires britanniques du 12 dĂ©cembre 2019 ont confortablement installĂ© Boris Johnson comme Premier ministre du Royaume-Uni. AprĂšs les Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s de Theresa May Ă  faire accepter par le parlement britannique l’accord de sortie de l’Union europĂ©enne qu’elle avait nĂ©gociĂ© en novembre 2018, la victoire de Boris Johnson valait Ă©galement approbation de l’accord de sortie qu’il avait rĂ©ussi Ă  renĂ©gocier en octobre 2019. L’élĂ©ment majeur de la renĂ©gociation portait sur la frontiĂšre irlandaise, qui va devenir une frontiĂšre externe Ă  l'Union europĂ©enne, tout en disposant malgrĂ© d'un statut et d'un fonctionnement trĂšs particuliers. Il n’est en effet plus question du filet de sĂ©curitĂ© (« backstop ») nĂ©gociĂ© par Mme May, qui aurait empĂȘchĂ© le retour de la frontiĂšre irlandaise en cas d’échec des nĂ©gociations de libre-Ă©change entre le Royaume-Uni et l‘Union europĂ©enne.

Le nouvel accord Union europĂ©enne – Royaume Uni : une construction acrobatique  

VĂ©ritable numĂ©ro d’équilibriste, l’accord nĂ©gociĂ© par Boris Johnson avec l’Union europĂ©enne cherche Ă  rĂ©soudre une contradiction majeure : comment protĂ©ger le marchĂ© unique europĂ©en du Royaume-Uni sans pour autant rĂ©tablir la frontiĂšre entre les deux Irlandes ? Comment faire coexister l’impossibilitĂ© de rĂ©instaurer une frontiĂšre avec la nĂ©cessitĂ© d’un contrĂŽle du flux de marchandises et des personnes suite Ă  la sortie du Royaume-Uni de l’Union europĂ©enne ? La rĂ©solution de cette contradiction passe par la nĂ©gociation d’un statut douanier spĂ©cial pour l’Irlande du Nord.  

L’Irlande du Nord garde en effet un pied dans l’Union europĂ©enne : bien qu’elle sorte de l’union douaniĂšre europĂ©enne comme le reste du Royaume-Uni, elle reste soumise aux rĂšgles du marchĂ© unique pour la circulation des marchandises, y compris la TVA. L’Irlande du Nord est considĂ©rĂ©e comme un point d’entrĂ©e dans l’union douaniĂšre europĂ©enne. La grande trouvaille rĂ©side dans le rĂ©gime spĂ©cial Ă©tabli selon la destination finale des produits. S’ils proviennent du Royaume-Uni et restent en Irlande du Nord, ils ne seront pas taxĂ©s puisque l’Irlande du Nord appartient Ă  la mĂȘme union douaniĂšre que le Royaume-Uni. En revanche, s’ils ne font que transiter par l’Irlande du Nord pour rejoindre la RĂ©publique d’Irlande ou un autre pays de l’Union europĂ©enne, les autoritĂ©s britanniques devront appliquer les droits europĂ©ens. La TVA restera la mĂȘme sur toute l’üle, pour Ă©viter de possibles trafics de marchandises. Ce sont les autoritĂ©s douaniĂšres britanniques qui seront responsables de la collecte aux frontiĂšres, sous l’égide d’un comitĂ© conjoint entre l’Union europĂ©enne et le Royaume-Uni.

L’Irlande du Nord reste donc alignĂ©e sur les rĂšglements de l’Union europĂ©enne, et le restera au moins quatre ans de plus Ă  partir de la fin de la pĂ©riode de transition dĂ©butant le 31 dĂ©cembre 2020. Il ne peut y avoir de contrĂŽles de marchandises aux points de passages de cette frontiĂšre devenue invisible, et qui va donc le rester. Les contrĂŽles auront lieu aux points d’entrĂ©e en Irlande du Nord, c’est-Ă -dire les ports et les aĂ©roports – notamment ceux de Belfast et Londonderry. Le sas frontalier se trouve ainsi dĂ©placĂ© en mer d’Irlande.

Mais la question de la validation et de la pĂ©rennitĂ© d’un tel amĂ©nagement se pose. Tous les quatre ans, l’assemblĂ©e d’Irlande du Nord devra voter pour continuer, ou non, avec ce systĂšme. Ce qui va occasionner, on s’en doute, des frictions politiques, et peut-ĂȘtre sociales, importantes. Il y a fort Ă  parier qu’il y ait sur ce sujet des divergences majeures en Irlande du Nord mĂȘme entre RĂ©publicains – favorables Ă  la rĂ©unification de l’üle – et unionistes – toujours trĂšs attachĂ©s Ă  la couronne britannique. Le retour des violences intercommunautaires, miroir de l’instabilitĂ© politique, est en effet une possibilitĂ© qu’il ne faut jamais complĂštement Ă©carter dans la sociĂ©tĂ© post-conflit qu’est l’Irlande du Nord.


Zooms d’étude


La PĂ©ninsule d’Inishowen


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Malin Head, la pointe septentrionale de l’ile  


L’extrĂ©mitĂ© septentrionale de l’üle d’Irlande se trouve dans la pĂ©ninsule d’Inishowen, qui appartient au Donegal. SituĂ©e entre Ineuran Bay et Esky Bay, elle revĂȘt un intĂ©rĂȘt gĂ©ologique et morphologique particulier. On y trouve la plus ancienne et la mieux prĂ©servĂ©e des cĂŽtes d’origine glaciaires d'Irlande ainsi que les plus hautes dunes de sable d’Europe. En raison de ses falaises escarpĂ©es et de ses nombreuses criques, qui en font un espace protĂ©gĂ© et peu accessible, Malin Head, la pointe septentrionale de la pĂ©ninsule d’Inishowen, est Ă©galement un lieu de nidification de nombreuses espĂšces d’oiseaux.

Malin Head abrite aussi l’une des plus importantes stations mĂ©tĂ©orologiques d’Irlande, Ă©tablie en 1870. On y construisit en 1905 une tour de transmission/ poste de signalisation, la Tour Banba  - Banba Tower, du nom de la dĂ©esse mythologique celtique Banba, patronne de l’Irlande - pour Ă©tablir des communications entre l’Europe et l’AmĂ©rique. La tour est Ă©galement un Ă©lĂ©ment essentiel pour la navigation maritime qui est particuliĂšrement difficile et dangereuse au nord de l’Irlande. Sa situation gĂ©ographique a revĂȘtu une dimension stratĂ©gique essentielle, en particulier pendant la Seconde guerre mondiale.

Un systÚme agricole et rural spécifique

L’image montre la nette opposition entre les hautes terres froides et humides couvertes de landes, bien identifiable Ă  la cloueur marron, de la zone centrale et les campagnes pĂ©riphĂ©riques dominĂ©es par les prairies naturelles et les herbages. Le kalĂ©idoscope agricole que l’on peut observer reflĂšte la petite ou trĂšs petite taille des exploitations agricoles liĂ© au morcĂšlement de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre. Cette agriculture marginale et peu intensive est consacrĂ©e Ă  l’élevage. Elle se caractĂ©rise par un habitat rural trĂšs dispersĂ©, reliĂ© par un rĂ©seau d’étroites routes secondaires. À l’évidence, cette marge nord-occidentale de l’üle d’Irlande souffre d’un isolement et d’un enclavement importants, malgrĂ© la relative proximitĂ© de Londonderry. La population d’Inishowen s’éleve Ă  40.500 personnes et Buncrana, la ville la plus peuplĂ©e de la pĂ©ninsule, ne compte que 3.400 habitants.

L’agriculture, la pĂȘche et l’aquaculture d’un cĂŽtĂ©, l’industrie agro-alimentaire de l’autre constituent le secteur Ă©conomique dominant dans le Donegal. D’une taille moyenne de 27 ha.,  les 9.200 exploitations agricoles – contre 29.000 en 1915 – sont largement orientĂ©es vers les cultures rustiques (pomme de terre, cĂ©rĂ©ales dont orge) et l’élevage bovin et surtout ovin (20 % cheptel irlandais). L’industrie agro-alimentaire et ses services associĂ©s (fournisseurs, transport, ventes aux enchĂšres, comptabilitĂ©, conseil juridique, etc.) reprĂ©sente 1.500 emplois dans l’industrie agro-alimentaire dans le comtĂ©, 8.200 dans les comtĂ©s limitrophes. Le tourisme est l’autre secteur important dans le Donegal et permet une certaine diversification Ă©conomique.


La plaine de la Foyle : un espace-frontiĂšre entre Irlande et Irlande du Nord

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Une cuvée agricole bien mise en valeur


Cette image montre la plaine de la Foyle. Comme sur la pĂ©ninsule d’Inishowen, on observe un systĂšme agraire trĂšs morcelĂ©, qui reflĂšte le mĂȘme Ă©parpillement de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre des deux cĂŽtĂ©s de la frontiĂšre. On remarque Ă©galement trĂšs bien qu’il y a trĂšs peu de forĂȘts. Pratiquement toutes les surfaces utiles sont cultivĂ©es. Ce maillage agricole se traduit par un Ă©parpillement trĂšs important des habitations, qui sont reliĂ©es par un rĂ©seau de routes secondaires Ă©troites.

Le tracĂ© de la frontiĂšre irlandaise dĂ©marre Ă  la sortie de l’estuaire de la Foyle, 4 km au nord de Londonderry, contourne la ville par l’ouest puis rejoint la Foyle environ 5 km au sud de la ville. Il suit ensuite le cours de la Foyle jusqu’à Strabane. Sur ce segment, le fleuve constitue une vraie cĂ©sure puisqu’il n’y a aucun pont sur la Foyle entre Craigavon Bridge Ă  Londonderry et Lifford Bridge qui relie Strabane Ă  Lifford, en RĂ©publique d’Irlande.

Le doublet urbain transfrontalier Strabane/ Lifford : les lourds héritages socio-économiques des conflits

Au centre de la cuvette, la rĂ©gion est organisĂ©e par un doublet urbain transfrontalier qui symbolise les inĂ©galitĂ©s rĂ©gionales et les effets –frontiĂšres. La ville de Strabane se trouve Ă  la confluence entre les riviĂšres Finn et Mourne, affluents de la Foyle. Le tracĂ© frontalier quitte alors le cours de la Foyle pour celui de la riviĂšre Finn, vers le sud-ouest. En face de Strabane, qui est donc en Irlande du Nord, de l’autre cĂŽtĂ© du cours d’eau, se trouve Lifford, qui malgrĂ© sa petite taille (1600 hab.) est la capitale administrative du Donegal. Strabane se trouve Ă  500 mĂštres de la frontiĂšre avec l’Irlande. C’est un bourg qui fut fondĂ© par des colons Ă©cossais – protestants – au dĂ©but du XVIIĂšme siĂšcle, quelques annĂ©es avant le dĂ©but officiel du processus de Plantation en Ulster.

Sa position de ville frontiĂšre en faisait une cible idĂ©ale pour les incursions de groupes paramilitaires de l’armĂ©e rĂ©publicaine irlandaise – IRA, Irish Republican Army – en Irlande du Nord. En consĂ©quence, Strabane a Ă©normĂ©ment souffert, humainement et Ă©conomiquement, pendant les Troubles. Pendant cette pĂ©riode, elle fut le thĂ©Ăątre de trĂšs nombreux meurtres et attentats et affichait un taux de chĂŽmage trĂšs Ă©levĂ©, parmi les plus Ă©levĂ©s d’Irlande du Nord. Strabane faisait alors partie des villes les plus dĂ©favorisĂ©es du Royaume-Uni. Les consĂ©quences Ă  long terme des Troubles s’y font toujours sentir : Strabane, avec Londonderry, a le plus faible taux d’activitĂ© (6 2%), le plus bas taux d’emploi (54 %) et la plus grande proportion d’actifs sans qualification (23 %) d’Irlande du Nord.


Ballyshannon, cordon ombilical à la limite entre comtés irlandais et à la frontiÚre entre Irlande et Irlande du Nord


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La question de la frontiĂšre est cruciale pour le Donegal, qui est historiquement limitrophe des comtĂ©s nord-irlandais de Derry, Tyrone et Fermanagh. Depuis la rĂ©forme du gouvernement local mise en Ɠuvre le 1er avril 2015, l’Irlande du Nord est divisĂ©e en onze collectivitĂ©s locales. Le Donegal est limitrophe de Fermanagh and Omagh District Council et Derry City and Strabane District Council.

Comme le montre l’image, le Donegal n’est rattachĂ© au reste de l’Irlande que par un petit corridor de 9 km de large Ă  la limite avec le comtĂ© de Leitrim, 4 km au sud de la petite ville de Ballyshannon (2.300 hab.). Pour ĂȘtre encore plus prĂ©cis, Ă  l’endroit le plus Ă©troit, un kilomĂštre plus au nord, la distance entre la cĂŽte et la frontiĂšre avec l’Irlande du Nord n’est que de 7 km. Mais c’est le goulet d’étranglement de Ballyshannon qui symbolise parfaitement l’isolement du Donegal du reste de la RĂ©publique d’Irlande. Ballyshannon se situe dans la vallĂ©e de l’Erne, qui coupe la ville en deux. La ville s’est dĂ©veloppĂ©e dans un Ă©troit passage de moins de deux kilomĂštres entre l’estuaire sablonneux et de la riviĂšre Erne et Assaroe Lake, qui constituent une rĂ©elle frontiĂšre naturelle.

De nombreuses initiatives transfrontaliĂšres, financĂ©es par l’Union europĂ©enne ont permis d’amĂ©liorer les relations entre les comtĂ©s frontaliers depuis 1998. L’éventuel retour d’une frontiĂšre est donc Ă  l’évidence une perspective redoutĂ©e et un enjeu majeur pour le comtĂ©, aussi bien pour la libre circulation de ses habitants au quotidien que pour sa vitalitĂ© Ă©conomique. Le retour d’une frontiĂšre renforcerait nĂ©cessairement le sentiment d’isolement et d’éloignement des habitants du Donegal et aurait trĂšs vraisemblablement un impact nĂ©gatif sur l’activitĂ© Ă©conomique du comtĂ©. Les Troubles en Irlande du Nord, pendant lesquels la frontiĂšre Ă©tait effectivement fermĂ©e, ont en effet largement contribuĂ© Ă  rendre le Donegal peu attractif pour le dĂ©veloppement Ă©conomique, ce qui a entretenu un chĂŽmage Ă©levĂ©.


Le nord-ouest du Donegal, une marge trÚs isolée


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Cette image montre les reliefs de la partie nord-ouest du Donegal qui appartient Ă  la couronne de montagnes cĂŽtiĂšres occidentale qui entoure la plaine centrale irlandaise. Cette partie du Donegal est donc en grande partie composĂ©e de montagnes basses - le point culminant est le Mont Errigal, Ă  une altitude de 725m - et de landes vallonnĂ©es et rocailleuses, orientĂ©es sud-ouest/ nord-est et parsemĂ©es d’une multitude de lacs de tailles trĂšs variables. L’image laisse entrevoir une alternance de landes en pente douce et de vallons plus profonds, dessinĂ©s par les glaciers qui recouvraient autrefois le Donegal.

Le Donegal est l’un des plus grands comtĂ©s d’Irlande. Il possĂšde la plus longue cĂŽte d’Irlande (1134 km). Sur cette cĂŽte extrĂȘmement dĂ©coupĂ©e, on distingue de longues plages de sable blanc, des dunes ainsi que des falaises, en particulier le long des pĂ©ninsules d’Inishowen et Fanad. Les ombres portĂ©es donnent Ă  voir de hautes falaises. Les plus hautes falaises ocĂ©aniques d’Irlande se trouvent dans le Donegal Ă  Slieve League, dans le sud-ouest du comtĂ©.

LĂ  encore, l’émiettement des parcelles agricole montre que la totalitĂ© des surfaces agricoles utiles est exploitĂ©e. Le relief rend impossible l’existence d’exploitations agricoles de grande taille. Le chapelet d’habitations situĂ©es le long de la cĂŽte, entre la baie de Donegal et la pĂ©ninsule de Fanad apparait ĂȘtre trĂšs isolĂ© du reste du pays et des centres de commandement, y compris rĂ©gionaux. Il n’y a aucun axe de communication majeur. Pour la majeure partie des habitants du Donegal, sauf ceux qui habitent autour de la baie de Donegal, il n’y a pas d’autre solution que traverser l’Irlande du Nord pour se rendre rapidement Ă  Dublin. Et ce sont bien Londonderry et Belfast, deux villes nord-irlandaises, qui sont les deux points d’attraction les plus faciles d’accĂšs dans le domaine des liaisons internationales. Cela reste encore le cas aujourd’hui, depuis que la frontiĂšre est devenue invisible avec les accords du Vendredi Saint de 1998. Pour les habitants du Donegal, l’enjeu de taille est de savoir comment de temps cette situation va durer.

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L'image Sentienl-2 ci-contre prĂ©sente la partie septentrionale de l’ile d’Irlande, avec Belfast Ă  l’est

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Sur le site GĂ©oimage du CNES


Fabien Jeannier : Irlande/Irlande du Nord : Londonderry et sa région, une frontiÚre en mutations et en débat

Autres sources

Fabien Jeannier, « Le Brexit et la frontiÚre irlandaise », Géoconfluence, 2019, 

Thibaut Harrois, « Brexit : l’enjeu nord-irlandais »,  2019.

Ophélie Siméon, « Le Brexit et les deux Irlandes », 2019.

La création de la frontiÚre :

Brigitte Dumortier, « Partition et frontiÚre : le cas irlandais », Hommes et Terres du Nord, n°2-3, 1994, p. 103-111,

Conor Mulvagh, « How was the Irish border drawn in the first place? », The Irish Times, 11 février 2019,

The Irish Times, « Brexit Borderlands »

James Wilson, « Why is the Irish border where it is? Northern Ireland wasn’t always destined to be a six-county state », Irish Central, 26 septembre 2019,

Donegal, County profile, The Western Development Commission


Contributeur

Fabien Jeannier, professeur d’anglais, chercheur associĂ© au laboratoire IdentitĂ© culturelle, textes et thĂ©ĂątralitĂ©, Avignon UniversitĂ©

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