Égypte - Les pyramides de Gizeh : un haut lieu du patrimoine mondial, entre pressions urbaines et touristiques

Esplanade sacrée par excellence, le plateau de Gizeh rassemble l’un des sites les plus emblématiques de l’Égypte Ancienne, siège de la seule des sept merveilles du monde antique encore debout à ce jour, et témoin d’un passé de plus de quatre millénaires, un passé encerclé par les membres tentaculaire d’une mégapole en constante expansion. Gizeh, ou الجيزة al-Gizah, en arabe, est une ville de la rive ouest du Nil, située dans la banlieue sud-ouest de la capitale égyptienne, Le Caire. Sise à la pointe sud du delta, la ville connaît un étalement urbain notable, grignotant peu à peu le blanc désert occidental, dans une tension permanente entre l’histoire et la modernité, le tourisme et la vie urbaine, le monde des morts et le monde des vivants.

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Légende de l’image

Cette image de Gizeh sur la rive ouest du Nil, près du Caire, a été prise par un satellite Pleaides Neo le 1er novembre 2021.

Contient des informations Pléiades Neo © Airbus DS 2021, tous droits réservés. Usage commercial interdit.


Repères géographiques

Présentation de l’image globale

La nécropole de Gizeh : un site exceptionnel sous tensions multiformes

Plateau désertique, marges urbaines et front d’urbanisation de l’agglomération cairote

L’image satellite permet de mettre en évidence l’urbanisation et l’étalement de l’agglomération du Caire, comprenant notamment la ville de Gizeh, dans sa banlieue sud-ouest. L’expansion urbaine a gagné la rive occidentale du Nil depuis les années 1950, avec la construction des premiers ponts sur le fleuve. Gizeh se développe alors à la fois par périurbanisation du Caire et exode rural des campagnes environnantes. Quoi qu’il en soit, l’agglomération du Caire a connu une croissance exponentielle, atteignant aujourd’hui plus de 21 millions d’habitants pour devenir l’une des plus grandes mégapoles d’Afrique, et la plus grande métropole du monde arabe. Dans ce pôle urbain, Gizeh compte presque 6 millions d’habitants.
    
L’hyperdensité du centre du Caire, et sa progressive quête de verticalité, s’accompagne d’un étalement horizontal le long des nouveaux axes de communication, comme l’attestent la ville de Gizeh et ses villages attenants, grignotant peu à peu sur les terres agricoles et le désert, le long d’une frontière parfois très marquée. C’est le cas du village de Nazlet el-Samman, à l’est de la pyramide de Khéops, village recouvrant à la fois le temple bas de la pyramide, et l’ancien bras du Nil, le “bras de Khufu.” L’image satellite soumise à l’étude montre bien cette délimitation, qu’il s’agisse du site archéologique du plateau de Gizeh, ou des terres cultivées au sud-est de celui-ci.

Mais face à une urbanisation parfois anarchique marquée par l’occupation illégale des toits, la congestion et l'inadéquation des transports, mais aussi la pollution et la mauvaise qualité des infrastructures de service, les pouvoirs publics ont dû envisager d’autres stratégies, notamment pour faire face à l’habitat informel. Sur le document satellite présenté à l’étude, les franges de ces quartiers insalubres se situent aux extrêmes nord et sud de l’image.

A la fin du XXe siècle, Le Caire se met à planifier de nouvelles localités dans la périphérie de son aire urbaine, comme ici à Gizeh, soit dans le désert, soit en empiétant sur les rares terres agricoles encore en place en marge des zones urbaines. L’image satellite montre ici le nouveau quartier "Jardin des pyramides”, avec son organisation spécifique de part et d’autre d’un axe Sud-Est/Nord-Ouest et son plan presque rectangulaire. Le “Jardin des Pyramides” gravite autour d’un vaste projet de planification urbaine, dont on aperçoit ici les marges sur l’image satellite : la Ville du 6 octobre, créée en 1979, avec ses petits quartiers pavillonnaires comme la cité Al Fardoos, au sud-ouest et ses enclaves résidentielles satellitaires. Au nord-ouest sur l’image, on remarque enfin la ville de New-Gizeh, avec ses espaces verts, ses résidences et son université.

Demi-échec ou demi-succès, la politique des villes nouvelles sera rapidement abandonnée par les services publics, de nombreux logements restants inoccupés alors même que la fracture sociale demeurait en place. En effet, la Ville du 6 octobre accueille se parsème de gated communities tandis que l’habitat informel de Gizeh demeure, à quelques encablures du site archéologique des pyramides, haut lieu du tourisme égyptien.

Patrimoine, tourisme international et insécurité

L’image satellite globale permet d’appréhender le poids du tourisme dans l’urbanisme égyptien. Avec une moyenne de 12 millions de touriste par an - un peu moins depuis la pandémie de Covid 19 -, près de 2,5 millions d’emplois, et 13 milliards de dollars de recette, soit près de 12% du PIB égyptien, le tourisme est un secteur phare de l’économie égyptienne, et le plateau de Gizeh n’y est pas étranger.

Pourtant, l’activité touristique est face à de nombreux enjeux, tels que la modernisation des infrastructures et de la sécurité face à la menace terroriste islamiste. Le projet Giza Vision 2030 est censé répondre à ses enjeux et se trouve aujourd’hui en cours d’accomplissement, les premières étapes pouvant se distinguer sur l’image satellite étudiée. Au nord du plateau des pyramides se trouve l’esplanade du nouveau musée du Caire, GEM, Grand Egyptian Museum. Avec ses 22 000 m2, l'installation participe à la dédensification de la ville centre et la décentralisation des sites les plus attractifs de la capitale, à la fois pour décongestionner les abords de l’ancien Musée du Caire, sur la place El-Tahrir, mais aussi pour moderniser l’offre touristique dans un domaine bien plus vaste, et bien plus sécurisé pour les œuvres concernées. L’Égypte se souvient encore des vols perpétrés dans ce musée, en marge du printemps arabe de 2011, sur la place El-Tahrir.

En dehors des débordements révolutionnaires, la question de la sécurité des touristes est un enjeu majeur des autorités égyptiennes. Attentats kamikazes dans l’église copte Saint-Pierre-et-Saint-Paul du Caire le 11 décembre 2016, explosions à proximité des pyramides de Gizeh en 2018 et 2019, la liste des attaques sur le sol égyptien est longue, d’où la nécessité d’une modernisation, pour plus de sécurité. Le tourisme en dépend.

L’image satellite permet ainsi de saisir l'expansion de l’aire urbaine du Caire, l’étalement de la ville de Gizeh, et l’imbrication du plateau des pyramide dans une urbanisation galopante. Pourtant, certaines habitudes perdurent, et c’est bien un cimetière moderne que l’on retrouve à quelques pas du temple de Khéphren, sorte d’enclave additionnelle dans une nécropole déjà pluri-millénaire.

Zoom d’étude

Le plateau, les pyramides et la nécropole de Gizeh

Esplanade sacrée par excellence, le plateau de Gizeh rassemble l’un des sites les plus emblématiques de l’Égypte Ancienne, siège de la seule des « sept merveilles du monde antique » encore debout à ce jour, et témoin d’un passé de plus de quatre millénaires, un passé encerclé par les membres tentaculaire d’une mégapole en constante expansion.

Le site et sa géographie

Avec l’étalement urbain du Caire, la nécropole de Gizeh se situe à 8 km à l’ouest du centre-ville, aux portes mêmes de la métropole. D’un point de vue de sa géologie, cette nécropole antique est placée sur l'un des nombreux plateaux rocheux qui surplombent la vallée du Nil dans la région. Culminant à 40 m de hauteur, il s’agit d’un plateau calcaire de forme vaguement rectangulaire, mesurant 1,6 km sur 1,9 km de côté, et délimité dans sa partie sud par deux failles formant une pointe de direction sud-est. Sa composition est quasi uniforme, avec une roche constante, facilitant ainsi le travail des ouvriers.

Justement choisi pour ses qualités géologiques et son élévation relative dans une contrée plate et désertique, le site conserve le monticule originel sur lequel fut bâtie la pyramide de Khéphren, évitant aux Égyptiens la taille de nombreux blocs de pierre. L’ensemble du plateau fut en effet nivelé dans sa majeure partie, descendant légèrement vers le Nord-Ouest avec une pente de 5°. Ainsi, le promontoire rocheux servira de socle à l’édification d’un vaste complexe funéraire s’étalant sur plusieurs siècles.

Une photographie du plateau à l’époque antique, il y a plus de 4500 ans, donnerait à voir un tout autre paysage. La région n’était pas encore aussi désertique qu’aujourd’hui, et ressemblait davantage à un espace de savane, avec une certaine couverture végétale. Ainsi des bergers gardaient des troupeaux venant du delta, à plusieurs dizaines de kilomètres au nord, alimentant les travailleurs du site. Certes, le plateau restait en retrait du Nil, mais celui-ci étendait alors un de ses bras, dérivant à l’ouest de son lit principal pour baigner les abords du site. Ainsi, cette branche nilotique, dite “branche de Khufu” inondait les cultures de son limon fertile, jusqu’aux plaines sous le plateau.

La vallée du Nil, fleuve le plus long du monde avec ses 6 650 km, constituait, avec ses voisins Mésopotamiens, le Tigre et l’Euphrate, le cœur du Croissant Fertile, un espace naturel dont la géographie offrit aux Hommes de l’Orient Ancien les conditions idéales pour se développer. Voie de communication, source d’eau douce, moyen d’irrigation et siège d’innombrables mythes mélangeant les hommes et les dieux, le Nil et ses rivages virent les monuments les plus grandioses s’édifier de part et d’autre de son lit : à l'Est, la rive des vivants, avec ses temples et ses habitations ; à l’Ouest, celles des morts, avec ses tombes et ses monuments funéraires.

Cette convention repose sur les croyances d’une religion où le soleil revêt une importance fondamentale. Se levant à l’Est, l’astre apporte la vie sur Terre avant de disparaître à l’horizon occidental, plongeant le monde dans l’obscurité, alors qu’il finit sa course vers le domaine des morts. Ainsi, à l’époque, le plateau de Gizeh se trouve en face de la ville antique de Memphis, de l’autre côté de Nil, capitale de l’Égypte de l’Ancien Empire.

Une nécropole millénaire

L’occupation du plateau de Gizeh comme site funéraire est bien plus ancienne que les pyramides elles-mêmes. Déjà, sous les premières dynasties, les pharaons Djet et Ninetjer y firent creuser leur tombe et édifier leur mastaba, approximativement entre 3100 et 2800 av. J.-C. Cependant, c’est à la IVe dynastie que l’on doit l’essentiel de la nécropole, une nécropole qui se développe entre 2590 et 2400 av. J.-C, et dont il reste nombre de vestiges encore visibles.

L’image permet d’apprécier l’étendue et la diversité du programme architectural. Au cœur de Gizeh, se succèdent d’abord les trois grands complexes funéraires des rois de la IVe dynastie, Khufu (Khéops en grec), Khafrê (Khéphren en grec) et Menkaourê (Mykérinos en grec). Chaque complexe se compose d’une pyramide, d’un mur d’enceinte, d’un temple haut, d’une chaussée d’accès et d’un temple bas, le tout entouré de pyramides satellites, de fosses à barques solaires et de cimetières annexes. D’autres éléments notables distinguent et complètent le plateau de Gizeh, comme le grand Sphinx, monumental lion couché à tête d'homme et gardien de la nécropole.

Les trois grandes pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos

Khéops, la première pyramide. Construite autour de 2590 av. J.-C. pour une durée d’une trentaine d’années, cette pyramide fut bâtie par le roi Khéops, durant la IVe dynastie, l'âge d’or de l’Ancien Empire égyptien. Le complexe funéraire de Khéops est l’achèvement d’un long processus commencé avec le roi Djoser et son architecte Imhotep, bâtisseurs du premier monument en pierre de l’Humanité, la pyramide à degrés de Saqqarah. Les rois suivants perfectionnèrent les techniques, mais c’est à Snefrou, père de Khéops, que l’on doit les plus notables améliorations, avec ses trois pyramides construites en un l'espace de son règne. Dès lors, Khéops parachève l’œuvre de son père en bâtissant la seule des sept merveilles du monde antique encore debout, la Grande Pyramide de Gizeh.

Avec ses dimensions impressionnantes, 146,6 m de haut à l’époque de sa construction, pour une base carrée de 230 m, la pyramide est une superstructure qui défie les technologies les plus avancées. Les quatre faces sont orientées sur les points cardinaux avec un écart de 3’54’’ seulement ; le carré de base est quasi parfait, avec un écart de 20 cm ; la pente est de 50°52’, soit l’angle parfait pour garantir la solidité du bâtiment. La pyramide de Khéops est constituée de 2,3 millions de blocs de calcaire de taille variable sur 201 rangées pour un poids total de 5 millions de tonnes, le tout pour abriter une structure interne dont la réalisation reste encore un mystère.

Les finitions d’origine procuraient une dimension solaire à l’édifice puisque la pyramide était recouverte d’un revêtement de calcaire poli presque blanc, et surmontée d’un pyramidion doré, reflétant la lumière du soleil par réverbération. Pour les Égyptiens antiques, la pyramide est en effet le symbole pétrifié de la butte benben, le tertre originel au milieu de l’océan primordial, tertre duquel naquit le soleil au premier matin du monde. Aujourd’hui, les pierres de parement ont presque toutes disparu, les pyramides ayant été utilisées au moyen âge comme carrière géante pour la construction de la ville du Caire, mais il en reste quelques morceaux à la base. Un aperçu est par ailleurs visible sur la pyramide voisine, celle de Khéphren, dans sa partie supérieure. Sans le pyramidion, ni ses pierres de parement, la pyramide de Khéops a perdu une dizaine de centimètres, et culmine aujourd’hui à 138 m de hauteur.

Khéphren, la seconde pyramide. A la suite de Khéops, son fils, Khéphren, édifia la seconde pyramide du plateau de Gizeh durant son règne, entre 2518 à 2492 av. J.-C. Bien que de 3 m plus petite que celle de son père, elle semble la surpasser. En effet, l’édifice fut bâti sur un mamelon rocheux du plateau, élevant ainsi son sommet à une plus haute altitude que celui de sa grande voisine.

Considérée comme la dernière pyramide géante, car au-delà de 100 m de haut, la pyramide de Khéphren mesurait initialement 143,87 m pour une base carrée de 215,16 m de côté et une inclinaison de 53°.

Mykérinos, la troisième pyramide. Elle fut construite par le fils de Khéphren, Mykérinos, approximativement entre 2532 et 2515 av. J.-C. Pour l'insérer dans une lignée familiale, le roi poursuivit l’alignement sur l’axe sud-est commencé par son père par rapport à son grand-père. Certains chercheurs ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait là d’une tentative pour fixer au sol une carte céleste, chacune des trois pyramides représentant une des trois étoiles du baudrier d’Orion ; Orion que les Égyptiens associaient à Osiris, dieu des morts qui préside l’autre monde.

Séduisante par certains aspects, cette hypothèse de corrélation, qui par ailleurs relie le Nil à la Voie Lactée, reste aujourd’hui soumise à débat dans la communauté scientifique. Quoi qu’il en soit, avec ses 65 m de hauteur à l’origine, sa base carrée de 105 m de côté, et son inclinaison à 51,2°, la pyramide de Mykérinos se distingue davantage par sa structure interne et ses décors que par ses modestes dimensions.

Le reste du complexe

A elle seule, la pyramide ne suffit pas à garantir la survie du roi dans l’au-delà. Autour d’elle, gravite tout un complexe d’édifices et de structures favorisant la vie éternelle et la pérennité du ka et du bâ, l’âme du défunt.

Les grands temples. Chacune des trois pyramides est associée à un temple haut, lequel se trouve relié par une rampe d’accès à un temple bas aussi nommé temple de la vallée. Les restes de ces structures sont encore visibles aujourd’hui, sauf pour le temple bas de Khéops, recouvert par l’urbanisation galopante de l’agglomération cairote. A l’époque, ces temples bas se situaient dans la vallée du Nil et se trouvaient reliés au fleuve par un petit canal, preuve de l’existence d’un ancien bras du Nil à l’ouest de son lit principal, le bras dit “de Khufu.” Ainsi, le quai artificiel du temple permettait aussi bien l’acheminement des blocs de pierre durant la construction que l’approvisionnement des édifices cultuels après l’achèvement des travaux.

Sans doute asséché vers le VIIe siècle av. J.-C., ce bras de Nil n’existe plus aujourd’hui, lui aussi recouvert par la ville de Gizeh. Notons que dans ce complexe, le fleuve est fondamental aux croyances des Égyptiens. A l’époque, on envisageait le voyage dans l’au-delà à bord d’une embarcation bien spécifique, censée transporter l’âme dans ses multiples va-et-vient entre la tombe et l’autre monde, sur l’Océan primordial. Ainsi, le plateau de Gizeh comporte plusieurs fosses à barques solaires, à des fins spirituelles.

Le Sphinx. Le complexe de Khéphren comporte une spécificité visible sur l’image satellite, le grand Sphinx de Gizeh. Cette sculpture monumentale monolithique à corps de lion et tête d’homme, a été directement taillée dans le substrat rocheux du plateau, le long de la chaussée reliant le temple haut et le temple bas de Khéphren. Il mesure 73,5 m de long, 20,22 m de haut et 14 m de large, et se trouve légèrement disproportionné, son corps étant plus imposant que la tête qui le surplombe.

Cette tête mesure tout de même 5,20 m, soit presque autant que la Statue de la Liberté. Sphinx des Grecs, Abu Al-Hol des Arabes (أبو الهول,“Père de la Terreur”), la sculpture était considérée par les Égyptiens comme le cycle solaire dans son entier, sous le nom de Horakhty-Khépri-Râ-Atoum. Orienté d’Ouest en Est, selon la course du soleil, il regarde plein Est, si bien qu’au lever du soleil en jour d’équinoxe, il se trouve parfaitement aligné avec le temple. Il est également associé aux traits du pharaon Khéphren, l’incarnation du soleil sur Terre.

Les cimetières. Par ailleurs, le site comporte une série de cimetières. D’abord, les pyramides des reines, et surtout celle de la reine Hétéphérès Ière, mère de Khéops, dont le mobilier funéraire fut retrouvé inviolé en 1925. Viennent ensuite quelques hypogées creusés dans la roche et de nombreux mastabas traditionnels pour recouvrir les puits funéraires des tombes des courtisans.

L’un des plus grands est celui d’Hemiounou, cousin de Khéops et architecte de sa grande pyramide. Ainsi, les défunts rassemblés ici eurent le privilège de figurer dans la nécropole royale de Gizeh, profitant d’un vaste rite funéraire qui rejaillissait sur leur propre culte, pour leur garantir la continuité entre la vie et la mort, jusque-là l’apanage du roi.

Le quartier des bâtisseurs. A 500 m au sud-est de la pyramide de Khéops, se trouve le quartier des ouvriers, tout en bas de l’échelle sociale. Il paraît important de souligner qu’il ne s’agissait nullement d’esclave, l’Égypte étant le seul État antique à ne pas avoir fondé une société esclavagiste, à l'inverse des Grecs ou des Romains. Les bâtisseurs de pyramide étaient des paysans et artisans locaux, employés par le roi lorsque les crues du Nil empêchaient les travaux des champs, pendant les quatre mois de la saison de l’akhet, de la mi-juillet à la mi-novembre.

Ainsi, les ouvriers furent logés sur place dans un village construit pour eux et dont la découverte, relativement récente, confirme qu’il s’agissait d’une cité d’hommes libres et bien nourris. Un autre emplacement, plus sommaire, est également présent à l’ouest de la pyramide de Khéphren. Privilège du chantier, le cimetière des ouvriers faisait bénéficier le commun des mortels de l'illustre culte royal, garantissant aux constructeurs, l’immortalité dans le sillage de leur pharaon.

Autrefois complexe funéraire démesuré dans un espace urbain relativement conscrit, à l’écart des vivants sur la rive occidentale du Nil, le plateau de Gizeh est aujourd’hui une réserve historique sise au milieu d’une urbanisation galopante, à l’intersection d’un passé pharaonique et d’une modernité que quarante siècles d’histoire ne cessent de contempler.


Repères géographiques

Topographie du plateau de Gizeh

Carte de localisation

Bibliographie et sitographie :

La Grande Pyramide de Gizeh a été construite en utilisant une branche perdue depuis longtemps du Nil
https://lesactualites.news/technologie-et-science/la-grande-pyramide-de-...

Atlas de l'Égypte Contemporaine d’Hala Bayoumi et Karine Bennafla, CNRS Editions :
https://www.cnrseditions.fr/catalogue/relations-internationales/atlas-de...

Amin Moghadam : Villes du futur, futur des villes : quel avenir pour les villes du monde : Le Caire, https://www.senat.fr/rap/r10-594-2/r10-594-214.html

Randa A. Mahmoud et Ahmed S. Abd Elrahman, « La planification controversée du Grand Caire avant/après 2011 », Égypte/Monde arabe [En ligne], 11 | 2014, mis en ligne le 11 avril 2014, consulté le 04 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/ema/3305 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ema.3305 :

Maryse Verfaillie : Les mille et une villes du Caire, site des Cafés Géo, oct. 2018.
http://cafe-geo.net/egypte-les-mille-et-une-villes-du-caire/

Hader Sheisha, David Kaniewski, Nick Marriner, Christophe Morhange, Nile waterscapes facilitated the construction of the Giza pyramids during the 3rd millennium BCE, PNAS, 2022, https://www.pnas.org/doi/abs/10.1073/pnas.2202530119

Pierre Lalanne, Un bras du Nil aujourd’hui disparu au cœur du chantier des pyramides, 2022, LeMonde.fr, https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/08/29/un-bras-du-nil-aujour...

Hala Bayoumi, Karine Bennafla, Atlas de l'Égypte Contemporaine, CNRS Editions, 2020,(Carte du carte du CEDEJ, 2019), https://books.openedition.org/editionscnrs/37347?lang=fr

Randa A. Mahmoud, Ahmed S. Abd Elrahman, « La planification controversée du Grand Caire avant/après 2011 », Égypte/Monde arabe [En ligne], 11 | 2014, mis en ligne le 11 avril 2014, consulté le 04 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/ema/3305  ; DOI : https://doi.org/10.4000/ema.3305  

Maryse Verfaillie,Les mille et une villes du Caire, site des Cafés Géo, oct. 2018.
http://cafe-geo.net/egypte-les-mille-et-une-villes-du-caire/

Suzanne Raynaud, Henri Boisse et alii, Geological and Geomorphological study of the original hill at the base of Fourth Dynasty Egyptian monuments, 2008. https://www.researchgate.net/figure/Topographic-map-of-the-Giza-plateau-...

Contributeur

Sylvain Pappalardo - issu d’une formation d’égyptologie et d'épigraphie à la Sorbonne, Paris IV -  est professeur d’Histoire-Géographie et également chercheur en généalogie.

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