France - La métropole toulousaine, les dynamiques démographiques et spatiales d’une région dynamique

16 000 habitants par an jusqu’en 2050, une croissance de la population de plus de 500 000 habitants en 30 ans, tels sont les derniers chiffres d’une étude menée par Toulouse Métropole sur les perspectives de croissance du bassin de vie de la métropole toulousaine. Cette croissance, entamée dès le début des années 80, ne se dément pas et contribue à modifier en profondeur l’organisation spatiale de la métropole.

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Légende de l'image générale

Cette image a été prise par le satellite Pléiades  le 17/06/2012. Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.

ontient des informations PLEIADES © CNES 2012, Distribution Airbus DS, tous droits réservés. Usage commercial interdit.

Présentaion de l'image générale

Une aire urbaine en croissance continue depuis 1970.

Les derniers chiffres de l’INSEE publiés au 4ème trimestre 2018 désignaient la métropole toulousaine comme la plus attractive de France en nombre absolu de nouveaux habitants avec 5600 habitants en plus tous les ans. En pourcentage, la ville de Montpellier fait légèrement mieux avec +1.3% (1.2% pour Toulouse) mais, en raison des potentiels démographiques, cela se traduit par une augmentation de 3800 habitants par an. La place dominante de Montpellier et de Toulouse dans ce classement traduit à la fois toute la vitalité socio-économique des métropoles de la région Occitanie mais elle témoigne également des dynamiques contrastées à l’échelle régionale puisque les départements périphériques (marges du Massif Central ou des Pyrénées) connaissent des situations beaucoup moins favorables. Pour seul exemple, on peut préciser que 71% de la croissance urbaine de la Haute-Garonne est due à l’agglomération toulousaine. Cette croissance s’explique d’abord par une croissance du solde naturel puis du solde migratoire (2 fois moins important) : ces chiffres témoignent que Toulouse est avant tout une ville jeune, attractive pour des couples récemment constituées qui désirent fonder une famille.

A l’échelle de l’aire urbaine, la croissance est également majeure puisque l’aire urbaine de Toulouse est aujourd’hui la 4ème dans les classements nationaux avec 1.3 million d’habitants. Depuis le début des années 2010, elle accueille près de 20 000 habitants nouveaux tous les ans. Parmi ces 19 000 nouveaux habitants, 13 000 s’installent dans l’unité urbaine (5ème de France) et donc 6 000 dans les communes de la couronne périurbaine plus excentrée. L’image Pléiades étudiée dans cette notice s’étend sur une bonne partie de l’unité urbaine et sur une zone plus réduite du périurbain. Prise en 2012, elle permet donc de montrer comment ces dynamiques démographiques impactent l’espace à la fois urbain et agricole de la vallée de la Garonne.

En septembre 2019, une étude de L’Agence d’Urbanisme et d’Aménagement Toulouse aire métropolitaine présente les perspectives de croissance du Bassin de vie toulousain à l’horizon 2050. Les chiffres ne semblent pas indiquer un ralentissement de la dynamique puisque 550 000 nouveaux habitants devraient venir augmenter la population de cette grande région (définie par une distance à Toulouse inférieure à 1h). 550 000 habitants en plus dans les 30 ans à venir, cela revient à ajouter l’équivalent de la population communale de Toulouse aujourd’hui et cela représente une augmentation de plus de 15000 personnes par an.

Une croissance urbaine en question

De tels chiffres posent obligatoirement la question de l’accueil de ces nouvelles populations. La croissance démographique s’accompagne d’un étalement urbain très important et d’une artificialisation grandissante sur les territoires agricoles situés à proximité des noyaux villageois. Un exemple pour illustrer cette tendance sera développé dans cette notice mais on peut déjà mentionner 2 chiffres marquants : en 1968, la commune de Fonsorbes (sud-ouest de Toulouse) comptait 882 habitants, elle en est en 2015 à 11 730 soit une croissance supérieure à 1200%. Des chiffres aussi considérables se retrouvent dans bon nombre de communes présentes sur l’image.

Les questions d’aménagement du territoire sont donc multiples et aux besoins en logements s’ajoutent la nécessité de développer les réseaux sous toute leur forme : circulation, assainissement, équipement… aux risques parfois de venir saturer des territoires dans lesquels le développement des transports en commun largement limités à la métropole toulousaine ou aux communes les plus proches de l’unité urbaine, ne peut répondre aux enjeux actuels. Par exemple 2 des 4 terminus des 2 lignes de métro se situent au sein de l’agglomération et les 2 autres se trouvent dans des communes aux portes du périphérique toulousain (Balma et Ramonville-Saint-Agne). Entre 2005 et 2015, la DREAL Occitanie a constaté une dynamique positive de 11% dans l’évolution de la tâche urbaine de la métropole toulousaine, même si, en raison de taux d’artificialisation déjà élevés dans cette zone, les coefficients de croissance sont plus importants dans des départements un peu plus périphériques (Tarn-et-Garonne et Aude avec le même chiffre de +17.3%). On peut signaler que ces 2 départements sont traversés par 2 axes autoroutiers majeurs qui sont l’A62 entre Toulouse et Bordeaux et l’A61 entre Toulouse et Montpellier. Avec une densité de logements de l’ordre de 24 logement/ha, Toulouse présente en outre un potentiel de densification urbaine important, se traduisant en particulier par la multiplication de petits collectifs en lieu et place de résidences individuelles le plus souvent pavillonnaires.

Les causes de la croissance : une ville de l’aéronautique et de l’aérospatiale :

On peut revenir dans cette présentation sur quelques informations apportées par la notule Geoimage sur le développement du secteur aéronautique et aérospatial à Toulouse.

Après la 2ème Guerre mondiale, Toulouse dispose d’une image de savoir-faire dans le domaine aéronautique et la Caravelle dont le vol inaugural a lieu en mai 1955 est le premier appareil d’une longue lignée. L’Etat, dans sa volonté décentralisatrice et dans le programme de création des « métropoles d’équilibre », va faire de Toulouse la capitale française de l’aéronautique et de l’aérospatial : Supaéro, l’ENAC s’installent à Toulouse et l’aéroport de Toulouse-Blagnac devient l’aéroport principal de la ville (construction a commencé en 1939). Des pistes de cet aéroport, s’élanceront les premiers modèles de chacun des grands projets aériens français et/ou européens comme le Concorde en 1969, l’A300 (premier avion de la gamme Airbus) en 1972 ou l’A380 en 2005.

Les années 1960 voient également la naissance de l’industrie du spatial à Toulouse. Le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) est créé en 1961 à l’initiative de Charles de Gaulle. En 1968, les activités du centre de Brétigny sont délocalisées à Toulouse et si le siège principal du CNES reste parisien, le centre de Toulouse devient au fur et à mesure le site principal de l’agence avec un peu moins de 1800 sur les 2500 salariés.

En 2014, suite à des rapprochements d’industriels, le groupe Airbus spécialise une de ses branches dans le spatial en créant Airbus Defense and Space (ADS). Le CNES et ADS sont localisés dans le technopôle du Sud-Est toulousain (Rangueil-Montaudran), à l’opposé de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Cette double localisation entre un pôle aéronautique au Nord-Ouest et un pôle Sud-Est est une des particularités de la localisation des activités high-tech dans la métropole : ceci rend d’ailleurs majeur les enjeux de déplacement quotidien entre les sites par le périphérique. Cette séparation physique renforce d’ailleurs les problèmes de déplacement dans l’aire urbaine et contribue aux effets de saturation.

La métropole toulousaine accueille aujourd’hui 59% des 146 000 emplois de la filière aéronautique. Entre 2016 et 2017, selon les données de l’INSEE, le secteur a généré la création de 3000 emplois sur l’agglomération toulousaine. 2/3 de l’emploi correspond à des emplois industriels (dont 50 000 pour la fabrication et 14 000 pour la métallurgie) même si les fonctions de service(en particulier l’ingénierie et les services informatiques) tendent à prendre de l’importance, aussi bien dans les groupes donneurs d’ordre que dans les activités de sous-traitance. Dans le secteur, la sous-traitance représente la moitié des entreprises et près de 38 000 salariés.

A partir d’une image Pléiades couvrant la partie de l’aire urbaine la plus proche de Toulouse ainsi qu’en analysant précisément les dynamiques dans une commune de la zone sud-ouest, Fonsorbes, cette notice montrera ce qu’implique une croissance urbaine de cet ordre en matière d’artificialisation de l’espace, d’aménagements et de gestion des conflits.

Zooms d'étude

Croissance de la population dans l’unité urbaine toulousaine


Cette mage a été réalisée en croisant les informations du support spatial de l’image (l’image satellitaire Pléiades) avec les données statistiques de l’INSEE. Le logiciel de SIG QGIS permet de spatialiser ces données brutes et de les projeter sur la carte. La légende montre bien comment la croissance urbaine a bouleversé l’unité urbaine depuis 1968 puisque dans les communes en rouge, les chiffres de croissance de population donnent une variation allant de +477% jusqu’à 1687%. Ces chiffres sont bien sûr relatifs à la population de ces communes qui en 1968 peinaient à dépasser les 1000 habitants. Ces faibles échantillons expliquent en grande partie ces croissances exceptionnelles.

Cependant un calcul sur l’ensemble des populations des communes visibles sur l’image ci-contre donne une croissance de population de l’ordre de +92% (de 465 000 à 894 000). Si on retire de ces calculs la population de la commune de Toulouse, la croissance observée sur les communes périphériques (qu’elles se situent dans l’unité ou dans l’aire urbaine) est de +351%. Cette analyse nous amène à conclure qu’en 1968 la population de la commune de Toulouse représentait 79% de la population totale des communes présentes sur cette image. En 2014, cette proportion est de 52%. Depuis le début des années 1970, l’étalement urbain de l’agglomération toulousaine est donc un fait majeur, se caractérisant spatialement par une urbanisation croissante des villages (devenues villes) de sa périphérie.

L’image ci-contre montre un double mouvement dans les dynamiques spatiales. A l’exception de Tournefeuille (sud-ouest) et de Ramonville (sud), les communes limitrophes à Toulouse connaissent des taux de croissance assez bas, ce qui traduit une raréfaction de l’espace disponible dans des espaces très tôt impactés par la croissance urbaine. Dans ces communes, les prix du foncier se situent parfois au niveau de ceux de Toulouse et l’augmentation de la population suppose davantage une densification du bâti qu’une artificialisation nouvelle de terres agricoles (qui ont d’ailleurs quasiment disparu dans ces communes).
Deuxième mouvement, bien visible également, l’importance des axes de circulation dans le développement de cette urbanisation. Sans que cela ne concerne forcément les grands axes autoroutiers, dont l’usage par les périurbains est plus récent en raison d’une distance croissante dans les mouvements pendulaires, des axes se détachent nettement sur cette image : le sud-est dans les terres du Lauragais (Saint-Orens, Labège, Quint-Fonsegrives, Auzeville, Castanet…), le sud-ouest vers la frontière départementale du Gers (Plaisance-du-Touch, Fonsorbes, Saint-Lys). On relève également une zone de fort dynamisme démographique englobant l’aéroport de Blagnac et le complexe aéronautique dans les communes de Seilh, Aussone ou Beauzelle. La proximité du principal pôle d’emplois toulousain peut expliquer ces dynamiques et cette concentration de la croissance dans la région nord-ouest de l’agglomération.


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Cette 2ème image reprend les informations de la 1ère sur la croissance depuis 1968 mais, par les cercles de couleur, elle présente la croissance de 2009 à 2014. Les couleurs ont été conservées mais, de manière évidente, les valeurs ne sont pas les mêmes. Par contre ce choix de couleurs permet de déterminer à quelle classe d’évolution démographique appartient chacune des communes. Ainsi, lorsque la couleur en aplat est plus foncée que la couleur du cercle, la croissance de la population a été relativement plus importante sur l’ensemble de la période que sur les années 2009-2014. Plusieurs caractéristiques se relèvent donc sur cette image.
Premièrement, les plus grandes communes de cette carte comme Toulouse, Colomiers, Balma, Blagnac connaissent pour la plupart d’entre elles une croissance démographique proportionnellement plus importante sur les années 2009-2014 que sur l’ensemble de la période : il semble donc bien que l’agglomération toulousaine traduise un retour vers le centre d’une partie des populations et que l’étalement urbain inéluctable ne soit pas la seule dynamique observable. Pour autant, ces mouvements ne peuvent se faire que dans la mesure où les nouvelles populations disposent de revenus conséquents leur permettant d’accéder au logement dans des espaces prisés et disposant de peu de réserves foncières (politique de densification urbaine).

Deuxièmement, dans les communes les plus éloignées sur cette image, on note que pour beaucoup (pas la totalité) de communes la couleur des cercles et celle des aplats de couleurs sont concomitantes : la croissance récente correspond donc aux dynamiques actuelles et contribue à prolonger les effets de l’étalement urbain dans des communes plus éloignées et offrant des conditions d’installation des populations plus en phase avec leur choix (ou contraintes) de vie : calme, éloignement du centre urbain, coût du foncier…

Des infrastructures pour accompagner la croissance urbaine


Le premier élément structurant de cette image repose sur la boucle aui opère le tour de la commune de Toulouse. Comme dans beaucoup de grandes métropoles françaises, les axes de communication majeurs qui organisent la géographie des transports dans l’agglomération obéissent à des logiques d’échelles territoriales multiples. Ainsi, le périphérique toulousain (appelé localement « rocade ») obéit à une double logique : il permet localement de contourner la métropole et d’éviter aux automobilistes la traversée de Toulouse (ce trafic occasionne 85% des déplacements quotidiens) mais il est également un prolongement des autoroutes de dimension nationale (quelques 30 000 passages quotidiens, soit 15% du trafic) : l’A64 au sud-ouest, l’A61 au sud-est, l’A68 vers l’est, l’A62 au nord. La rocade toulousaine correspond donc à un nœud autoroutier d’importance nationale entre, la Méditerranée (Montpellier), l’Atlantique (Bordeaux), le Massif Central (Paris). Cette logique, et en particulier l’importance des migrations propres à la région toulousaine, explique le trafic observé sur ce périphérique dont la saturation au moment des mouvements pendulaires est une constante de la vie quotidienne toulousaine. On relève 8 000 à 10 000 passages de véhicules à l’heure en période de pointe.

La 2ème logique visible sur l’image se note dans l’importance accordée à la desserte du pôle aéroportuaire de Blagnac. En effet, Toulouse concentre 56% des emplois de l’aire urbaine et le pôle aéronautique du nord-est autour de 12%. La mise en relation de ces 2 espaces est donc essentielle dans les perspectives de développement économique de la région. Ainsi, on note la présence de 2 voies rapides qui desservent la zone de Colomiers/Blagnac : le Fil d’Ariane (ou A621) est une bretelle autoroutière de quelques 5km qui opère la jonction entre le périphérique toulousain et l’aéroport de Blagnac. Plus au sud, entre Colomiers et Toulouse (en passant par Tournefeuille), la Rocade Arc-en-Ciel opère une mise en relation (partielle) entre l’ouest et le nord-ouest de l’unité urbaine, selon un axe parallèle au périphérique ouest. Les élections municipales sont l’occasion pour certains candidats de proposer la mise en place d’une 2ème rocade, plus éloignée de Toulouse.

Cette image permet de réaliser un zoom sur la commune de Léguevin, commune périurbaine se situant le long de la nationale 124 reliant Toulouse à Auch. Ouverte en 2009, cette infrastructure routière traduit bon nombre d’enjeux des aménagements urbains de la métropole toulousaine. Les couleurs en aplat reprennent celles de l’image du zoom1. On note tout d’abord que cette rocade a pris place dans un territoire à la très forte croissance urbaine depuis 1968 (en 1968, Léguevin comptait par exemple 1622 habitants et 8892 en 2015). Cependant, si la croissance urbaine s’était limitée à Léguevin, une rocade n’aurait pas eu de sens. La mise en place de cette voie rapide de contournement s’explique donc par la nécessité de mettre un terme au goulet d’étranglement que constituait Léguevin dans les déplacements entre l’ouest de la Haute-Garonne, voire le Gers, et Toulouse. Exemple de cette obligation d’aménagement, à une dizaine de kilomètres de Léguevin, la commune gersoise de L’Isle-Jourdain est aujourd’hui totalement intégrée à l’aire d’influence toulousaine : sa population a été multipliée par 2 entre 1968 et 2015 et une bonne partie de ses nouveaux habitants se rendent à Toulouse pour raisons professionnelles (selon l’INSEE, 63% des habitants de l’Isle-Jourdain travaillent en dehors de la commune et 84.1% des actifs utilisent un véhicule à 4 roues pour se rendre à leur travail). Pour toutes ces populations, la traversée de Léguevin posait problème et a expliqué la décision de se lancer dans la construction de cette déviation.

Artificialisation et étalement urbain : l’exemple de Fonsorbes


Cette image est centrée sur la commune de Fonsorbes qui se situe à 19km au sud-ouest du centre de Toulouse le long de la départementale D632. Sur le site de Toulouse Métropole, il est possible de télécharger la tache urbaine de toute l’aire urbaine toulousaine en 2005 et en 2015. Pour des facilités de lecture, la tache urbaine de 2005 apparait en orange et celle de 2015 en orange ET en jaune. Toutes les zones en jaune clair sur l’image ci-contre correspondent donc à une artificialisation postérieure à 2005 et achevée en 2015. En 2006, la population de Fonsorbes était de 10396 habitants contre 11748 en 2016. Cette évolution représente une croissance démographique de 13%. Ce chiffre peut être rapproché de la croissance des surfaces urbanisées (en jaune sur l’image ci-contre) : entre 2005 et 2015, la surface de la tache urbaine est passée de 5,14km² à 5.99km², soit une augmentation de 16%. L’artificialisation à Fonsorbes se caractérise par une croissance légèrement plus forte que celle de la population.

Première explication, si la croissance démographique est avant tout due au solde naturel (+1.3% entre 2006 et 2016), elle est également le fait d’un solde migratoire positif (+0.6% sur la même période), ce qui explique un besoin en logements nouveaux. On peut deuxièmement expliquer ce phénomène par la nécessaire construction de zones d’activités et/ou de zones commerciales cherchant à répondre aux besoins d’une population toujours plus nombreuse (par exemple, le lycée de Fonsorbes a été inauguré en 2011.

A l’échelle de l’image globale présentée dans cette notice, l’ensemble de la tache urbaine recouvre 19.627 km² alors qu’elle n’en occupait que 17.24 km² en 2005, ce qui correspond à une augmentation de 13.9% des surfaces artificialisées.


Cette image met en avant le quartier de Canto Laouzetto qui se situe au sud-ouest de Fonsorbes, le long de la limite communale avec Fontenilles. La couleur rouge correspond à la tache urbaine en 2005. Les bâtiments non colorés ont donc été réalisés postérieurement et ils traduisent l’augmentation de la population de la ville (sur l’image 3a, cette zone est en jaune clair que sud-ouest).

Selon les études de l’INSEE, 51.8% des habitants de Fonsorbes recensés en 2016 habitent leur résidence depuis moins de 9 ans (dont 10.4% depuis moins de 2 ans et 21.3% depuis moins de 4 ans).

Par ces caractéristiques morphologiques, ce quartier traduit une extension périurbaine typique de l’agglomération toulousaine fondée sur la multiplication des quartiers pavillonnaires résidentiels dont l’organisation géométrique autour des axes de communication de desserte est une constante. Le rond-point routier devient pas conséquent un centre névralgique de l’organisation urbaine (Michel Lussault, janvier 2019). Cette forme urbaine explique une grande partie de l’extension des surfaces urbanisées même si elle n’en constitue pas la seule forme. Dans ces travaux sur les espaces périurbains, Eric Charme évoque le phénomène de « clubbisation » des espaces périurbains et signale même un début de « gentrification » de certains de ces espaces. Le quartier de Canto Laouzetto (à la différence d’autres quartiers de Fonsorbes) présente des résidences aux terrains étendus, pourvues pour la plupart de piscine et situé dans un cadre paysager (espaces boisés, lac) favorable.

Pour autant, dans l’agglomération toulousaine, de petites collectifs s’implantent de plus en plus dans les communes périphériques et viennent nuancer l’image de zones pavillonnaires s’étendant à perte de vue et correspondant au modèle de l’Urban Sprawl à l’américaine. La plupart de ces logements collectifs sont des structures fermées et protégées par des grilles d’entrée. Depuis le début des années 2000, l’aire urbaine de Toulouse est souvent prise comme exemple comme un lieu de développement de « gated communities » à la française.

Fonsorbes, une illustration de la croissance du périurbain toulousain


La ville de Fonsorbes présente une évolution morphologique caractéristique des espaces périurbains. Sur l’image ci-contre sont représentés les principales voies d’accès mettant en relation Fonsorbes à Toulouse (pointillés noirs), le centre-ville historique (hachures rouges) et le nouveau lycée (hachures orangées) au sud-ouest de la ville.

On note que la croissance urbaine s’opère principalement le long des axes de communication : les quartiers se positionnent de manière rectiligne et donne au front d’urbanisation une géométrie propre aux communes périurbaines (l’absence de constructions au sud de la route s’explique par la non-constructibilité de ces terrains). Cette croissance linéaire, orientée vers Toulouse explique le positionnement contemporain du centre-ville historique : il ne se situe plus en position « centrale » et se trouve largement périphérique par-rapport au reste de la ville. L’absence de croissance radioconcentrique est une constante dans les communes périurbaines dont la logique de croissance s’explique par leur position vis-à-vis du pôle urbain le plus proche et non pas en fonction de leur propre centre-ville.

Enfin, la création récente (2011) d’un lycée est également un signe de périurbanisation. En effet, les populations périurbaines sont avant tout des familles (60% des familles ont en 2016 un enfant au minimum selon l’INSEE) qui ont besoin de scolariser les enfants de la famille. Pendant longtemps, les élèves de Fonsorbes se rendaient à Cugnaux mais la croissance de la région a légitimé la construction d’un nouveau lycée. Le site du lycée est également lié à des dynamiques périurbaines : sa position périphérique, à l’opposé de Toulouse, traduit d’abord la volonté de drainer les flux de lycées en provenance des communes périurbaines plus lointaines. Ensuite, les déplacements vers le lycée se font dans la direction inverse de celle des migrations pendulaires : les flux de lycéens ne contribuent donc pas à renforcer la fréquentation des axes au moment de pointe. Enfin, à l’opposé de Toulouse, le prix du foncier pour les collectivités locales (Région dans ce cas) chargées de financer ce projet sera moins important que dans les espaces fonsorbais les plus proches de Toulouse, par conséquent les plus recherchés.


Cette image montre la tache urbaine de Fonsorbes en 2005 (couleur rouge) et présente le quartier de Moundran. Celui-ci présente beaucoup moins d’aménités que celui de Canto Laouzetto présenté dans le zoom 3 (peu de piscines, moins d’espaces entre les pavillons). Par contre, sa localisation est caractéristique des logiques périurbaines dans la mesure où il est venu se construire à proximité des 2 axes majeurs qui amènent à Toulouse (la D632 au sud et la D82 au nord). Il est un exemple de la densification de l’occupation des territoires communaux périurbains et de l’augmentation des densités de population (entre 2006 et 2016, la densité de population à Fonsorbes est passée de 546 hab/km² à 617 hab/km². Le quartier de Moundran ici présenté est en partie responsable de cette hausse de la densité puisque l’image satellitaire et les données traitées par le SIG nous montre qu’il a été construit entre 2006 et 2013.

Resources complémentaires

-    INSEE, dossier Fonsorbes
-    Michel LUSSAULT : Des ronds-points et de la condition périurbaine, AOC, 10 janvier 2019 (https://aoc.media/analyse/2019/01/10/la-condition-periurbaine/)
-    Eric Charmes, La ville émiettée. Essai sur la clubbisation de la vie urbaine, 2011, PUF, Paris
-    Données SHP téléchargeables sur le site de Toulouse Métropole

Contributeur

Vincent DOUMERC, professeur de géographie, Lycée Saint-Sernin et Lycée Fermat (Toulouse)

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