Fermeture et cloisonnement : l’effondrement du trafic aérien mondial
Sur un an, entre le mois d’avril 2019 et le mois d’avril 2020, le nombre de vols aériens civils dans le monde s’est effondré de plus de 80 %. Il suffit de lever les yeux vers le ciel pour constater de visu l’absence quasi-complète d’avions, dont le vol en haute altitude laisse en général un panache blanc dans son sillage.
La restriction des déplacements, le confinement des populations, la fermeture des frontières ou des aéroports et la suspension de tous les vols internationaux édictées par les Etats se sont rapidement traduits au mois de mars 2020 par un effondrement de la demande de transport aérien.
D’autant que celui-ci a été un vecteur central de la continentalisation et de la mondialisation de la pandémie en favorisant la très rapide circulation de personnes infectées, en particulier entre grandes métropoles. Si les premières restrictions débutent en février 2020, le processus devient par la suite extrêmement brutal : la chute est de – 77 % entre la fin mars et le 5 avril 2020.
Une flotte mondiale clouée au sol
En dehors de quelques vols de fret aérien (cf. masques de protections par exemple), de secours ou de rapatriement, la flotte mondiale est dans son ensemble clouée au sol. Un phénomène historique totalement inédit à une telle échelle, planétaire, et à une telle ampleur.
Dans ce contexte, les compagnies aériennes ont fortement réduit, voire quasi arrêté leurs activités (Delta Air Lines, American Airlines, United Airlines, Lufthansa, British Airways, Air France-KLM, Ryanair, Easyjet…), que ce soit sur les longs ou moyens courriers. Dès le 2 avril 2020, 40 % de la flotte aérienne mondiale, étaient cloués au sol. Le 18 avril 2020, l’aéroport de Francfort ou Paris Charles de Gaulle n’accueillent que 9 % de leur trafic habituel, Amsterdam - Schiphol 7%, Londres –Heathrow 6%.
L'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, aussi appelé aéroport de Roissy, est un aéroport international situé à Roissy-en-France. Image prise par un satellite Sentinel-2 le 26 mars 2020
Image satellite du 26 mars 2020 [image distribuée à l'occasion du concours de script personnalisé COVID-19]
Image d'un satellite Sentinel-2 du 21 janvier 2020
L'aéroport de Francfort-sur-le-Main, situé à Francfort-sur-le-Main, est le principal aéroport allemand. Image prise par un satellite Sentinel-2 le 30 mars 2020
Image satellite du 6 avril 2020 [image distribuée à l'occasion du concours de script personnalisé COVID-19]
Image d'un satellite Sentinel-2 du 15 janvier 2020
Les aéroports : les terminaux et pistes d’envol transformés en parking pour avions
Il faut donc alors trouver de la place pour garer et stocker plus de 15 000 avions. Aux Etats-Unis, Delta Air Lines utilise l’aéroport Hartsfield-Jackson d’Atlanta, son grand hub mondial, pour y stocker sa flotte. Partout dans le monde, de Londres-Heathrow à Dubaï ou Singapour, le même phénomène se généralise. Face à la saturation de leurs grands hubs, les compagnies sont souvent contraintes de faire appel à des aéroports complémentaires de plus petite taille (cf. American Airlines avec Tulsa, Oklahoma). La compagnie Swiss utilise même une base militaire prés de Zurich.
Comme le montre l’image, une des pistes d’envol de l’aéroport de Francfort, le grand hub de la compagnie Lufthansa, sert de parking à une vingtaine de gros porteurs. L’image de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, un des deux grands hubs d‘Air France KLM, est encore plus spectaculaire avec l’alignement d’une cinquantaine de courts, moyens et longs courriers aux tailles bien différentes. Pour le groupe Air France, le mois de mars 2020 s’est révélé, comme pour de nombreuses compagnies, catastrophique : le nombre de passagers s’est effondré de – 57 % et le trafic de – 51 %. Fin avril, l’activité du groupe est quasiment à l’arrêt.
Cette baisse du trafic est également mesurable à la baisse du nombre de véhicules stationnés dans les parkings autour des aéroports. Sur la partie gauche de l'image de l'aroport Roissy Charles de Gaulle, les parkings sont désormais à moitié vides.
Au total, selon les estimations de l’Association internationale du transport aérien (Iata), le coût financier de cette crise est d’ores et déjà évalué en avril 2020 à 317 milliards de dollars. Ceci explique les massifs plans d’aides financières élaborés par les pouvoirs publics pour soutenir les grandes compagnies aériennes et éviter leur faillite.
06/04/2020
Aéroport international de Milan-Malpensa (Italie) |
04/04/2020
Aéroport international de Pékin-Capitale (Chine) |
08/04/2020
Aéroport international de Dubaï (Émirats arabes) |
09/04/2020
Aéroport international Hartsfield-Jackson Atlanta (USA) |
Pour aller plus loin
Site Geoimage
Roissy Charles de Gaulle, une plateforme aéroportuaire européenne et mondiale de premier plan
Contributeur
Laurent Carroué, Inspecteur général de l’Education nationale