La Réunion - Le cirque de Cilaos : l’autre face de l’insularité réunionnaise

Cilaos est une commune française de l’océan Indien, occupant la totalité du cirque du même nom, lui-même situé dans le Parc National de La Réunion qui couvre 40 % de la surface de l’île. Ce territoire montagnard dont les altitudes varient entre 380 m et 3.070 m est un assemblage de parois abruptes, replats et ravines profondément encaissées. Les 5 .400 habitants qui l’occupent se regroupent en petits hameaux et villages dominés par le bourg de Cilaos. Inscrit au cœur du Massif du Piton des Neiges, accessible par une unique et vertigineuse route dénommée « route aux 400 virages » (RN5), le cirque de Cilaos constitue un espace privilégié pour étudier les phénomènes liés à une forme d’insularité montagnarde marquée par l’enclavement et l’isolement ayant donné naissance à une société agricole et touristique originale. C’est aussi un cas représentatif de la difficulté mais aussi de la capacité d’une commune de montagne, insérée dans un cadre naturel privilégié, à trouver des leviers de développement.
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Légende de l’image

Cette image du cirque de Cilaos, caldeira située au centre de l'île de la Réunion,  a été prise par un satellite Pleiades le 30 janvier 2018. Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m. En savoir plus

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Repères géographiques

Présentation de l’image globale

Le cirque de Cilaos : les mutations d’une montagne-refuge
inscrite au patrimoine mondial de l’humanité

« Pitons, cirques et remparts », des paysages patrimonialisés

Le spectacle offert par l’image, centrée sur le Massif du Piton des Neiges, est saisissant : « pitons, cirques et remparts », c’est en ces termes que l’UNESCO a inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, ces paysages jugés exceptionnels, en 2010.

Un massif volcanique. Si dans les critères de labellisation, l’exceptionnalité de l’histoire géologique n’a pas été retenue, celle-ci, à l’origine de ces paysages grandioses, mérite d’être retracée. L’île de La Réunion serait née d’un « point chaud » permettant la remontée de magma depuis les profondeurs du manteau tellurique. L’activité amorcée il y a 65 millions d’années, combinée à la dérive des plaques tectoniques sur ce point de percement de la croûte terrestre par le magma, aurait successivement créé les plateaux indiens du Deccan, les îles Maldives, l’archipel des Chagos, puis Maurice.

L’édification des deux massifs volcaniques qui composent l’île de La Réunion correspond à la phase la plus récente de cette activité, il y a 5 millions d’années. Le Piton des Neiges (1) est le premier à émerger à la surface des eaux il y a deux millions d'années, suivi par le Piton de la Fournaise il y a 500 000 ans. Il s’agit de deux « volcans-boucliers » de type hawaïen, formés par l'empilement de coulées de laves successives, le Massif du Piton des Neiges, ayant pour sa part évolué en strato-volcan, présentant localement un matériel de type explosif caractérisé par des projections de cendres et de scories.

Le cirque de Cilaos (2) est l’une des trois vastes dépressions établies sur les flancs du Massif du Piton des Neiges. Tout comme les cirques de Mafate au Nord-Ouest (3) et Salazie au Nord-Est (4), il se présente comme une gigantesque cuvette d'une dizaine de kilomètres de diamètre et de plus de 1000 m de profondeur. Elle est cernée de parois quasi verticales nommées remparts. L’ensemble - sans équivalent dans le monde, par ses dimensions et sa disposition en feuilles de trèfle - entoure un recoupement de lignes de crête central d’où émergent les plus hauts sommets de l’île de la Réunion : le Piton des Neiges (3070 m) et le Gros Morne (3019 m (5)).

L’origine de ces cirques ne fait pas consensus. Un certain nombre de scientifiques - dont Jean Defos du Rau, auteur de référence pour la géographie réunionnaise - fondant leurs hypothèses sur le fonctionnement du Piton de la Fournaise, toujours actif au sud de l’île, interprètent ces formes comme des structures tectoniques effondrées. Nommées caldeiras, elles seraient le résultat du brusque retrait de lave dans les chambres magmatiques, provoquant l’affaissement de la partie haute du cône volcanique. D’autres hypothèses, comme celle du géomorphologue Max Derruau, donnent la primauté au ruissellement et au ravinement, favorisé par la forte pente de l'édifice volcanique et l’abondante pluviométrie liée au climat tropical humide. Dans ce schéma, des rivières situées sur les flancs du massif, à l’exemple du Bras de Cilaos, visible au Sud (6) reculant leur tête par érosion régressive, seraient à l'origine de ces formes lobées, les remparts correspondant à des surfaces de glissement en masse affectant les limites instables des cirques. Ces remparts, formant une véritable muraille autour des cirques, jouent un rôle fondamental pour comprendre l’originalité de leur peuplement et des dynamiques spatiales qui les façonnent.

Les remparts, écrins/écrans pour une montagne-refuge

Les remparts. On ne peut qu’être frappé par les vertigineuses parois qui entourent le cirque de Cilaos, soulignées en haut et à droite de l’image par une ombre épaisse. Avec des dénivelés allant de 1.200 à 1.500 m, elles portent bien leur nom de « remparts » : leur pente n’est jamais inférieure à 60 %, et atteint par endroit la verticale. On distingue tout d’abord à l’Ouest, le rempart bordé par la forêt des Makes au Sud (7) puis celles des Hauts-sous-le-Vent (8) – qui doit sa couleur et son aspect plus clairsemé aux importantes dégradations qu’elle subit : incendies, pâturage bovin, espèces exotiques envahissantes) –, le tout étant dominé par les sommets du Petit Bénare (2600 m (9)) et du Grand Bénare (2898 m (10).

Il s’interrompt au niveau de ce dernier au Nord, pour laisser place à la crête des Trois Salazes (11) d’alignement Nord-Est/Sud-Ouest : en apparence de dénivelé moindre, elle fait toutefois office de séparation entre les cirques de Cilaos et Mafate. C’est aussi l’un des passages obligés des randonneurs des Hauts : abaissée au col du Taïbit (2081 m (12), elle constitue l’un des rares points d’entrée du cirque réputé le plus inaccessible de La Réunion (Mafate), et des amateurs de sensations fortes, n’hésitant pas à escalader, suspendus au-dessus du vide, les trois spectaculaires pics. On peut suivre ensuite à partir de cette ligne, les crêtes formées par les plus hauts sommets déjà évoqués (Gros Morne et Piton des Neiges), qui s’incurvent vers le Sud, pour amorcer le rempart Est nommé coteau Kervéguen (13) puis Les Calumets (14), et enfin Dimitile (14). Il achève de circonscrire le plus circulaire des trois cirques réunionnais, qui comme ses voisins, se termine au Sud par une gorge, ouverture étroite et encaissée, empruntée par la rivière du Bras de Cilaos.

Une montagne-refuge pour les esclaves marrons. Si toutes ces crêtes et parois sont aujourd’hui connues et fréquentées des randonneurs aguerris comme le montrent les multiples sentiers qui les atteignent ou le longent à l’Ouest comme à l’Est, elles ont longtemps servi de muraille protectrice dans un espace réputé impénétrable. Cilaos a en effet, tout comme ses voisins, servi de montagne-refuge pour les esclaves d’origine malgache, fuyant de la fin du XVIIe siècle à l'abolition de l'esclavage en 1848, les plantations sucrières de la côte. Son nom viendrait du malgache « Tsilaos » signifiant, selon les uns, « le pays où ne vont pas les lâches », pour d’autres « le pays où il fait bon vivre » ou encore « l'endroit qu'on n'a pas à abandonner ». On peine aujourd’hui à imaginer que des milliers d’individus aient pu atteindre et franchir ces obstacles. Peut-être ont-ils remonté le Bras de Cilaos, ainsi que le laissent penser les petits hameaux encore installés de part et d’autre de la rivière (Le Petit Serré visible sur le zoom n°1).

Quoiqu’il en soit de multiples traces de leur occupation ont été retrouvées dans les années 1990, dans les endroits les plus reculés du cirque. Une des grandes découvertes a notamment été faite dans la « vallée secrète », à proximité du Grand Bénare (10), perchée à plus de 2.200 m d’altitude, entre les cirques de Mafate et Cilaos. Difficile de l’identifier précisément sur l’image, les scientifiques tenant pour le moment à ne pas révéler précisément son emplacement. Les lieux sont décrits par l’archéologue Anne-Laure Dijoux comme quasi inaccessibles, ne se laissant approcher que par descente en rappel depuis un pic vertigineux ou par hélicoptère sans atterrissage ! Les observations réalisées en 2011 ont pu démontrer que le site, aménagé de deux cabanes, a pu fonctionner comme refuge et halte de chasse saisonnière. À proximité du camp, la présence d’une espèce endémique d’oiseau, le Pétrel de Barau, qui niche ici à la période estivale - soit de novembre à avril - aurait pu constituer une source alimentaire facile d’accès. Cet écrin ne fut pas inviolable comme le rappelle le nom du petit renfoncement plat situé un peu avant l’entrée du cirque, sur la paroi Ouest, au niveau du recoupement avec la chaîne du Bois de Nèfles. Ilet à Malheur (17), aujourd’hui recouvert par la forêt, fut vers 1829, d’après la tradition orale, le théâtre du dernier affrontement entre les esclaves marrons de Cilaos et le détachement commandé par Léonard Guichard, se soldant par la mort et la capture des réfugiés.

Diversités et étagement de la végétation. Le cirque est encore recouvert d’une épaisse végétation qui a pu ainsi servir d’écran protecteur durant cette sombre période. Le degré élevé d’endémisme, fait partie des autres critères ayant justifié l’inscription du Parc National au Patrimoine mondial. Un zoom sur l’image donne un aperçu de sa diversité et de son étagement. Des formations semi-sèches s’étalent sur le rempart Ouest, ainsi que dans les parties basses et centrales du cirque pour céder la place à la forêt plus humide de Bois de Couleurs des Hauts à partir de 1.300 m, à l’exemple de la forêt du Tapcal (18). La gestion de l’ensemble est départemento-domaniale, une partie ayant le statut de Réserve Biologique (Forêt du Grand Matarum (19), forêt de la Mare à Joseph (20)). Des formations végétales d'altitude s'étendent au-dessus de 2000 m.

Une partie des forêts présentes sont en réalité le résultat de reboisements réalisés dès le XIXe siècle pour répondre aux impératifs de défense et restauration des sols. Leur présence explique d’ailleurs la configuration tout à fait singulière que prend ici le Parc National : « île dans l’île », le fond du cirque se retrouve exclu et cerné de toutes parts par le cœur de parc auxquels appartiennent les remparts. C’est également le cas pour le cirque de Salazie, alors que la totalité du cirque de Mafate relève de la zone cœur. Lors de leurs prospections effectuées 2008 en vue du classement UNESCO, les experts de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) n’ont pas manqué de remarquer les atteintes portées à la biodiversité naturelle suite à plusieurs siècles d’occupation intensive. Par conséquent, l’inclusion du fond du cirque dans la partie cœur, sur la base de critères naturels, était compromise.

En effet, la plupart des « ilets » qui correspondent sur l’image aux tâches de peuplement, ont fait l’objet au XIXe siècle d’un déboisement massif, de la part des populations de « Petits-Blancs » qui pratiquaient une culture sur brûlis, entraînant l’érosion et l’épuisement rapide des sols. C’est la raison pour laquelle, sur fond de conflits parfois violents avec des occupants jugés illégaux, les Eaux et Forêts ont entrepris dès les années 1890 un « sauvetage » des pentes les plus menacées. Cela explique, par exemple le faciès atypique du couvert forestier présent dans la réserve biologique du Grand Matarum au Nord-Est, composé de pins maritimes, chênes pédonculés, robiniers, qui lui donnent aujourd’hui une allure de forêt européenne, complétée plus tard par des filaos, pins et eucalyptus sur les premières pentes au-dessus du village de Cilaos. L’UICN et l’État français ont donc dû trouver un biais, en classant le fond du cirque en « zone-tampon » (aire d’adhésion).

Le fond du cirque de Cilaos, un espace encore marqué par la contrainte physique

La « fenêtre » des Makes, belvédère situé sur le rempart Ouest (22), accessible en voiture depuis le village voisin des Makes sur la commune de Saint-Louis est réputée pour offrir aux visiteurs et touristes, une vue panoramique sur Cilaos. De là, on peut tout particulièrement observer le caractère extrêmement disséqué et compartimenté du relief du fond du cirque, opposant une forte contrainte à la circulation intérieure. En témoigne par exemple, au Nord, l’unique route (D242) reliant le bourg de Cilaos (31) à Ilet à Cordes (34) au prix d’un détour considérable visant à contourner les parties les plus risquées de la ravine du Bras Rouge, pour poursuivre à flanc de paroi en traversant plusieurs ravines perpendiculaires dotées de simples radiers, ou ponts submersibles. On notera, comme autre exemple au Sud-Est, la présence du chaînon de Peter Both (23) qui contribue à isoler complètement le village de Palmiste Rouge, la route pour l’atteindre avec une pente de 40 %, devant franchir un tunnel et aussi plusieurs radiers.  

Ampleur des précipitations et érosion. La vue d’ensemble permet de se rendre compte de la puissance des processus d’érosion venus prendre le relais des éruptions volcaniques, lorsque celles-ci ont cessé il y a 12.000 ans. L’érosion est le fait de l’action d’un abondant réseau hydrographique combiné à la pente, le cirque étant incliné du Nord au Sud, où se trouvent les altitudes les plus basses. La Réunion, île montagneuse soumise à la circulation des alizés provenant du Sud-Est, reçoit un volume de précipitations exceptionnel pouvant s’élever jusqu’à 6-7 m sur sa côte « au vent » à hauteur du Piton de La Fournaise. La commune de Cilaos qui se situe dans la partie « sous le vent », apparaît relativement sèche avec sa moyenne annuelle de précipitations de 1.800 mm. Néanmoins, selon les chiffres fournis par Météo France, lors du passage du cyclone Batsirai, en février 2022, 1.259 mm de pluie sont tombés en l’espace de 5 jours, et l’on peut rappeler que le cirque a battu un record mondial en la matière en 1952, en recevant 1.870 mm en 24 heures.

Ces précipitations diluviennes induisent donc une érosion linéaire intense mais périodique : si beaucoup des petites « ravines » du réseau hydrographique cilaosien sont à sec 350 jours par an en moyenne, un cyclone peut faire monter considérablement leur débit très rapidement. Le ravinement est par conséquent le processus morphogénique le plus puissant, faisant naître des formations de type « bad-lands » : paysage nu et accidenté constitué de terrains fragiles (appelées « brèches ») travaillés par le ruissellement, donnant l’effet strié que l’on aperçoit sur beaucoup des pentes présentes sur l’image.

Il a pour origine de multiples ruisseaux, qui alimentent quatre cours d’eau principaux profondément encaissés, s’écoulant en direction de la sortie du cirque, au Sud. D’Ouest en Est, on distingue : le Bras de Saint-Paul (24) qui contourne l’îlet à Cordes ; le Bras Rouge (25), au centre dont l’empreinte plus marquée, donne à voir un lit relativement large, encombré de matériaux arrachés aux parois, et enfin le Bras de Benjoin (26) aux allures de canyon, venu du Nord-Est. Ils confluent au lieu-dit « les Trois Bras » (27), pour former le Grand Bras de Cilaos, rejoint par le Petit Bras de Cilaos (28) à deux kilomètres en aval, au niveau du hameau du Pavillon. C’est à cet endroit que débute le Bras de Cilaos (6) qui sort du cirque pour se jeter dans la Rivière Saint-Etienne puis l’océan Indien. Ce réseau hydrographique fourni constitue un véritable « château d’eau », qui dans un rapport centre-périphérie, contribue à l’alimentation en eau de la côte sous-le-vent. Depuis 1981, l’eau du Bras de Cilaos est acheminée dans les Bas à des fins d’irrigation sur la commune de Saint-Leu pour une superficie agricole irriguée totale de 3.600 ha. Le transfert est géré la SAPHIR - Société d’aménagement hydro-agricole de l’île de la Réunion.

Risques, érosion et PPRN. La présence de ces cours d’eau au débit saisonnièrement torrentiel et au fort pouvoir érosif, génère d’importantes contraintes pour les habitants du cirque : malgré la sécheresse qui se prolonge parfois au delà de la saison sèche, comme ce fut le cas en 2020, l’écoulement est régulièrement source d’inondations et mouvements de terrain (éboulements, glissements, « laves torrentielles ») pouvant interrompre la circulation durant plusieurs jours en saison des pluies. La commune de Cilaos est actuellement couverte par un Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) approuvé en juin 2011, mais en cours de réécriture depuis juillet 2021 sur demande préfectorale, afin de mieux prendre en compte ces phénomènes.

Le compartimentage du relief, la multiplication des pentes qui résulte de cette action érosive, induit en outre que seulement 3 % du territoire communal sont constructibles. Les coûts de construction et entretien élevés, de 40 % supérieurs au reste du territoire insulaire, grèvent la mise aux normes des logements et installent durablement certains ménages dans des situations de plus en plus précaires ou illégales.
 
Les ilets, « îles dans l’île » : de petits mondes pas si isolés

Les ilets, ces « micro-espaces ». Les seuls espaces relativement plans s’étagent de 675 m à l’entrée du cirque (Ilet Haut (29)) à 1.566 m au pied de la crête des Trois Salazes (Ilet des Salazes (30)). Selon Christian Germanaz, « les ilets formalisent, après celle de l’île et celle des cirques, une troisième carapace qui a longtemps protégé (ou enfermé) les populations cherchant à échapper aux discriminations sociales et économiques égrainées tout au long de l’histoire de La Réunion ». Cette multitude de « micro-espaces », parfois seulement peuplés de quelques maisons ou occupés par des parcelles de cultures vivrières sont de formes variées.

Les plus grands d’entre eux, d’une superficie allant de 130 à 400 hectares constituent de bas-plateaux isolés au centre du cirque qui auraient pour origine, selon les auteurs, l’érosion ou un effondrement tectonique : il s’agit du plateau des Etangs sur lequel se trouve le village de Cilaos (31), prolongé par Mare Sèche (32), Bras-Sec à l’Est (33) et Ilet à Cordes à l’Ouest (34). D’autres ont l’allure de plate-formes accrochées aux remparts : les plateaux du Tapcal au Nord-Ouest (1619 m (18)) et du Petit Matarum au Nord-Est (2051 m (35) constituent un premier gradin plus élevé. Un second gradin est composé par tous les ilets qui bordent le rempart de l’Ouest au sud de la forêt du Tapcal (18) ou le Dimitile (15) à l’Est (Ilet à Calebasse, Gros Galets).  D’autres encore sont d’étroits replats situés à mi-pente sur les versants du Bras de Cilaos au Sud (Ilet à Malheur (17)).

Le terme « ilet » finit donc par désigner dans la langue courante, à l’instar de ce mot autrefois employé dans les campagnes normandes, toute portion de terre isolée, de faibles dimensions, sorte de « finistère » d’altitude selon l’expression de Thierry Simon et Jean-Cyrille Notter. Disséminés dans tout le cirque, ils paraissent n’avoir guère de lien entre eux, surtout ceux qui ne sont pas raccordés au réseau routier (ilets du rempart Ouest).  

Les micro-sociétés. Les micro-sociétés qui les occupent pâtissent encore parfois de préjugés qui les stigmatisent : caractère misérable, absence de brassage, consanguinité sous-tendent l’expression communément admise de « Petits Blancs des Hauts » pour les désigner, ils représentent 80 % de la population. Ce sont les seconds occupants du cirque, venus se mêler aux noirs marrons après l’abolition de l’esclavage en 1848. Cet événement marque en effet le début d’un mouvement d’exode en direction des Hauts. Il est le fait de cadets des grandes familles blanches n’ayant pas réussi à obtenir d’exploitation valorisable dans un contexte de raréfaction des terres.

Une raréfaction à mettre sur le compte de l’exiguïté du territoire réunionnais et à la pratique du découpage des propriétés en étroites parcelles allongées « du battant des lames au sommet des montagnes », selon l’expression consacrée (dans les faits, les remparts des cirques constituent la limite en hauteur). Ne voulant pas se résoudre à n’être que de simples ouvriers agricoles sur les grands domaines sucriers, ils arrivent par groupes depuis Saint-Louis, selon les descriptions de Jean Defos du Rau, s’installant dans les ilets qu’ils se mettent à défricher intensément pour y pratiquer une agriculture vivrière à base de « grains » (haricots, maïs, lentilles).

Déprise et réagencements. La très faible densité, voire l’absence de population qui caractérise aujourd’hui nombre d’entre eux, contraste avec les descriptions du géographe faisant état dans les années 1950 d’un surpeuplement chronique dû à une croissance démographique peu en phase avec les maigres ressources offertes par des terres exiguës et infertiles. Beaucoup semblent aujourd’hui abandonnés ainsi qu’en témoignent les friches qui encombrent la plupart des ilets accrochés au rempart Ouest, laissant parfois subsister quelques parcelles encore cultivées comme on le voit dans l’ilet situé au Nord d’Ilet à Cordes (34), sur la D242.

C’est paradoxalement, l’arrivée de la route, qui marque le point de départ de leur désertion. C’est le cas de Peter Both (35), entre les Bras de Benjoin et Petit Bras de Cilaos, qui avec l’ouverture du cirque à la circulation automobile en 1932, a perdu son rôle d’étape obligatoire sur le sentier piéton qui menait aux thermes du village du bourg principal. La fermeture de l’école a encore accentué le phénomène. Globalement, il semble que depuis la mise en service de la RN5 et des départementales D241 et D241, s’opère une redistribution des populations en direction des ilets les mieux raccordés et équipés en services et commerces, mais aussi à destination des communes littorales. Cinq ilets bénéficient de cette dynamique à savoir Ilet à Cordes, Palmiste Rouge (36), Peter Both, Bras Sec, Cilaos et Mare Sèche qui concentrent désormais plus des ¾ de la population du cirque.

Certains petits ilets se démarquent néanmoins. Perdu au milieu de la forêt et le plus septentrional de tous les ilets du cirque, l’ilet des Salazes (30) (12 hectares, "bon campement" en créole), se voit renaître, paré du sceau de la fonction patrimoniale. Abandonné jusqu'en 1992, sa terre érodée, ne produisant plus rien, il doit sa vitalité retrouvée à un Irlandais arrivé à la Réunion après un long séjour à Madagascar. Réinvestissant les lieux où vivaient autrefois les ancêtres de sa compagne, il cultive, à l’aide de son association de réinsertion, des plantes tisanières. Il fait désormais partie, avec les ilets du cirque de Mafate, du territoire ayant le statut de « cœur habité » du Parc National. Inclus dans la zone cœur de parc, les résidents y bénéficient néanmoins de dispositions particulières leur autorisant l’introduction de plantes cultivées ainsi que des animaux de basse-cour et d’élevage pour la consommation et l’usage domestique. Sa situation sur l’unique voie de passage piéton conduisant au cirque de Mafate via le col du Taïbit (12), contribue en outre à rompre son isolement.

Renversement spatial et nouveaux imaginaires. Il s’anime également au moment du Grand Raid, le très médiatique ultra-trail - 160 km de long, plus de 9.000 km de dénivelé positif - qui rassemble chaque année au mois d’octobre, plus de 2.000 participants venus des 4 coins du monde. Probablement l'une des plus difficiles dans son genre, l'épreuve surnommée « Diagonale des Fous », consiste à traverser l'île depuis Saint-Pierre au Sud, jusque Saint-Denis au Nord, en passant par les Hauts, dont le cirque de Cilaos qui en constitue une étape majeure, celle où beaucoup jettent l’éponge !

 Les dynamiques décrites ne doivent toutefois pas tromper, l’ilet encore habité par 140 personnes dans les années 1950, resté désert, hormis les membres de la famille mentionnée ! L’ensemble des ilets fait l’objet d’une mise en tourisme venue relayer les activités agricoles : parcours d’accrobranche créé en 2013 à Bras-Sec (Cilaosa Parc Aventure), développement des activités de canyoning sur les sites de Bras-Rouge, ou de la ravine Fleurs Jaunes (37), à l’Ouest du bourg de Cilaos, escalade.

Par un effet de renversement spatial et des imaginaires, les « Hauts » tendent à incarner désormais les nouvelles pratiques de loisirs animant une société réunionnaise littoralisée, focalisée jusque là sur les « Bas ». Le caractère spectaculaire des formes volcaniques remaniées par l’érosion fonde ainsi l’attractivité touristique d’un espace longtemps jugé répulsif. Le cirque de Cilaos, l’un des sites le plus fréquenté participe de cet engouement que l’on peut dater du milieu des années 1970, moment où est mis en place par l’autorité préfectorale le Plan d’aménagement des Hauts (PAH) visant à développer cette partie de l’île encore en sommeil. Doit-on y voir un facteur de majeur de désenclavement et revitalisation du cirque ?

Zooms d’étude

Présentation des zooms d'étude et images complémentaires :

ZOOM 1 : La Route aux 400 virages : un effet de désenclavement relatif   

Les premiers travaux de 1932

La Route Nationale n°5 - ouverte à la circulation depuis 1932, mais goudronnée seulement depuis 1960 - est la seule et unique liaison routière entre Cilaos et le reste de l’île. Connue sous le nom de « route aux 400 virages », son tracé est spectaculaire : Elle représente un moyen certain de mise en scène des paysages du cirque, des parkings ou kiosques aménagés sur son parcours permettant d’embrasser une vue grandiose. Ces points d’observation sont aussi les lieux de départ de sentiers de randonnée autorisant l’accès à certains ilets non raccordés à la route, tel Ilet Haut (2), depuis le kiosque qui surplombe le lieu-dit Le Pavillon (3).

Au-delà de l’attrait touristique, l’aménagement de la RN5 porte l’enjeu du désenclavement et du possible accès en voiture à un territoire que l’on ne pouvait atteindre qu’à pied jusqu’en 1932. L’ilet du Petit Serré (4), ancien lieu-étape qui apparaît au bas de l’image, est un héritage – tout comme le Pavillon et Peter Both, hors zoom - du temps où le trajet durait 16 h et nécessitait de ménager des haltes pour le déjeuner ou la nuitée. Il s’effectuait en chaise à porteurs depuis les hauteurs de Saint-Louis, sur le littoral.

Nombre de récits pittoresques décrivent la montée épique, empruntée par les riches familles allant « prendre les eaux » dans la cité thermale de Cilaos, les pieds suspendus dans le vide, transportées par les saint-louisiens ou cilaosiens qui se relayaient, suivis par une file de bœufs transportant les bagages. « A certains passages du sentier en corniche, sur les précipices du Cap Noir ou du Bras de Cilaos, le voyageur secoué et en équilibre instable recommande son âme à Dieu, c’est le moment où dans les descentes, les porteurs se mettent à courir, parfois le voyageur préfère alors marcher à pied, sous les moqueries de la caravane », relate le docteur Mac Auliffe, premier gestionnaire de la station thermale !

Des contraintes exceptionnelles

Le désenclavement apporté par la RN5 est cependant tout relatif : il faut environ 1h à 1h30 pour parcourir les 38 km qui séparent Cilaos de Saint-Louis, par cette étroite et vertigineuse route à deux voies, surplombant des à-pics profonds. Elle emprunte depuis Saint-Louis au Sud (5) la gorge du Bras de Cilaos dont on aperçoit le lit encombré de galets (6), pour traverser l’îlet du Petit Serré (4), longe la rivière, escalade le Cap Rouge (7) puis disparait sous un tunnel (8) donnant accès à l’Ilet Palmiste. De là, on la voit franchir le lit de la rivière par un radier pour déboucher au lieu-dit Le Pavillon (3), qui marque l’entrée du cirque, à la confluence entre les Grand et Petit Bras de Cilaos.

On ne peut ensuite qu’être frappé par l’allure acrobatique adoptée par cet ouvrage, escaladant une topographie qui s’élève toujours plus vers le Nord, en passant de 407 m au Pavillon à plus de 1.200 m au village de Cilaos. Le tracé en longs lacets étagés, témoigne des contraintes et des prouesses techniques qui ont dû être réalisées notamment pour se lancer à l’assaut du chaînon du Peter Both (1) à l’entrée du cirque. L’attention est attirée notamment sur le Pont de La Boucle (9), dont le curieux dessin rappelle les péripéties rencontrées lors des travaux qui ont duré cinq ans, de 1927 à 1932. Pour gagner du temps, le chantier a débuté par ses deux extrémités, l'un partant du Plateau des Etangs au bourg de Cilaos, l'autre de Saint-Louis. Mais au moment de relier les deux tronçons, les ingénieurs se sont rendu compte que ceux-ci ne tombaient pas l'un en face de l'autre... d’où la solution du pont effectuant une boucle de la route au-dessus d'elle-même !
 
Un axe vital soumis à de nombreux aléas

Cet ouvrage nécessite des aménagements constants pour maintenir sa pérennité. Depuis son ouverture à la circulation, le tracé a dû être modifié plusieurs fois, suite à des chutes de pierres, éboulements, glissements de terrain, inondations emportant une partie de l’infrastructure. Malgré l’entreprise de sécurisation engagée depuis des années par la Région, d’importantes sections restent soumises aux aléas naturels notamment en saison des pluies et période cyclonique. De façon tout à fait récurrente, le cirque se retrouve ainsi isolé du reste de l’île pendant plusieurs heures voire jours, le temps que se fassent les travaux de purge et de réparation des ponts et radiers.

L’enjeu de maintien de l’accessibilité et de prévention des risques demeure crucial pour cet axe vital pour la circulation des usagers - 2.000 à 3.000 véhicules/jour, 400.000 touristes par an - ainsi que pour l’économie du village et des ilets. D’importants travaux de contournement sont actuellement prévus en aval, au niveau de l’Ilet Furcy (hors image). Cilaos n’est donc plus un isolat, surtout depuis sa connexion à l’Internet haut débit en 2004, mais la perception d’un certain isolement par ses habitants, tend à fluctuer au gré des événements météorologiques, surtout dans les ilets les plus reculés.


La route aux 400 virages


Repères géographiques

ZOOM 2 : Ilet à Cordes, symbole de la capacité de résilience des ilets malgré l’isolement

La lentille de Cilaos, culture emblématique du cirque

« Mini » plateau d’environ 400 hectares, culminant à 1.130 m d’altitude (1) et séparé du bourg de Cilaos par plusieurs ravines (2), Ilet à Cordes fait partie de ces « bouts du monde » d’abord investi par les esclaves en fuite. Le nom de l’ilet rappelle que ces derniers se hissaient jusqu’ici par un jeu de cordes, délaissant les sentiers pouvant dévoiler les traces de leur passage aux chasseurs d’esclaves, dont le célèbre François Mussard, ayant arpenté le cirque durant tout le XVIIIe siècle.

Les divers coloris de marron orangé qui apparaissent à l’image sont les témoins d’un autre héritage, celui des parcelles agricoles patiemment aménagées par les « Petits Blancs » depuis plusieurs siècles. Ce n’est qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle que l’administration coloniale les laisse s’installer dans ces « espaces marginaux des Hauts, largement jugés hostiles, ingrats et de très faible intérêt agricole » selon Thierry Simon. Les sols nés dans les conditions d’érosion décrites précédemment sont en effet pauvres et instables. Lessivés par les eaux, ils se réduisent bien souvent à de minces étendues parsemées de galets de toutes tailles. Ces plateformes sèches et caillouteuses seraient incultivables sans la fertilité exceptionnelle des débris volcaniques qui les composent et les captages effectués sur les ruisseaux en amont, permettant l’irrigation des champs, à partir de citernes de stockage (3). Les terres nécessitent donc d’être épierrées, les matériaux ainsi récoltés étant réorganisés en petites pyramides ou banquettes anti-érosives qui séparent les parcelles et bordent les chemins.

C’est ici qu’est cultivée la lentille, ramassée à la main, élément incontournable du patrimoine cilaosien, présent aussi à Bras-Sec et Palmiste Rouge. La production totale qui oscille entre 80 et 100 tonnes, s’étend sur une centaine d’hectares au total et concerne une centaine de producteurs. A priori, la lentille de Cilaos n’aurait pas de quoi concurrencer l’une de ses homologues métropolitaine, produite dans des conditions similaires, sur les hauts plateaux volcaniques du Puy-en-Velay : bénéficiant d’une AOC, « lentilles vertes du Puy », cette dernière concerne 653 producteurs, sur un peu plus de 3.000 hectares pour une production totale de 4.000 à 5.000 t en moyenne. Quoiqu’il en soit, l’ « or de Cilaos », demeure une denrée prisée des Réunionnais - ingrédient essentiel du plat traditionnel, le cari - se négociant autour de 12-15 voire 20 € le kilo. Un prix élevé qui fait que l’on ne trouve en réalité cette qualité de lentilles que sur les meilleures tables. L’Association des producteurs de lentille de Cilaos - l’APLC - travaille actuellement sur un projet d'Indication Géographique Protégée - IGP.

C’est autour de cette activité principale que se concentrent la population et l’habitat composé de cases « tomi » en dur, chapeautées d’un toit en tôles. La présence de l’école, de la mairie annexe (4) et d’un équipement hydraulique sur ces terres dépourvues de cours d’eau explique sans doute ici une concentration de l’habitat - 470 habitants - qui contraste avec le vide des ilets situés à l’Ouest, en rive droite du Bras de Saint-Paul (Ilet du Grand Coude, Ilets du Bras de Saint-Paul, Ilet Sonjes, llet Sources). Les friches qui les envahissent produisent un effet de camaïeu de vert à l’image, témoignent de leur abandon progressif au profit de l’Ilet à Cordes, raccordé au village de Cilaos par la route (5) depuis 1973. En ce qui concerne Ilet à Cordes, le tourisme (tables d’hôtes, gîtes) s’impose désormais comme une nouvelle source de revenus pour les habitants.

L’originalité d’un vignoble tropical niché à 1200 mètres d’altitude

Il est possible de distinguer, accolées à la plupart des cases, des treilles (tâches en marron plus sombre (6)) sur lesquelles grimpent les vestiges du fameux cépage Isabelle (Vitis Labrusca) dont la culture fut interdite à la Réunion en 1975. La tradition du vignoble reste pourtant profondément ancrée dans le cirque, où il s’étend sur 13 hectares, une partie de la production se trouvant ici à Ilet à Cordes. Le climat est a priori peu favorable, c’est pourquoi les raisins sont récoltés en janvier-février avant même d’être vraiment mûrs par crainte des grosses pluies et des cyclones en février-mars, ce qui laisse présager a priori un vin de piètre qualité. Il fait néanmoins l’objet d’un travail minutieux : le ramassage des raisins est fait à la main.

Il s’agit à l’origine, d’une vigne de peu de valeur introduite par les premiers colons. Le cépage Isabelle, utilisé aussi en métropole dans les Cévennes et les Alpes-Maritimes a été mis à l’index dès 1935 dans l’hexagone, tout comme cinq autres du même groupe, officiellement pour des raisons sanitaires. Le vin qui en est issu est accusé à l’époque de rendre fou ou aveugle, en raison de la trop grande production de méthanol lors de la fermentation. On prétexte aussi son « goût détestable », un goût dit « foxé », le terme venant de fox, renard en anglais, rappelant celui de la mixtion de l’animal. Selon les historiens, il s’est agit en réalité d'enrayer la surproduction de vin sévissant dans tout le pays, la très bonne résistance de ces cépages aux maladies telles l’oïdium, le mildiou ou le phylloxéra, les rendant trop concurrentiels en période de surproduction. Les nombreux petits paysans cultivant leur lopin dont ils extrayaient un vin destiné à la consommation personnelle, n’écoulaient pas assez les surplus nationaux (95 millions d’hectolitres venant des autres régions et d’Algérie dans les années 1930), d’où la prohibition. Le décret a été abrogé en 2003 mais remplacé par une interdiction de vente dans la législation européenne. A Ilet à Cordes et ailleurs dans le cirque, des passionnés continuent néanmoins à produire un tel vin, dénommé « Vin de Cilaos », vendu de façon informelle au domaine, souvent sans étiquette !

La pratique viticole connaît toutefois une mutation depuis la fin des années 1980 sous l’impulsion de l’INRA et du CIRAD : une dizaine d’agriculteurs regroupés en coopérative ont l’ambition de mettre en place une viti-viniculture commercialisable avec l’aide de subventions étatiques et européennes. La création de la coopérative du Chai de Cilaos en 1992, correspond à l’implantation des premiers cépages « nobles » dans le cirque : chenin blanc, verdelho, gros manseg, malbec, pinot noir, gamay et syrah. De telles parcelles sont visibles dans les ilets agricoles situés au nord-est d’Ilet à Cordes, comme celui du Coteau des Orangers (7) ou disséminées sur toute la surface agricole d’Ilet à Cordes. La recherche d’un cépage qui corresponde parfaitement au milieu est encore en phase d’expérimentation, principalement dans les ilets de Bras Sec et Palmiste Rouge situés plus à l’Est. Les cyclones s’avèrent toutefois être un véritable fléau pour ce vignoble, pouvant détruire comme en février 2022, 80 % des raisins. Dans les bonnes années, le Chai de Cilaos commercialise 30.000 bouteilles sous le label « Vin de pays de Cilaos » depuis 2004. C’est l’un des points d’attraction du bourg de Cilaos situé sur le plateau des Etangs.


Ilet à Cordes


Repères géographiques

ZOOM 3 : Cilaos, un village-bourg des Hauts en quête d’identité et d’attractivité

Un petit centre urbain né de fonctions thermales

La plupart des ilets du cirque se réduisant à des parcelles agricoles entourant des hameaux, une école et une mairie annexe, seul le « village » de Cilaos affiche l’allure d’un petit centre urbain. Dénommé « Centre-bourg » ou Ilet du Centre dans les statistiques, il s’étend sur deux mini-plateaux étagés ou ilets reliés entre eux par la RN5 : au Nord le plateau des Etangs (1) dont les 3 plans d’eau qui lui donnent son nom se détachent nettement ; au Sud, situé plus d’une centaine de mètres en contrebas : Mare Sèche (2).

Le village doit son développement à la découverte fortuite d’une source d’eau chaude par un habitant du village, en rive droite du Bras des Etangs (3), à peine perceptible à l’Ouest. L’activité lancée d’abord de façon rudimentaire en 1815, dans des baignoires naturelles creusées à même la ravine, se pratique à partir de 1895, dans le premier établissement thermal que l’on reconnait à proximité de la rivière, à la parcelle défrichée qui l’entoure (4). La station doit son succès à la pratique consistant à « changer d’air » et « prendre les eaux », apanage de l’élite bourgeoise des Bas, fuyant périodiquement le littoral impaludé et écrasé de chaleur en été. En comparaison, la station de Cilaos, située à plus de 1.200 m d’altitude offre des températures relativement fraîches - entre 19°C en janvier et 11 °C en août en moyenne. Cette première construction est en réalité réduite aujourd’hui à l’état de friche, un violent cyclone ayant enseveli la source principale sous 3 m de gros blocs rocheux en 1948 et mis brutalement fin à l’activité.

Le nouveau bâtiment anticyclonique, qui se détache nettement par sa blancheur, en lisière de forêt au Nord (5) est de construction récente (1987). Il n’a pu sortir de terre que suite au combat acharné du maire de la commune auquel il doit son nom (Irénée Accot, 1965-1987) et aux travaux de captage profonds entrepris par le Conseil général, pour retrouver la source. Les eaux thermales actuelles, issues du massif du Piton des Neiges, proviennent des sources Véronique et Irénée captées au niveau de l’ancien établissement (4). Elles servent également à la fabrication d'une gamme de produits cosmétiques biologiques ainsi que d’eau minérale gazeuse - l’eau de Cilaos distribuée sur toute l’île – dont l’usine d’embouteillage se trouve en contrebas des thermes Irénée Accot (6).

La fréquentation qui s’élève à 500 curistes/an pour une capacité d’environ 800 places selon le Conseil Départemental, est à 90 % d’origine insulaire. Des travaux de modernisation ont été entrepris en 2017 pour en améliorer l’attractivité, notamment pour les touristes ou visiteurs hors département : jacuzzi de 6 places, baignoires à jets massants, relooking de l’espace d’accueil…, etc. mais tout agrandissement reste impossible : le bâtiment étant implanté comme on le voit au pied du plateau des Chênes (7), il est soumis à d’importants glissements de terrain et apparaît donc comme zone à risque dans le dernier PPR - Plan de Prévention des Risques. L’impraticabilité régulière de la RN5, étudiée précédemment, pèse probablement sur cette fréquentation dont l’avenir dépend des travaux en cours.

Polarisation et dynamiques socio-démographiques d’un village de montagne

Le Centre-Bourg ou Ilet du Centre bénéficie toutefois du statut communal octroyé à tout le cirque et acquis de haute lutte en 1965 – la commune de rattachement, Saint-Louis, ayant longtemps souhaité conserver la station thermale dans son giron. C’est ici que se sont concentrées les principales infrastructures administratives, commerces et services sanitaires, sociaux, éducatifs et sportifs du cirque. L’Ilet du Centre polarise en effet 60 % de la population et plus de 50 % des équipements de toute la commune dont les limites coïncident avec le haut des remparts.

Son attractivité contraste néanmoins avec son atonie démographique replacée dans le contexte de l’île. La faible densité, les parcelles enfrichées, non bâties voire agricoles visibles au cœur même de la petite agglomération, témoignent du peu de dynamisme de la construction immobilière. Alors que la population réunionnaise ne cesse d'augmenter, passant de 706.300 habitants en 1999 à 861.200 habitants en 2019 soit une augmentation de près de 22 % en l’espace de 20 ans, celle de la commune de Cilaos a diminué : - 11 % depuis 1999, 75 % de cette perte étant localisée dans l’Ilet du Centre. Le faible solde naturel (0,8 %) ne parvient en effet pas à compenser le déficit migratoire (- 2,1 %), ce qui contribue au vieillissement. Les personnes âgées de plus de 60 ans représentant aujourd'hui 18 % de la population communale.

La faible densité observée est accentuée par le phénomène de vacance résidentielle mais aussi commerciale qui progresse au rythme de 19 % chaque année dans le Centre-Bourg. Dans l’unique collège du cirque, situé au centre de l’agglomération (8), le nombre d’élèves a presque été divisé par deux en 30 ans passant de 650 dans les années 1990 à 354 en 2019. Cette situation reflète celle de l’ensemble du territoire communal, la perte de population s'accompagnant de la fragilisation des ménages, qui place Cilaos parmi les communes les plus précarisées de l'île de La Réunion : 70 % des ménages vivent avec moins de 977€/mois. La faible proportion de population disposant d'un diplôme et le fort taux de chômage dans le cirque (50 %) contribuant encore à accroître les difficultés.

Si malgré tout, Cilaos demeure le plus peuplé et plus dynamique des 3 cirques, sur le plan économique, il s’agit pour la municipalité de trouver un levier de développement efficace. Cilaos semble vouloir tirer parti de la crise qui affecte le tourisme littoral en raison du risque requin, occasionnant un redéploiement des flux touristiques et de loisirs vers les Hauts. Un redéploiement largement soutenu par l’IRT (Ile Réunion Tourisme, comité régional de tourisme) et ses campagnes d’affichage publicitaire mettant à l’honneur les attraits de l’intérieur montagnard, à travers le slogan « île intense, île à grands spectacles, île à sensations ». Il s’agit dans le même temps de se distinguer des îles voisines, Seychelles et Maurice dont les plages de sable blanc, le lagon plus étendu et moins dangereux, satisfont davantage à l’imaginaire touristique de l’île tropicale.

Un fort enjeu : attirer des flux touristiques par la valorisation du patrimoine et la labellisation

Selon les estimations de la mairie et de l’office de tourisme de Cilaos, le cirque bénéficie d’une attractivité certaine et incontestée puisqu’il est fréquenté annuellement par environ 400.000 touristes non-insulaires, ce qui correspond grosso modo au flux de touristes comptabilisés à l’arrivée à l’aéroport Rolland Garros (Saint-Denis, chef-lieu de l’île). Ceci suppose donc que quasi tous les touristes à destination de La Réunion visitent le cirque. Le défi consiste à diriger ces flux, au-delà des espaces de nature, vers les structures d’hébergements et restauration marchands présents sur le territoire cilaosien.

Le bourg s’efforce de mettre en valeur les fleurons de son patrimoine, à commencer par une technique originale de broderie mise à l’honneur à la Maison de la Broderie (9) au centre du bourg. Ce sont les filles du docteur Mac Auliffe, premier médecin à s'installer dans le cirque de Cilaos, qui apprirent aux filles du village la technique des "jours", avec des modèles venus de métropole. Ces ouvrages, à l'époque peu rémunérés, sont désormais des pièces de collection.  

L’effort passe aussi par les projets visant à améliorer l’attractivité du bourg, à l’exemple de l’exploitation du label « Village Créole », dont Cilaos bénéficie depuis 2002. Ce Label défendu par 12 communes et 139 professionnels du tourisme à La Réunion a pour objectif de proposer une découverte des Hauts de la Réunion basée sur « l'authenticité » de sa nature, de sa culture et de son patrimoine. Chaque village possède sa propre signature, lui permettant d’affirmer son identité. On pourrait objecter toutefois, que la signature cilaosienne – « Eau et montagne », paraît peu à même de rivaliser avec celle plus « exotique » des autres villages (« Les Makes : La nuit des étoiles », « Entre-deux : Jardins et cases créoles », « Bourg-Murat : Vivre aux portes du volcan », « Plaine des Grègues : Terre d'épices », « Saint-Philippe : Parfum de basalte »…).

La thématique choisie n’est pourtant pas dénuée de sens : elle fait référence pour commencer aux eaux thermales et aux plans d’eau qui se détachent au cœur du bourg. La Mare à Joncs (10) a ainsi été transformée en espace de loisirs sur lequel on peut se déplacer en kayak, pédalo, ou petit bateau à moteur, le tout mis en valeur par des jets d'eau. La thématique « montagne » quant à elle, s’incarne dans les sommets et parois qui dominent le cirque ainsi que les multiples chemins de randonnée rayonnant à partir du nord du village, faisant l’objet d’une signalétique mise en place par l’office du tourisme. Ces chemins sont doublés par les nouveaux circuits de VTT aménagés par l’Office National des Forêts en 2021.

La limite du projet réside probablement dans le peu d’adéquation de beaucoup de constructions avec la notion de « village créole ». Si ce caractère est bien conservé dans le cirque voisin de Salazie - le village de Hell-Bourg étant par exemple classé parmi les 157 plus beaux villages de France, ici la plupart des bâtiments que l’on aperçoit sont en béton, fruit de la « frénésie » de développement des années 1960, matériau qui n’entre aucunement dans la composition de la case créole traditionnelle en bois. On ne peut que constater par ailleurs, l’état de délabrement de certains fleurons du patrimoine du bourg, c’est le cas de l’hôtel des thermes (9) qui tombe en ruine, derrière l’église Notre-Dame-des-Neiges (11). Le voyant mal entretenu, concurrencé par l’apparition de gîtes et nouveaux hôtels, une commission de sécurité avait décidé de sa fermeture en 1998. Le géographe Defos du Rau pointait déjà ses défauts dans les années 1950 : « on s'est inspiré, [écrit-il], d'un grand hôtel de Dakar, sans penser, apparemment, que Cilaos est à 1.200 mètres d'altitude : on y gèle une bonne partie de l'année, sur des carrelages luxueux, auprès d'immenses baies vitrées et, avec des dimensions fastueuses, il n'y a que vingt chambres. ». Après moultes péripéties, l’endroit a fini par trouver repreneur en 2021, (le groupe Dina Morgabine) après plus de 20 ans de fermeture.

Cela rappelle que la gestion du patrimoine bâti s'avère complexe lorsqu’il se trouve dans un périmètre de protection, c’est le cas de cet hôtel, situé à proximité de l’église classée aux Monuments Historiques en 2000. Cela explique la raison, pour laquelle, le Conseil général, propriétaire du bâtiment a autant peiné à trouver des investisseurs acceptant d’être contraints par cette législation. Quant aux propriétaires privés des cases créoles, les frais de rénovation qui doivent être avancés s’avèrent souvent trop coûteux. Un premier bilan de l’opération « Villages Créoles », réalisé par l'équipe de l'IRT en 2013, montre le décalage entre les attentes visant à impulser une réelle dynamique touristique et les réalités du terrain.

On notera toutefois, que d’après les données statistiques de 2017, la commune de Cilaos est avec 1.627 lits, la 3ème commune de l’île en nombre de lits marchands. Elle se classe ainsi juste après les communes littorales de Saint-Paul (5.108 lits) et Saint-Pierre (1.665 lits), qu’elle talonne. Cette capacité d’hébergement est de plus diversifiée, ce qui constitue l’un de ses points forts : 7 hôtels dont 2 hôtels 3* (11) et 1 hôtel 4*, sans compter le camping (13), les gîtes, chambres d’hôtes, meublés, locations saisonnières et un Village de vacances (14) composé de 38 bungalows. Le taux de remplissage de l’ensemble de ces hébergements étant estimé à 70 % en moyenne, la commune est à la recherche d’autres approches afin d’augmenter son attractivité touristique mais également résidentielle, tout en impulsant un développement local.

Un nouveau projet de territoire pour la commune de Cilaos

Cilaos fait désormais partie des 11 communes de La Réunion retenues pour le projet Petites Villes de Demain en 2020. Ce dispositif s’inscrit dans le cadre du renouvellement de l’aménagement du territoire national, impulsé par le ministère de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales et piloté par l’ANCT, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (organisme qui a remplacé le CGET, ex – DATAR). Il manifeste une volonté de redéploiement des politiques gouvernementales en faveur de la ruralité, via l'agenda rural. Ce dernier vise à favoriser le développement des territoires ruraux et améliorer la vie quotidienne de leurs habitants. Le programme Petites Villes de  Demain s’adresse tout particulièrement aux petites communes urbaines de moins de 20 000 habitants exerçant des fonctions de centralité, afin de leur permettre de mettre en œuvre leurs projets de revitalisation et conforter leur rôle structurant.

Il s’agit concrètement, pour l’Etat de les accompagner dans des trajectoires de développement local, respectueuses de l’environnement en s’appuyant sur les acteurs locaux. Dans le contexte d’une tendance à la polarisation du territoire français par les grandes villes, qui se traduit à La Réunion par la concentration du dynamisme urbain à Saint-Denis, Saint-Paul et Saint-Pierre et la tendance au dépeuplement des Hauts, se manifeste donc ici une volonté d’éviter la marginalisation des petites communes urbaines. La commune de Cilaos est en effet incluse dans la Communauté Intercommunale des Villes Solidaires - CIVIS qui est une communauté d'agglomération polarisée par la commune de Saint-Pierre. Cette dernière, avec ses 84.212 habitants regroupe 47 % de la population de l’intercommunalité, Cilaos avec ses 5.456 habitants ne pesant que 3 %. Le principal frein au développement de la commune de Cilaos réside dans son enclavement relatif et la faiblesse des services offerts à la population, situation peu à même de retenir la jeunesse : on peut rappeler ici l’absence de lycée, qui oblige les élèves à être hébergés en internat sur le littoral dès l’âge de 15 ans.

Dans le cadre du programme Petites Villes de Demain, il est question d’implanter dans le village de Cilaos, un « pôle d’échange multimodal » sous les traits d’une gare routière qui offrirait toute une gamme de service aux usagers tout en répondant à des impératifs de durabilité : location de vélos et véhicules électriques, création de nouveaux espaces de stationnement et parkings relais. L’attention portée à l’environnement s’incarne également dans le projet de création d’une maison de la biodiversité et d’une nouvelle déchetterie. L’un des aspects essentiels de l’opération s’articule en outre sur toute la commune autour d’un PAT - Projet Alimentaire Territorial. Il vise à installer de nouveaux agriculteurs, initier des pratiques culturales plus respectueuses de l’environnement, créer une ferme pilote pour alimenter les cantines scolaires et structures touristiques. Le volet loisirs comporte quant à lui la modernisation de l’actuelle piscine (15), qui doit être couverte et aménagée en pôle aquatique. En termes d’attractivité, la commune peut en outre toujours miser sur l’image apportée par la proximité du Piton des Neiges.


Cilaos


Repères géographiques

ZOOM 4 : Le Piton des Neiges, « toit de l’océan Indien »

L’image laisse entrevoir l’un des paysages les plus sauvages des Hauts : les crêtes sommitales du Piton des Neiges, point culminant de l’île de La Réunion voire de l’océan Indien selon certains à 3.070 m (1).  Il doit son nom, non pas aux neiges qui restent ici exceptionnelles, mais aux cristaux de glace qui l'habillent souvent durant l’hiver austral.
 
Son ascension réputée difficile - avec 1.700 m de dénivelé sur 7 km ! - débute (hors image) au Nord du village de Cilaos, au niveau du parking du « Bloc » situé à 1.380 m d’altitude. C’est l’endroit où étaient provisoirement attachés les fugitifs rattrapés par les chasseurs d’esclaves, l’instrument qui permettait de leur « bloquer » les mains et la tête ensemble se nommant ainsi. Il s’agit d’abord, en empruntant le GR R1 (2) de traverser la forêt du Grand Matarum au Sud, longer le Plateau du Petit Matarum, sur lequel on voit se détacher nettement les reboisements en cryptomérias du Japon, puis franchir le très vertical rempart Est qui se perd dans l’ombre de l’image (près de 437 m de dénivelé sur 450 m de distance environ, soit une pente de 95% !). Le haut du rempart est signalé par un petit oratoire (3), lieu où se croisent les GR R1 et R2. Ce dernier (4) en provenance de la plaine des Cafres au sud de l’île, et qui longe le coteau Kervéguen, constitue l’un des autres chemins d’accès au Piton des Neiges ainsi qu’un point d’entrée dans le cirque de Cilaos par l’Est.

Situé à 2.470 mètres d’altitude, le refuge de la Caverne Dufour (5) est doté d'une capacité de 48 lits disposés dans 4 dortoirs et 16 places en bungalows (tentes militaires). Les deux tâches blanches qui le surplombent sont les citernes d’eau (6) permettant de l’alimenter. Les plus aguerris n’y font qu’une halte, les autres y passent une courte nuitée qui doit se terminer tôt - 3-4 h du matin - sous peine de ne pas bénéficier d’une vue dégagée au sommet. On aperçoit en effet, en haut de l’image, les nuages qui peuvent venir barrer la vue panoramique. Il faut laisser au niveau du gîte le GR R1 qui se poursuit vers le Nord-Est en direction du cirque de Salazie (7) pour entamer vers l’Ouest, le Sentier du Piton des Neiges (8), partie la plus éprouvante de cette randonnée. Le chemin composé de gros blocs de lave, traverse deux talwegs qui ne sont autres que les ruisseaux qui se rejoignent pour former la Rivière du Mât, exutoire du cirque de Salazie, mais aussi le nom d’une des plus grandes marques de rhum réunionnais !

Là s’amorce alors un changement de décor avec la disparition de la végétation à partir de 2.500 m d’altitude, l’apparition des lapillis - des gravillons volcaniques - sur le chemin et de l’oxyde de fer présent dans les laves anciennes qui donne au sol ses teintes de rouille caractéristiques. Le sentier finit par s’incurver vers le Sud, signalant l’arrivée sur la crête. On peut distinguer en zoomant sur l’image, de curieuses formes circulaires en pierre, témoins de l’anthropisation de ces hautes marges. Ces minuscules enclos à taille humaine sont destinés à couper du vent froid les téméraires qui ont passé ici la nuit en attendant le lever du soleil. A cette altitude, la température peut en effet descendre en dessous de 0°C. La vue panoramique, lorsqu’elle est dégagée, est réputée spectaculaire : à ses pieds, Cilaos et la quasi-totalité de l’île de la Réunion.


Le Piton des Neiges


Repères géographiques

Images complémentaires

Images complémentaires du cirque de Cilaos

Sentier du Grand Benare et Maïdo

Le cirque de Cilaos dans son cadre régional

Sentier du Grand Benare et Maïdo

Rempart du Dimitile, Camp Marron et Ilet à Calebasse

 

 L’ile de La Réunion

D’autres ressources

Articles

Dalama Marie-Gisèle, « L'île de la Réunion et le tourisme : d'une île de la désunion à la Réunion des Hauts et Bas », L’Espace géographique, 2005/4 (Tome 34), p. 342-349.
URL : https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2005-4-page-342.htm

Jean Defos du Rau, « Un cirque des Hauts de la Réunion: Cilaos », Les Cahiers d’outre-mer, n° 35, juillet - septembre 1956.

Anne-Laure Dijoux, « La « vallée secrète » à La Réunion. Un refuge extrême pour les esclaves « marrons » caractérisé pour la première fois par l’archéologie », Archéopages [En ligne], 38 | 07/2013
http://journals.openedition.org/archeopages/491

Christian Germanaz, « Sur les pas de Jean Defos du Rau : Cilaos (1956-2008) », Les Cahiers d’Outre-Mer, 245 | 2009, 35-59.

Christian Germanaz, « Au bout du monde, l’ilet. Les Carnets du paysage », Actes Sud/ École Nationale Supérieure du Paysage, 2008, pp.99–111.

Thierry Simon and Jean-Cyrille Notter, “Les « îlets » : enjeux pour un « archipel » au cœur de la Réunion”, Les Cahiers d’Outre-Mer, 245 | 2009, 111-122.

Aurélie Tossem, « Les cirques de La Réunion, un territoire touristique en devenir : questionnements et enjeux », thèse de géographie, Université de la Réunion, 2016.

Sitographie

Atlas des paysages de La Réunion
http://www.atlasdespaysages-lareunion.re/page1.php?id_chapitre=102

CIVIS – Site de l’intercommunalité
https://www.civis.re/cadre-de-vie/664-le-recensement

Site pédagogique du Parc National de La Réunion
« Découvrir Cilaos depuis le point de vue de la fenêtre des Makes »
https://pedagogie.ac-reunion.fr/fileadmin/ANNEXES-ACADEMIQUES/01-SERVICE...

Plan de prévention des risques de Cilaos (2011)
http://www.reunion.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_PPR_Cilaos.pdf

Projet de Territoire Ville de Cilaos
https://www.projet-territoire-cilaos.fr/
 
Sur le site Géoimage : La Réunion

Jean-Paul Benteux : Le nord-est de La Réunion : un espace cannier en phase de périurbanisation
https://geoimage.cnes.fr/fr/le-nord-est-de-la-reunion-un-espace-cannier-...

Carole Ognard : La Réunion - Le Piton de la Fournaise : un volcan très actif, « haut lieu » du patrimoine réunionnais
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/le-piton-de-la-fournaise-un-volcan-...

Nicolas Brunel : La Réunion - Le Port : une agglomération, un système portuaire et un territoire en mutations
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/la-reunion-le-port-une-agglomeratio...

Contributeur

Contributrice : Mylène Courtial, agrégée de géographie, classes préparatoires aux grandes écoles, section littéraire, lycée Leconte de Lisle, Saint-Denis (Réunion)

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